Mon « j’aime » du Corona

Au moment où j’écris cet article, en Allemagne pendant le week-end de Pâques, on parle beaucoup de scénarios de déconfinement. Ici, le nombre de malades et de morts n’a pas encore explosé, les mesures de distanciation sociale semblent avoir été prises suffisamment tôt, l’épidémie peut sembler sous contrôle. Dans le Spiegel, ils imaginent une reprise des cours pour les plus grands, capables de respecter les gestes barrière, et la réouverture de certains commerces. Or en lisant cela, très bizarrement, j’ai eu un petit pincement au cœur, un petit réflexe de : « Oh non pas déjà » qui m’a, moi la première, sincèrement étonnée. Il y aurait donc du bon à la période actuelle ?

Je vous ai déjà expliqué avoir droit à un accueil d’urgence. Il est ouvert tous les jours de 9h à 15h. Et c’est à la fois trop peu et parfait. Trop peu pour mes journées de travail qui débordent de tous les côtés évidemment. Parfait pour le reste : le matin, je n’ai plus aucune raison de presser mes enfants. Ils se lèvent généralement vers sept heures, nous sommes larges pour nous préparer en douceur au départ – rien de sert de courir, le jardin d’enfants n’ouvrira pas ses portes plus tôt pour nous. Nous savourons ensuite le luxe de faire nos trajets à vélo. Ici ce n’est pas interdit, et les rues sont vides de voitures, un régal. J’arrive généralement juste à temps à 15 heures. Sur le chemin du retour, mon cadet somnole dans le siège bébé. A la maison, je leur donne le goûter. Et puis on joue, on profite du balcon. Il n’y a plus aucune activité, plus de cours de musique, plus de rencontres entre français, plus aucune raison de ressortir. Tout se fait plus lentement, sans doute plus à leur rythme, le dîner est prêt tôt.

J’écoutais récemment une émission sur les couples au temps du Corona. L’expert interrogé prédisait la séparation de certains mais surtout et plus fréquemment, le rapprochement des autres. Sa théorie : lorsque l’extérieur est dangereux, on se recentre sur l’intime, les très proches. Je le ressens aussi comme ça avec mon mari. Il y a encore mille petites choses qui m’agacent dans son comportement, mais je n’ai pas le cœur à lui faire des reproches et nous ne nous disputons pas. Plus que jamais je nous vois sur le même bateau, comme une équipe qui n’a pas le droit de faillir. Paradoxalement d’ailleurs, il me soutient énormément, sans doute plus que d’habitude. Et puis l’avantage du confinement, c’est que nous passons beaucoup de temps à deux, avec très peu d’occupations : l’occasion de discuter à bâtons rompus sur beaucoup de sujets. Enfin, le Corona, c’est un peu son sujet, celui de son métier, et j’aime découvrir un peu mieux à travers ses explications cette partie de sa vie.

Je me définis comme quelqu’un de plutôt sociable : j’aime sortir le soir, faire des rencontres, parler et danser. Pourtant, au moment d’annuler tous les rendez-vous, toutes les sorties dans mon calendrier, j’ai ressenti une espèce de soulagement. J’aime l’idée de ne plus avoir d’obligations qui portent si bien leur nom, je m’en sens par certains côtés libérée. Et puis, le confinement, c’est aussi l’occasion de tester d’autres activités : avec quelques copinautes, j’ai découvert un jeu en ligne, nous nous amusons énormément comme ça, il faudrait m’entendre éclater de rire derrière mon clavier !

Je me rends compte que je n’ai jamais été aussi attentive à mon quartier. Je peux désormais vous dire très précisément, à cette période de l’année, quel arbre a déjà fleuri et lequel s’apprête encore à le faire. J’observe les habitudes de mes voisins sur leur balcon, ce vieux couple qui partage une bière tous les jours vers 18 heures. J’aime cette nouvelle intimité que je crée avec mon environnement le plus proche.

