Faire table rase des souffrances passées

femme regardant dans le vague assise sur un canapé

Depuis ce fameux mois de mai où je me suis mariée, je suis hantée par des démons de l'enfance qui me remontent en pleine figure, m'empêchant de me sentir comblée.

Élevée par des tuteurs, c'est déjà la déconvenue lorsque, le jour de mon mariage, ma tutrice ne trouve pas mieux que plaider une grande fatigue pour ne pas y assister !

J'ai attendu d'être de retour chez nous pour exploser de colère. Les souvenirs sont remontés… Je ne vais pas m'étaler, mais si je peux dire que, grâce à mes tuteurs, j'ai eu une bonne éducation.. Je n'ai néanmoins pas reçu l'amour auquel une fillette aspire !

Et ma famille dans tout ça ? Mon père, je ne le connais pas, et je crois que ça ne m'intéresse pas vraiment. Quant à ma mère, j'ai fait la démarche de renouer le contact en février 2012.

Elle m'a dit avoir toujours désiré l'instant où je franchirais le pas et renouerais le lien. En y repensant, j'aurais mieux fait de me casser un doigt sur le clavier, plutôt que de faire des recherches via des sites communautaires !

Si contente de retrouver ma maman, je suis en permanence dans l'attente de nouvelles, de SMS, d'appels… Mais passée l'euphorie des premiers instants, tout ceci s'estompe vite. Je suis toujours dans l'attente, je téléphone, mais personne ne répond.

femme regardant dans le vague assise sur un canapé

Crédits photo (creative commons) : David Salafia

Et quand enfin cette maman décroche, elle ne fait que parler d'elle, de son rhume, de sa non envie de sortir ce matin, du prix du fioul… Elle se permet de me comparer, et surtout de comparer mon époux (qu'elle ne connait pas !) à d'autres membres de la famille. Je me sens jugée, blessée… Tant et si bien qu'au final, je redoute de voir son nom s'afficher sur mon téléphone.

A chacun de ses appels, je tombe, je me sens mal. Comme si j'étais victime de vaudou ! On établit un contact, et je me sent défaillir immédiatement.

A chaque appel, il ne me faut pas longtemps pour devenir irascible, pleurer, crier, cogner les murs… voire même me cogner moi-même. Je ressens un besoin d'exister, mais j'ai l'impression de ne pas avoir d'identité.

Je m'empoisonne et j'empoisonne mon entourage, entre le chien qui part au fond de la terrasse, et mon mari qui accourt en catastrophe pour essayer de me raisonner. Mais il est dépassé, il me voit de plus en plus triste, de plus en plus violente, il a peur pour moi… peur de moi.

Alors entre séance de sophrologie, reiki et autres médecines parallèles, je prends une décision : couper les ponts avec cette maman en qui j'avais placée tant d'espoirs.

Je suis déçue, car je voulais juste être comme tout le monde, avoir une maman, pouvoir parler d'elle… D'autant plus que mes tuteurs viennent de décéder, je me sens « sans famille ».

J'écris donc un mail à ma mère pour lui dire mon sentiment. Que je souffre depuis un an, que j'ai l'impression de ne pas être celle qu'elle attendait (je la sentais hypocrite à mon égard), et que j'aspire à redevenir celle que j'étais avant : enjouée, rigolote, farfelue…

Sa réponse me rend malade, j'étouffe je n'arrive plus à respirer. Chacun de mes arguments est repris et démonté un à un. Mais tant pis, cette fois ci c'est bien fini. Je ne veux plus me laisser toucher par la méchanceté. Je ne veux plus souffrir et faire souffrir autour de moi.

Ça va bientôt faire trois mois que j'ai entamé un processus de travail sur moi, d'acceptation. J'essaie de vivre avec cette blessure de rejet, de l'accepter comme étant partie de moi, et avancer. Je fais un maximum de séances de relaxation, de méditation, pour apprendre à m'accepter telle que je suis, pardonner, et également me relaxer.

Et je dois dire que ça fait aussi trois mois que je me sens mieux, plus raisonnable. J'ai encore quelque pics d'angoisse… Mais comme dit mon mari, j'avais fini par développer une addiction à cette angoisse, ça ne peut donc pas passer d'un coup.

