Mon don d’ovocytes

Donner ses ovocytes

Pas habituée (du tout) à écrire des articles sur la toile, je me lance aujourd’hui, avec le petit espoir que mon témoignage réponde à des questions que tu pourrais te poser sur le don d’ovocytes.

Mon expérience

Je suis l’heureuse maman de deux chipies. Ma grande est née en janvier 2009. Notre parcours de « création » : classique, un an d’essais. Aujourd’hui, j’ai conscience que ça n’a pas été si long, mais sur le coup, j’ai attendu onze fois un + qui ne venait pas. J’ai vécu des interrogations, des doutes, des larmes… du « psychotage », en somme !

Lors d’un rendez-vous chez mon gynécologue pour mon suivi de grossesse, j’ai remarqué une affiche prônant le don d’ovocytes. J’ai baissé les yeux sur mon ventre et me suis promis qu’un jour, je le ferais !! Je dois te dire que j’ai quelques notions de la difficulté du parcours de procréation médicalement assistée (PMA) : je suis infirmière libérale, et j’ai rencontré pas mal de couples en difficulté (ce qui ne m’a pas aidée lorsque l’on essayait de faire un bébé !).

En septembre 2009, je retrouve un couple déjà vu quelques fois pour des fécondations in vitro (FIV). Il m’annonce que si cette tentative ne fonctionne pas, ils devront faire appel au don d’ovocytes. Dans la conversation, je leur dis que je pense qu’un jour, je ferai un don. La dame m’explique alors que je peux « donner » à un couple que je connais.

Attends, je te vois blêmir derrière ton ordinateur. Je t’explique : le don reste anonyme. En fait, la donneuse est juste « recommandée » par le couple ayant besoin d’un don. Dans ce cas-là, le couple remonte en haut de la liste d’attente pour recevoir un don, et la donneuse fait don de ses ovocytes à d’autres personnes, qu’elle ne connaît pas. La donneuse est alors joliment nommée « bonne fée ».

Novembre 2009, le gentil couple revient vers moi… Ça n’a pas marché… Ma patiente me demande si je pense que je pourrais devenir leur « bonne fée ». Bingo, j’accepte spontanément.

Fin janvier 2010, tout juste un an après la naissance de ma fille, je fais don de mes ovocytes. Suffisamment pour deux couples ! Youpi !!

Depuis, j’ai eu ma seconde fille sans aucun souci, après seulement six mois d’attente. Je dois t’avouer que j’aime à penser que les deux couples que j’ai pu aider se sont retrouvés avec de beaux enfants !! Et que tout va pour le mieux pour eux !!

Voilà, en à peine trois mois, la boucle était bouclée… Et maintenant, je suis une fée !! La classe, non ?

Donner ses ovocytes

Crédits photo (creative commons) : Quinn Dombrowski

Le don, comment ça marche ?

On parle technique, loi et psychologie, à présent ?

J’ai découvert lors de mes rendez-vous au centre de PMA que ce n’était pas simple du tout de trouver des centres à proximité de chez soi : tous les centres de PMA ne font pas de prélèvements d’ovocytes pour des dons. Le mien est à 70km de chez moi (et ce n’est vraiment pas loin par rapport à d’autres). Il faut que tu le saches, car ça peut être un frein à ta démarche.

En tant que donneuse, il te faut passer un entretien avec le médecin responsable du service de PMA. Il t’explique que le don en France est volontaire, anonyme et gratuit. Tu dois signer un consentement, qui pourra à tout moment être annulé, jusqu’au prélèvement. Tu as droit à un examen gynécologique et à une prise de sang (sérologie, etc.). Mais tu n’as pas de frais : tout est pris en charge (même les frais de route !).

Le médecin vérifie aussi que tu rentres dans les critères légaux et de santé pour être donneuse. À l’époque de mon don, en France, il fallait obligatoirement être déjà maman. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui… On offre même la possibilité aux donneuses qui n’ont pas encore procréé de conserver une partie de leurs ovocytes, au cas où elles aient un souci (sans lien avec le don !) plus tard. Tu as le droit de donner deux fois dans ta vie, mais il y a une limite d’âge (40 ans, si je ne me trompe pas).

Le don d’ovocytes n’est pas aussi simple qu’un don de sperme (un recueil, et le tour est joué !). Tu dois suivre un protocole (court) de stimulation ovarienne, afin de faire maturer le bon nombre et la bonne qualité d’ovocytes. En fait, c’est en partie le même protocole qu’une femme subissant une FIV : des piqûres en sous-cutané quotidiennes pendant huit à dix jours, ainsi que des prises de sang et des échographies vaginales (le top du top !!) toutes les quarante-huit heures.

Tu dois pouvoir te libérer à tout moment. Je t’explique : si tes ovocytes sont matures et prêts, tu ne peux pas les faire attendre !! La sage-femme te dira de te faire une injection de déclenchement, qui nécessitera de faire la ponction dans les trente-six heures suivantes. Pas évident, si tu travailles, de dire à ton patron que tu ne seras pas là dans deux jours… C’est à savoir …

Tu peux, selon ton choix, être prélevée sous anesthésie générale (mon choix) ou par simple anesthésie locale. Après la ponction, pas de douleur particulière…

J’allais oublier un détail (ou pas…) : il faut que ton/ta conjoint(e) signe un papier qui stipule qu’il ou elle accepte que tu donnes tes ovocytes (ça te choque, hein ? Moi aussi… Et ça marche même si on n’est pas mariés…).

