Je n’ai pas de plan de carrière

L’autre jour, au boulot, on parlait des concours. Pour rappel, je suis fonctionnaire. Pour avancer dans la carrière, c’est soit le concours, soit la promotion, essentiellement attribuée aux plus âgés ou ceux qui sont très copains avec les grands chefs.

Une de mes collègues me dit « Ça se voit que tu es ambitieuse, toi. »

Crédit Photo : Unsplash

J’étais étonnée par sa remarque, bah oui, car ce n’est pas du tout comme ça que je me vois. Elle a eu cette impression parce que je parlais de passer les concours de la catégorie A, ce qui me mènerait plus haut dans la pyramide des fonctionnaires. En réalité, si je souhaite passer ce concours, c’est parce que je m’aperçois que finalement, les missions confiées à un catégorie A me plairaient peut-être un peu plus que ce à quoi j’ai accès aujourd’hui.

Cependant, je ne me considère pas comme ambitieuse. Je passe mon temps à rêver au prochain poste parce que je suis rarement, voire jamais satisfaite du poste que j’occupe. C’est sans doute parce qu’à un peu plus de 30 ans, je n’ai toujours pas trouvé ce que je voudrais faire quand je serai plus grande.

Je n’ai pas de plan de carrière. Si je devais retourner dans le privé et qu’on me demandait où je me vois dans 10 ans, je serais bien embêtée pour répondre. Enfin, si, je sais où je me vois dans 10 ans : sur la route, en camping-car avec mon époux et mes filles pour un road trip américain de 6 mois. Bon, bah, ça répond pas vraiment à la question du plan de carrière.

Je ne me vois pas responsable d’une équipe parce que je trouve que ça apporte plus d’ennuis que de satisfaction, et en plus je déteste passer mon temps en réunion. Pourtant, j’aimerais bien passer ce concours de catégorie A, pour avoir un but, pour me prouver à moi-même que j’en suis capable, pour gagner un peu plus (soyons réaliste, pour réaliser mon rêve de dans 10 ans, il faut bien un peu d’argent quand même).

Je n’ai pas non plus envie d’avoir trop de responsabilités, parce qu’il faut avouer que ma vie à 100 à l’heure à Paris ne me manque pas du tout. J’aime rentrer chez moi en mode déconnectée du travail, ne pas me demander si j’aurais le temps de faire tel ou tel truc, si je n’ai pas oublié de prévenir machin pour ce bidule… Bref, quand je quitte mon travail, je n’y pense plus et je sais que personne ne viendra me déranger parce que ça peut attendre mon retour. J’aime pouvoir partir tous les jours à la même heure pour aller chercher mes filles. Et je sais qu’un poste avec des réunions, ça me demanderait plus d’organisation avec mon mari, qui, lui a régulièrement des déplacements à faire dans la région qui l’empêchent d’être à l’heure à la crèche.

Non, ce que j’aimerais, c’est faire quelque chose qui a du sens pour moi, ou pour les autres. Certes, mes missions actuelles sont « utiles » au bon fonctionnement de mon administration et aux conditions de travail des agents (je travaille dans la logistique – moyens généraux c’est plus parlant), mais on ne peut pas dire que commander des prestations de chauffage, de vérification d’extincteurs ou des assurances auto soit très épanouissant (mais, il faut bien que quelqu’un le fasse !).

Je sais que je ne resterai pas des années sur ce poste, mais je ne sais pas ce que je ferai par la suite.

Je me suis souvent dit que le monde du travail n’était pas fait pour moi : me lever tous les jours à la même heure, aller au même endroit en même temps que tout le monde, rendre des comptes en permanence (ça c’est quand on a un chef pénible -heureusement, ce n’est pas mon cas). Mais je n’ai jamais trouvé ce qui me ferait vibrer (enfin, si, je sais exactement ce qui me ferait vibrer, je t’en parlerai une prochaine fois), ou plutôt, je n’ai jamais su trouver le courage de sauter le pas vers une vie moins « sécurisante » que celle que j’ai choisie aujourd’hui.

Il faut dire que j’ai vu mes parents tellement galérer dans la vie, j’ai vu les huissiers venir chez moi quand j’avais 15 ans, ma mère surendettée et interdit bancaire… Ça m’a appris à être prudente, extrêmement prudente car il est hors de question pour moi de revivre ces situations et surtout que mes filles connaissent ça. Alors la prudence m’a incitée à ranger mes rêves dans un coin et à choisir la sécurité.

Avec le temps, peut-être qu’en voyant mes filles grandir, je me sentirai plus en confiance pour oser redéfinir nos vies, mais pour l’heure, je me lève tous les matins pour aller faire un travail non passionnant, mais sécurisant.

Du coup, je n’ai pas vraiment l’ambition d’une grande carrière dans la fonction publique, parce qu’au fond, je ne crois pas que je serais plus épanouie parce que je décide plus de choses.

Je n’ai pas de plan de carrière, mais j’ai des rêves. C’est nourrissant, aussi.

Et toi, as-tu un plan de carrière ? Sais-tu où tu seras professionnellement dans 10 ans ? As-tu trouvé ta voie ou envisages-tu de tout changer ?