Trois mois que je ne me suis pas fait de mal, que mon mari et moi avons repris le dialogue, trois mois qu'il me trouve plus posée, voire même mieux qu'avant.

Alors, même si ça a été une étape douloureuse, je ne la regrette pas. Au moins, je sais d'ou je viens. J'ai essayé, ça n'a pas fonctionné. Ça aussi, il faut l'accepter. L'échec. Mais j'y travaille !

La vie est devant moi. Je la construis avec mon époux et sa famille, qui dès le départ m'a ouvert les bras et accueilli. Chaque jour, je travaille à mon , et je me dis enfin que je ne me suis jamais sentie aussi bien.

Et toi, tu as cherché à reprendre contact avec des personnes de ton enfance ? Tu as eu beaucoup de désillusions, tu as décidé de couper les ponts définitivement ? Tu as fini par retrouver la paix avec toi-même ? Viens en parler…

Toi aussi, tu veux témoigner ? C'est par ici !

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4 Comments

  • Mademoiselle F

    27 juin 2014

    Courage Madame B! Le sentiment d’abandon est tellement dur a affronter… Malheureusement on ne choisit pas sa famille mais tu construis la tienne avec ton mari et qui sait, peut être de futurs enfants! On a pas le choix de ses parents, mais on peut choisir qui on veut être et ne pas reproduire ce qui nous a fait souffrir durant notre enfance! Je te souhaite beaucoup de courage 🙂

  • Virginie

    27 juin 2014

    J’ai eu la chance d’être élevé par maman mais je ne connais pas mon géniteur… faire confiance aux hommes a toujours été assez difficile, mon mari a su m’apprivoiser et nous nous sommes mariés en mai 2013! Après le mariage, je me suis rendu compte que j’avais bcp projeter sur les bénéfices qu’allait m’apporter ce fameux mariage (notamment sur la peur d’être de nouveau abandonné par mon conjoint après ne pas avoir eu de père…) j’ai aussi entrepris un travail sur moi-même après le mariage car cela a augmenté mes angoisses, un travail thérapeutique avec un psychologue ainsi que des séance de shiatsu pour m’aider à me détendre… cela a pris plusieurs mois et grâce a ce travail, à mon conjoint qui a continué de me rassurer, aujourd’hui je me sens plus apaisé et surtout j’arrive plus a faire face à mes angoisses! Bonne continuation

  • Marylin

    27 juin 2014

    Arf, pas facile…
    Mais tu sais, on peut avoir eu des parents et n’avoir pas été plus aimé… ça existe aussi malheureusement.
    Et dans tous les cas, réussir à se défaire de ce truc d’attendre quelque chose qui n’arrivera jamais, c’est l’enfer.
    Mais quand on y arrive…. oui, promis, la vie devient plus douce !
    Et apparemment, tu es en bonne voie.
    ++

  • Stephanie

    27 juin 2014

    oh que ton témoignage me touche…
    je n’ai jamais connu mon père, ma mère m’a élevée, m’a éduquée mais n’a pas su me donner un amour raisonnable, elle a transposé sur moi toute cette passion, et à côté de cela elle avait ce côté manipulateur et pervers qui m’a détruit.
    je faisais toujours mal, rien n’allé et puis elle m’a manipulé et fait des dettes à mon nom, mais sa technique pour ne pas se sentir coupable était de me dire que j’étais au courant. Alors j’ai appris à me sentir coupable, à ne jamais bien faire. Et j’ai coupé les ponts il y a près de 3 ans maintenant.
    Aujourd’hui mes démons ressurgissent, je vois le mal partout mon futur mari que j’aime plus que tout, ressent ma peur et ne la comprend pas…

    je suis également dans cette phase d’acceptation, les choses ne peuvent pas changer si les personnes ne le souhaitent pas…
    Mais c’est difficile et cela remue.

    MERCI pour ton message qui me fait me sentir moins seule…
    et si tu souhaites discuter un jour pourquoi pas…
    bon courage dans ton cheminement

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