Tu ne sauras jamais qui sont les receveurs, et les enfants nés de ce don ne pourront jamais avoir accès à ton nom (ça, c’est la loi de bioéthique, qui était en pleine modification lors de mon don…).

D’ailleurs, tu rencontres aussi un psychologue, qui va s’assurer que tu comprends bien les enjeux (mais moi, je n’ai pas eu ce fameux rendez-vous : la psychologue du centre était en arrêt maladie).

Pour faire don de tes ovocytes, il faut quand même que tu sois très au clair sur le fait qu’une partie de toi que tu ne connaîtras pas vivra dans ce monde. Moi, j’ai toujours pensé qu’il ne s’agissait que de mes gènes : rien d’affectif là-dedans… J’espère ne pas te choquer en te disant ça, mais c’est ce qui m’a permis, je pense, de faire ce don. Je n’y pense pas, ma vie suit son cours.

Depuis, je n’ai jamais eu aucun regret, et je suis toujours très fière de mon choix. J’en parle facilement autour de moi. Quand des gens semblent outrés, j’explique simplement les raisons de ma démarche… Quand d’autres sont admiratifs, j’essaie de les encourager à sauter le pas également.

Pour plus d’infos, n’hésite pas à te rendre sur le site dondovocytes.fr. Tu y trouveras des renseignements plus précis et actualisés que les miens ! Bonne lecture !

Et toi ? Tu connaissais ce type de don ? Ça t’intéresserait de donner tes ovocytes ? Dis-nous !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !

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16 Comments

  • Nathalie

    26 avril 2016

    Témoignage intéressant !

    Je comprends assez le fait que le(la) conjoint(e) doive signer aussi un papier : ce n’est pas totalement anodin car comme tu le dis il y a quand même un protocole médical (qui peut inquiéter) et le fait de savoir qu’une part de sa femme est « quelque part » (qui peut inquiéter aussi). A mon avis cela permet surtout de s’assurer qu’il y a bien eu une discussion dans le couple au préalable et que cela ne va pas lui causer du tort.

  • Madame Nounours

    26 avril 2016

    Un article très intéressant. Je trouve que le don d’ovocytes est un acte magnifique, surtout quand on connaît la galère qu’endure les couples infertiles pour avoir un jour la chance d’être parents d’un ou plusieurs enfants. J’envisage de faire ce don d’ici quelques années, j’en ai parlé à mon mari qui est tout à fait d’accord pour ce don. J’en ai également parlé avec mes parents et ces derniers trouvent que c’est un bel acte de ma part, par contre j’en parle pas trop au reste de mon entourage car je sais que certaines personnes ne comprendraient pas cet acte pour des raisons d’éthiques mais pour moi, le primordial c’est de voir que mon mari et mes parents soient de mon côté. Par contre, dans ton article, tu ne dis pas si tu as été arrêté plusieurs jours après la ponction? Car il me semble que c’est un arrêt d’une semaine pour l’avoir lu ailleurs. Bref, je te dis chapeau pour cet acte.

    • Mme Koala

      27 avril 2016

      Pour répondre à la question d’un arrêt de travail après la ponction, cela dépend du centre et si tu as un risque d’hyperstimulation suite au traitement. Pour ma part, j’ai fais 2 ponction en anesthésie locale et 1 en générale et je n’es pas eu d’arrêt. Mais j’ai du me mettre en arrêt dans les jours qui ont suivis l’anesthésie générale car j’ai très mal réagi à l’anesthésie

    • Caro

      28 avril 2016

      Bonjour,
      Je n ai pas eu d arrêt … Ils ne me l ont même pas proposé!!!
      Mais de mémoire , pas de douleur particulière, je me sentais plus légère en fait ?

  • Madame Fleur

    26 avril 2016

    Merci Caro pour ton témoignage.
    J’ai une petite question mais peut être ne sauras-tu pas me répondre.
    Est ce que le consentement du conjoint est aussi obligatoire dans le cas d’un don de sperme ? J’avoue que ce consentement me paraît archaïque et je me demande si le pendant masculin est également du même type.
    En tous les cas c’est un joli témoignage que tu nous livres.

    • Madame Bisounours

      26 avril 2016

      Oui ! Je me suis renseignée en me demandant si il s’agissait juste d’un relicat sexiste d’une autre époque. Et, en fait, le consentement est obligatoire pour le don de sperme aussi.

      • Nathalie

        26 avril 2016

        Merci pour la réponse, c’était une très bonne question !

  • Mme Pétillante

    26 avril 2016

    Bravo pour ce magnifique acte <3. Pour avoir lu le témoignage de Mme Arwen, je comprends maintenant l'importance de ce don.
    Je ne suis pas fermée à l'idée de le faire un jour, même si psychologiquement j'attends d'avoir des enfants à mon tour avant d'envisager sauter le pas.

