Comment j’ai arrêté de fumer à l’occasion de changements dans ma vie

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portait de jeune femme fumeuse

C'était le 11 juin 2010, je connais encore la date exacte. Comme la date d'une rupture amoureuse, un moment de ma vie que je ne peux oublier. En fait, c'est tout simplement le jour où j'ai arrêté de fumer.

J'ai fumé pendant plus de 10 ans. Plus ou moins selon les moments de ma vie, parfois même plus du tout lors de précédents arrêts. Mais 10 ans en tout. J'ai commencé à l'adolescence, à la sortie du lycée. Et j'ai continué, pendant mes études, puis mon premier emploi. Un parcours ordinaire de jeune fumeuse, je crois.

Je pense que chaque fumeur a un rapport particulier à sa cigarette. Personnellement, je ne crois pas avoir connu de réelle dépendance physique. J'ai ainsi pu arrêter sans substitut de nicotine. En revanche, j'ai toujours eu une forte dépendance psychique à ce produit. Dès les premiers jours de ma consommation, je l'ai associée à un mode de vie, à mon indépendance et à ma liberté. Quoiqu'il arrive, cela restera sans doute ainsi : la cigarette, triste symbole de ma jeunesse et de mon insouciance.

J'ai toujours aimé ça aussi, vraiment. Contrairement à d'autres fumeurs qui se trouvent un jour dégoutés eux-mêmes par l'odeur du tabac, la cigarette gardera pour moi toujours une saveur agréable. C'est incompréhensible pour beaucoup, mais c'est comme ça. Comme un morceau de chocolat…

Alors je ne vais pas te mentir. Quand je croise un fumeur, je respire toujours avec envie la petite fumée qui s'échappe de son mégot. Et parfois dans mes rêves, je suis jeune, je suis libre et je fume. C'est un peu pathétique, sans doute, mais c'est comme ça. Je crois que je ne serai jamais non-fumeuse. Je serai toute ma vie une fumeuse qui a arrêté, et qui risque à tout moment de reprendre, voilà.

portait de jeune femme fumeuse

Crédits photo (creative commons) : Valentin Ottone

Je n'ai pas vraiment décidé d'arrêter, bizarrement. Ou plutôt, j'avais déjà essayé 100 fois et échoué 100 fois, je ne comptais plus vraiment sur ma motivation de ce côté-là. J'arrivais à maintenir ma consommation journalière en-dessous des 5 cigarettes par jour, et ça me suffisait. Mon chéri fumait aussi, presqu'encore moins que moi, mais je n'ai pas de souvenir agréable de ce plaisir avec lui. Il faisait partie de cette autre catégorie de fumeur. Purement dépendant au produit, j'avais l'impression qu'il ne le savourait pas, voire plus du tout.

Au printemps 2010, je l'ai rejoint dans son pays et nous avons emménagé ensemble. C'était une période difficile pour moi, je perdais tous mes repères, géographiques, culturels ou linguistiques. La cigarette m'apparaissait plus que jamais comme une béquille nécessaire. Un peu comme une vieille amie qui aurait fait le chemin avec moi. Il était donc hors de question d'arrêter à ce moment là. Mais c'était sans compter sur les projets de mon chéri…

Un soir comme je rentrais de mon nouveau travail, exténuée par ce nouvel environnement que je découvrais, il m'a dit : « Ce week-end, j'arrête de fumer ». Devant mon air incrédule, il a ajouté : « Tu es là maintenant, et j'ai bien l'intention de devenir très vieux avec toi ». C'est une des plus jolies choses qu'il ne m'ait jamais dites, et je garde toujours cette phrase en mémoire.

Il n'empêche que cette décision m'étonnait, et évidemment me mettait sous pression. Devais-je arrêter aussi ? Il m'a dit que non, que j'étais libre de faire ce que je voulais. Mais pour moi, c'était inconcevable. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être par fierté, s'il arrêtait je devais absolument le suivre. C'était aussi une occasion inespérée d'y arriver, je savais bien que je devrais arrêter un jour, pour ma , pour nos enfants. Sauf que ça ne faisait pas partie de mes projets…

J'ai donc choisi dans un premier temps d'attendre. Ce n'est pas très gentil de ma part, mais je pensais que ce n'était pas sérieux, qu'il n'y arriverait pas. J'ai donc laissé couler. Un jour a passé, puis deux, une semaine… Il ne reprenait pas. Et là, j'ai commencé à comprendre que je n'aurais pas le choix.