Enfin, je ne peux pas écrire trois articles sur le thème du Corona sans parler du télétravail qui rythme mes journées. J’aime mes collègues, j’aime mon bureau, et ils me manquent sincèrement. Les vidéoconférences qui s’enchaînent abîment mes yeux et ma voix. Pourtant, je dois le reconnaître, le télétravail a un côté douillet qui me fait espérer, au sortir de cette crise, le voir intégrer mon quotidien à petite dose. Travailler en chaussons, pouvoir s’octroyer une vraie pause déjeuner dans sa propre cuisine, rester disponible pour les livraisons et sa maison font partie des choses que j’apprécie. J’ai mis du temps à prendre mes marques dans cette nouvelle organisation. Mais depuis que j’ai installé mon petit bureau à l’étage, j’arrive assez bien à séparer mes activités et je ne crois pas que le télétravail nuise à ma productivité.

Bon mais alors finalement qu’est ce qui me manque de ma vie d’avant ? Les sorties, mais pas forcément mes sorties « mondaines », plutôt celles que je pouvais faire avec mes enfants : au parc, au zoo ou des sorties plus simples : pour flâner en ville l’après-midi et manger une glace en terrasse par exemple. Et évidemment, douloureusement, nos séjours très réguliers en France.

Et toi, tu as réussi à trouver de bons côtés au confinement ?

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9 Comments

  • Madame Colombe

    27 avril 2020

    Merci pour votre chronique. Je partage également votre vision des choses. Dans cette société complètement folle, le Corona et le confinement qui en découle nous permettent en quelque sorte de faire un pas de côté. Depuis quelques années, je te rêvais de télétravail, et c’est chose faite. Après le confinement, notre direction a décidé qu’il serait encore poursuivi quelques semaines. Toutes mes collègues sont déçues, sauf moi. Je prends conscience qu’en plus de m’épargner l’heure et demie de trajet quotidien, cette parenthèse me permet de profiter de mon mari ( lui aussi en télétravail) et de mes deux chats( leur journée type n’a plus de secrets pour moi).
    En fait, ce qui me manque le plus, c’est de ne pas pouvoir faire une balade en vélo, ne pas pouvoir sortir sur un coup de tête en ville , et de ne pas voir mes parents comme je le voudrais. Et le cinéma et les musées, bien sûr !
    Pour le reste, je m’adapte. Il y a tellement de gens plus malheureux !!

  • Virg

    27 avril 2020

    En te lisant, j’ai envie de te dire : bienvenue dans mon monde ! Hormis les sorties clientèle, je travaille à domicile. Toutefois, c’est ce qui me fait pleinement mesurer l’envers du décor, qui dit confinement, dit privation de sortie « libre ». Je vivais en appart, nous sommes partis à la campagne parce que je devenais claustrophobe à force de rester entre quatre murs. Heureusement, c’est encore le cas.
    En revanche, mon mari étant absent habituellement du lundi au vendredi, c’est un plus énorme de l’avoir à la maison. Le télétravail n’a pas amoindri ses journées (7h30 17h30 voire 18h) mais il est là 😉
    Quant à ma fille, ça m’inquiète un peu qu’elle reste à la maison, dans le sens où nous ne pouvons clairement pas passer de temps de qualité avec elle la semaine. Toutefois, mon activité etant de fait réduite par l’ami Corona, je fais de plus petites journées. Au levée de la sieste, nous pouvons sans problème toutes les 2 partir en balade, ou faire une activité manuelle, ou traîner. Ça a beaucoup renforcé notre complicité. Pi elle est chou ma fille <3

  • Rosa Evril

    27 avril 2020

    Je te rejoins sur tous les points ! Je vois finalement des avantages à cette situation qui m’angoissait tellement au début… Ca m’a permis aussi de me recentrer sur l’essentiel, et ce qui me manque le plus ce n’est pas le shopping c’est voir ma famille et la mer. Bon courage pour la fin du confinement et la reprise 😉

  • Azu

    27 avril 2020

    Perso, j’ai un peu honte de le dire, mais comme je ne suis pas extrêmement sociable, surtout professionnellement (perso et pro ont toujours été très séparés), j’adore le télétravail. Je reste quand même en contact avec mes collègues, grâce aux mails, messagerie instantanée Lync et Teams. Mais autrement je suis ravie de pouvoir organiser mon temps comme je le veux. C’étais déjà un peu le cas, mais là je n’ai personne pour me dire que non je ne peux pas aller faire des courses à 15h ou regarder un épisode de série haha. Bref, perso pour moi c’est la belle vie côté pro.