  • Laura

    26 avril 2016

    Merci pour cet article ! Je me disais justement que je me porterais bien volontaire pour ce type de don. Dans un an je pense … C’est bien d’entendre un témoignage comme le tien. Merci et merci d’avoir donné !

  • MlleMora

    26 avril 2016

    Très beau geste, bravo, grâce à toi deux couples ont pu avoir un enfant, c’est super !
    L’idée me plait bien, par contre effectivement le protocole est tout de même hyper contraignant. A cause de ça j’imagine qu’il y a moins de dons d’ovocytes que de sperme, non ?

    • Mme Arwen

      26 avril 2016

      Effectivement il y a beaucoup moins de dons et le nombre de gamètes obtenues par don est bien moins important. Pour donner une idée actuellement le délai d’attente pour recevoir un don d’ovocyte en région parisienne est de 4 ans minimum (contre un an minimum il me semble pour le don de sperme)

  • Mme Ebène

    27 avril 2016

    Oh merci pour ton retour d’expérience, j’avais déjà été sensibilisé par Mme Arwen mais je n’avais pas encore lu un témoignage de donneuse. Mon mari n’est à priori pas pour mais je vais lui faire suivre ton témoignage. Aider 3 familles en un don c’est vraiment magnifique, merci !

  • Mme Koala

    27 avril 2016

    Bravo pour ta démarche.
    Étant dans le parcours de la pma, je tiens juste à préciser que malheureusement chaque don ne donne pas obligatoirement une naissance. Il faut que l’ovocyte soit fécondé et qu’il se développe avant un transfert. Une fois transférer il faut attendre 15 jours pour savoir si l’embryon s’est implanté. Et si il s’est implanté, il y a encore un risque de fausse couche. Rien n’est gagné d’avance dans ce parcours. On avance de petite victoire à petite victoire.

  • Melle Fluffy

    27 avril 2016

    J’ai beaucoup apprécié ton témoignage et j’envisage également faire un don, d’autant plus que le centre de PMA de ma région est à seulement quelques kilomètres de chez moi … Mon fiancé par contre n’est pas emballé. J’essaie malgré tout de lui faire comprendre que ce n’est pas un enfant, ni une partie de moi que je donnerai, seulement quelques cellules pour lesquelles je n’ai pas d’attache (comme si je donnais mon sang en sorte !). Si vous avez des conseils pour m’aider à lui en parler sans le brusquer, je suis toute ouïe ! Pour le moment, j’ai réussi à lui faire comprendre que cela impacterait notre vie uniquement quelques mois (le temps de lancer la procédure, le protocole et de faire les prélèvements). Et si vous avez plus de détails sur le « temps » réel que cela prend, je suis à l’écoute (je prend la pilule donc il faudrait commencer par l’arrêter et passer au préservatif).

    • Caro

      28 avril 2016

      Bonjour,
      En fait , en écrivant mon témoignage , je ne pensais pas que le conjoint puisse tiquer … C est bête , mais en fait , je n ai pas ouvert de discussion avec mon mari… Je lui ai dit je vais faire un don et comme il me connaît très bien , il n a surtout pas essayé de m’ en dissuader !!!! Quand j ai une idée ..!!! Pour moi c était « ma liberté et mon choix » Tu peux peut être lui expliquer que ton don offre une possibilité à des couples en souffrance , et que le patrimoine génétique de l enfant qui pourrait naître ne sera qu à moitié le tien … Pas « votre » patrimoine génétique commun…
      Pas certaine , que tu puisses le faire changer d avis, c est tellement intime et chacun ressent les choses différemment !!
      J espère qu’ au final vous trouverez un terrain d’entente !
      Oui en effet tu devras arrêter la pilule mais pour 1 mois en fait …
      Mon pprotocole ( court ) a duré 10 jours jusqu au prélèvement, toutes les 48h j ai eu une prise de sang et une écho vaginale ( 10 minutes environ)
      J ai eu 2 rdv au cecos en amont ( un pour discuter , faire examen…) et l autre pour confirmer et recuperer mes injections.
      Le jour du prélèvement , je suis arrivé à 7h, 1h plus tard prélèvement sous anesthésie générale ( durée 20 minutes) et à 13h je suis sortie …
      Au final c est intensif sur 1 semaine!!!
      Voilà , j espère t avoir aidé .
      Bonne route ?

  • Bonnet

    18 juillet 2016

    Salut les filles!Bien sur qu’il faut encourager le don d’ovocytes qui est tres rare chez nous. Moi, personnellement touchee par l’infertilite, je suis pour la remuneration des femmes qui donnent. C’est pas si simple que donner son sperme, c’est beaucoup plus dur avec toutes ces stimulation hormonales, l’absence au travail, les piqures etc.Rien ne changera la situation avec la manque des donneuses que la stimuler par l’argents. En Espagne, en Grece, en Ukraine elles sont payees et il n’existe cette fille d’attente pour une tentative a 2-3 ans au minimum

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