Une semaine après lui, j'ai donc décidé d'arrêter. C'était le 11 juin 2010. Et je n'ai plus jamais touché une cigarette depuis. Lui non plus d'ailleurs !

Comment ça s'est passé concrètement ? Les débuts ont été difficiles, c'est certain. Dans mon cas, l'arrêt se traduit par une vraie phase de faiblesse psychologique : pleurs et crises de nerfs étaient au rendez-vous. Je sais que beaucoup de personnes qui arrêtent peuvent même frôler la dépression. Je crois qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider dans ces cas-là.

J'ai connu plusieurs arrêts et je crois pouvoir affirmer deux choses :

  1. Chaque jour qui passe est un peu moins difficile que le précédent. Il y a des moments de grandes tentations, de découragement, mais dans l'ensemble, seul le temps atténue le manque. Il faut tenir, tenir, tenir, compter chaque jour de gagné, et se dire que petit à petit, ça ira mieux, on y pensera moins, voire presque plus.
  2. Il ne faut pas jouer avec le feu. Pour ma part, comme je le disais plus haut, j'ai compris que je resterais toute ma vie une fumeuse abstinente. Je sais qu'au fond de moi, j'en ai toujours envie, que ça me plairait toujours. Alors je ne joue pas avec le feu (c'est le cas de le dire !). Au moins pendant les premiers mois, j'ai évité les fumeurs. Et je n'ai jamais plus fumé, ne serait-ce qu'un narguilé, pour éviter à tout prix de retrouver une sensation enfouie. Il n'y a aucune exception à la règle.

Il y a aussi des facteurs clés de réussite, c'est évident. Dans mon cas je crois pouvoir en citer deux également :

  1. Je n'étais pas seule dans ce combat. Mon chéri était là, et même s'il ne m'avait pas demandé de le suivre, il a été ma source première de motivation. 1000 fois en rentrant du travail, j'ai voulu faire un détour par le tabac du coin. Je ne l'ai jamais fait, parce que j'aurais eu bien trop honte de lui dire. Il tenait bon, je devais donc tenir bon aussi. Ce pacte tacite a été déterminant.
  2. Comme je l'ai évoqué, quelques mois auparavant, j'avais complètement changé d'environnement. On peut le voir comme un facteur de stress supplémentaire, mais ce fut avant tout un atout. Personne ici ne m'a connue fumeuse. Je n'y ai aucune habitude en lien avec ma dépendance. Je n'ai pas eu le temps de mettre en place de rituels associant cigarette et vie allemande. Aujourd'hui, si j'imaginais fumer ici, ça me semblerait totalement inapproprié. Si tu changes de travail ou que tu déménages par exemple, je ne peux donc que t'encourager à tenter l'aventure.

Alors voilà, j'ai arrêté de fumer. Mais je n'en tire aucune gloire particulière, et je ne me ferai pas donneuse de leçon. Je sais que c'est très dur, et la rechute toujours possible. Mon père a arrêté à 25 ans, il en a plus de 60 aujourd'hui, et il me dit encore que, oui, parfois, ça lui ferait envie. Je ne peux promettre à personne aujourd'hui que je ne fumerai plus de ma vie. Mais je ferai tout ce que je peux pour cela !

Car oui bien sûr, c'est inutile de le rappeler… mais ça n'a que des avantages. Même quand on n'est pas une grande fumeuse comme moi, on sent la différence, très rapidement. Ce sont des petites choses : des rhumes beaucoup moins fréquents, des performances sportives qui s'améliorent, une peau plus jolie, une odeur agréable… mais c'est toujours ça. Et au fond, on le sait bien : notre corps nous dit un grand merci !

Et toi, tu fumes ou a été fumeuse ? Tu as essayé d'arrêter ? Comment ça s'est passé ? Raconte !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !

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9 Comments

  • Giniemum

    28 octobre 2014

    J’ai lu ton article avec attention, et je me retrouve tout à fait dans la relation que tu décris avec la cigarette. Preuve d’une non dépendance physique, il m’arrivait quelques fois de m’en passer pendant 4/5 jours sans péter les plombs, et j’ai arrêté en juin dernier en apprenant ma grossesse, sans aucun substitut. Mais j’aimais vraiment ça, et même si je croise les doigts pour ne pas reprendre après la grossesse je ne peux absolument pas le garantir. D’ailleurs, je plaisante souvent en disant que je reprendrai à 70 ans 🙂 Comble de la débilité : je suis d’accord pour dire que les fumeurs sont en général les gens les plus cools ! Bref, quelques soient les raisons qui nous poussent à le faire, c’est un sacré challenge que d’arrêter !