  • Sarah

    27 avril 2020

    De mon côté je ne vois que des avantages à la situation.
    Le télétravail c’est le top, je suis bien plus efficace et étant un poil introvertie ça m’arrange de ne pas voir les gens.
    Pareil pour les sorties je n’ai pas à trouver d’excuse bidon pour ne pas y aller et paradoxalement on n’a jamais fait autant de video call avec nos amis.
    Je mange chez moi des petits plats bien plus sains qu’au boulot et sans devoir constamment lutter contre les gâteaux apportés par les collègues.
    Ca m’a forcé à aller faire le tour des producteurs locaux pour limiter les contacts des supermarchés et acheter des légumes et fruits de chez moi.
    Le bonheur de ne plus entendre le bruit des voitures quand j’ouvre mes fenêtres le matin, et de voir bien plus d’oiseaux dans les arbres !
    Bref, je pourrais rester comme ça encore quelques semaines 😀

  • Madame Fleur

    27 avril 2020

    Je te rejoins totalement. Si le fait de ne pas pouvoir voir ma soeur, mes neveux, aller au parc et rendre visite à mes parents n’était pas si douloureux, la situation me pèserait un peu moins.
    J’ai découvert le télétravail pendant ma grossesse et franchement, on espère mon mari et moi pouvoir garder une journée chacun une fois le rythme de travail repris 🙂
    Parce que comme tu dis c’est bien pratique de pas être pressée le matin et de pouvoir lancer une lessive ou vider le lave vaisselle quand tu le souhaites et pas au milieu du tunnel du soir.
    Nous on s’est découvert de nouvelles façons de vivre et ça nous a permis de plus rencontrer nos voisins de résidence !
    Et comme toi j’ai redécouvert mes plaisir des jeux en lignes et je fais nettement plus de visio avec nos potes

  • Virg

    27 avril 2020

    En lisant les comm, je me rends compte que le plus dur, c’est la privation de la famille. C’est aussi ce qui me pèse le plus, je m’inquiète pour eux. Comme quoi, internet, c’est bien pour le pro mais n’enlève en rien l’importance du contact « en vrai » dans les relations humaines avec les proches

  • Colombine

    27 avril 2020

    Ici j’ai adoré le fait de pouvoir me remettre à la couture (j’ai fini tous mes en-cours que je trainais depuis des années !) Le fait de rester collée à mon chéri. Le fait de partager du temps avec Belle-fille. Le fait de ne plus avoir la route à faire (1h30 chaque jour). Et je confirme pour les jeux en ligne, c’est l’un de mes temps forts de rigolade de la semaine !

  • Audrey

    28 avril 2020

    J apprécie de ne plus avoir les 1h30bde trajet quotidien, c’est vrai. Pour le reste, entre La connexion internet pourrie ou tu mets 1 min pour ouvrir/fzrmer/entegistrer chaque doc(on travaille sur un réseau), la complexité de faire signer les actes juridiques aux clients ds les délais (merci la poste qui met 10 jours pour délivrer le courrier en campagne !!) et faire les formalités avec les administrations fermées et en effectif réduit, gérer bébé en même temps, ne plus aller voir ma jument ou faire de randos à pieds ( mes soupapes), avoir encore moins de nouvelles que d hab de mon entourage (famille ou « amis »), enfin ça je devrais avoir l’habitude cetzit déjà le cas pendant ma grossesse allitee et post acouchemen
    t. Certainement que pour certains le confinement aura activé de la solidarité, pour moi ça a accentué ma solitude.

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