    • Die Franzoesin

      28 octobre 2014

      Ah moi aussi je dis souvent que je recommencerai quand je serai très vieille :). Mais je ne suis pas sûre que ce soit recommandé non plus ! Peut-être que d’ici là nous serons définitivement sevrées qui sait ?!

  • Yaelle

    28 octobre 2014

    et bien félicitations!!! j’avoue que j’aurais aimé que mon homme me dise la même chose ^^
    j’ai également été fumeuse pendant 10 ans, j’ai arreté du jour au lendemain le 4 septembre 2012, sans même l’avoir décidé! j’ai chopé une laryngite qui m’a litteralement empecher de fumer! apres je doit l’avouer… j’etais enceinte… j’avais fortemeent reduit ma consomation sans pour autant arreter completement du coup l’argument pour ne pas reprendre a été vite trouvé! mais ne pas fumer pendant 3 jours a cause de cette horrrrrrrible laryngite m’a fais comprendre que si je pouvais tenir 3 jours sans clope je pouvais tenir sans tout le temps!
    en suite j’ai eu la fameuse toux que certains fumeur ont quand ils arretent, ca m’a presque donner envie de reprendre mais ca n’a duré qu’un mois…le coté psychologique est le plus dur: reussir a se dire que la vie sans cigarettes c’est possible, oui on va survivre au coup de stress et oui on passera quand meme une bonne soirée avec ses amis!!! mais quand même au debut c’est dur… j’avais peur de reprendre apres l’accouchement mais non j’ai tenu! je suis vraiment très heureuse de m’etre debarrasser de cette vilaine habitude! j’ai un meilleur odorat et un gout mieux developpé! en ce qui concerne le souffle et le poids je n’ai pas vu de difference etant donné que j’etait enceinte donc souffle reduit et prise de poids evidemment! fiancierement aussi ca fait une difference!

    • Die Franzoesin

      28 octobre 2014

      Je me reconnais bien dans ce que tu décris, cet aspect psychologique, « survivre » au coup de stress, à la soirée entre amis… Je crois que nous pouvons être fières !

  • Marine

    29 octobre 2014

    J’ai eu le déclic moi aussi, au 10ème anniversaire de ma première cigarette; ça m’a fait peur. Je suis encore jeune, j’ai 25 ans, mais ça fait 10 ans que je me pourri la santé….
    Je voulais donc arrêter mais j’avais peur. Et un jour au détour d’un rayon d’une librairie je tombe sur un bouquin: « la méthode simple pour arrêter la cigarette » d’Allen Carr et je me dis que livre coute autant qu’un paquet de tabac donc autant essayer et le lire….

    Ça fait maintenant 6 mois que j’ai arrêter de fumer très facilement, sans crise de nerf et on peut le dire sans trop d’efforts. Arrêter de fumer est en fait très facile, plus facile même que de commencer.
    Depuis j’ai prêté le livre à mon entourage fumeur et ils arrêtent tous les uns après les autres.
    Aussi je recommande ce livre qui décortique très bien les mécanismes qui nous poussent à fumer et qui nous fait stopper la cigarette très simplement.

    • Die Franzoesin

      30 octobre 2014

      Je connais ce livre il m’avait beaucoup aidé lors d’un précédent arrêt ! Mais j’avais fini par reprendre… Il m’a cependant à nouveau aidé cette fois, je me souvenais des idées clés qu’il véhicule.

  • Marylin

    30 octobre 2014

    Ahlàlààààà, bravo quand même, hein !
    Bon bah moi j’ai arrêté d’arrêter il y a 6 mois. Mais je fume genre une ou 2 cigarettes par jour.
    Pas plus.
    Et franchement, oui, moi aussi j’ai cette idée navrante « d’indépendance » et de « différence » peut-être…
    Et j’aime ça.
    Et honnêtement, peut-être que si je reste à une seule cigarette par jour – et qu’elle est bonne, vraiment – je crois que je vais m’en tenir à ça.

    Mais quand même, félicitations !

    • Die Franzoesin

      30 octobre 2014

      Je serais probablement arrivée au même résultat sans le coup de pouce de mon mari. Et ça fait du bien de ne pas se sentir seule comme ça ;).

  • Linda

    11 février 2020

    Bravo!

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