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15 Comments

  • Madame Yoga

    10 avril 2017

    Ah mais comme j’aurais pu écrire cet article! Je suis rentrée catégorie A dans la fonction publique mais j’ai pas mal bougé… 3 postes en 4 ans… parce que l’environnement ne me plaisait pas, ou l’ambiance était exécrable. Il y a 3 ans, je tombe sur un poste intéressant avec des collègues « normaux » et des chefs qui aiment valoriser les équipes. Très rapidement je passe un examen pro que j’obtiens du 1er coup. Résultat des courses ça n’a pas loupé, certaines personnes m’ont qualifié d’ambitieuses et m’ont demandé quand je comptais passer le concours A+! JAMAIS! J’ai depuis pris un poste à responsabilité mais en restant dans la même équipe. Je bosse un peu plus mais ça reste très raisonnable et surtout, j’attends un bébé! On verra ensuite pour les 35 ans de carrière qu’il me reste 😉
    Enfin voilà désolé pour le blabla! J’espère que tu trouveras LE poste qui te convient et ouiiiiiiii c’est utile ton poste actuel!

    • MlleMora

      10 avril 2017

      Ça fait plaisir de voir qu’on peut trouver un poste épanouissant !! Super, ton parcours en tout cas !

  • Marine

    10 avril 2017

    Moi aussi j’aurais pu ecrire tout ça, encore que mon poste n’est pas très gratifiant niveau utilité. J’aimerais bien trouver ce qui me ferait vibrer. J’ai quelques idées mais toujours peur d’être déçue. Et la trouille de me lancer. Moi aussi j’ai besoin d’argent pour réaliser un projet, alors je reste là où je suis. Mais dois dire que c’est déprimant…

    • MlleMora

      10 avril 2017

      Oui, on se met des barrières de sécurité partout et finalement, on ne s’épanouit pas… Mais je me dis qu’à force réfléchir, y a bien quelque chose qui va sortir !

  • Sarah

    10 avril 2017

    Je me définie moi même comme ambitieuse et du coup j’admets j’ai du mal à comprendre ceux qui ne le sont pas. Je ne juge pas hein, après tout chacun sa vie, mais quelque part je trouve dommage tous ces rêves qui n’attendent que d’être réalisés, qui vont probablement ne jamais voir le jour. Après, on peut ne pas être ambitieux au travail mais l’être dans sa vie perso, ce qui me semble être ton cas, et au final si ce sont tes projets perso qui te motivent je ne vois pas ou est le mal 😉 Pour autant je suis ambitieuse mais je ne sais pas non plus ou je serai dans 10 ans … je vis un peu au jour le jour mais en guettant toutes les opportunités, personnelles et professionnelles pour réaliser mes projets des vie 🙂

    • MlleMora

      10 avril 2017

      Je comprends qu’on puisse être ambitieux, et je pense qu’on le devient quand on évolue dans un milieu qui nous convient, du coup, ça s’alimente. Le truc, c’est que mes projets perso sont ambitieux mais ne permettent pas de payer mon crédit… Du coup, y a conflit car je suis obligée de travailler sur des choses qui m’intéressent moyennement alors que je préfèrerais bosser sur mes projets persos !

  • Nya

    10 avril 2017

    Réflexion intéressante ! Derrière « ambitieuse », je vois quelqu’un qui a envie d’arriver au plus haut de son domaine ou de ses passions : devenir directrice de sa boîte, devenir la meilleure boulangerie du coin, devenir la peintre la plus en vue…
    J’y vois une différence avec « avoir des ambitions », qui est synonyme d’avoir des projets. Je pense pas être ambitieuse (je ne veux pas être la chef de file de ci ou ça) mais j’ai plein d’ambitions, de projets, d’envies. Que ce soit au niveau professionnel ou personnel.

    • MlleMora

      10 avril 2017

      Oui, entièrement d’accord avec toi, je suis ambitieuse dans ma vie perso, mais pas vraiment dans ma vie pro…

  • Madame Fleur

    10 avril 2017

    Je dirais que tu n’es pas ambitieuse pour le travail.
    Personnellement, je cherche juste l’épanouissement dans le travail (pas trop mal payé c’est mieux aussi mais disons que du moment que j’ai ce dont j’ai besoin, je fais pas des pieds et des mains pour avoir une promotion).
    Pour le reste, je me considère comme ambitieuse mais sur ma vie personnelle. Je veux être heureuse et obtenir ce dont j’ai besoin pour l’être.
    Le travail, maintenant j’y vais avec plaisir et j’aime mes missions mais je ne cherche pas plus. Juste à être plus efficace à augmenter mes compétences mais je n’ai pas comme finalité de finir chef de quoique ce soit, j’aime ma liberté et je ne serais pas à l’aise pour gérer l’humain. Ce serait trop de stress pour moi je pense.

    • MlleMora

      10 avril 2017

      Exactement, mon ambition se situe dans ma vie perso.
      Dans le boulot, j’essaye de rendre le quotidien plus « passionnant » mais bon c’est pas toujours évident…

  • Charlotte

    10 avril 2017

    Salut,
    Je me retrouve dans presque tout dans ton article même si j’aurai ajouté un climat difficile au travail. En plus j’ai un master pour un poste de catégorie B donc je suis en train de voir pour faire un bilan de compétences. Je ne sais pas dans quelle fonction publique tu es mais de mon côté je peux le faire sans en parler à la direction (donc hors temps de travail)…

    • MlleMora

      10 avril 2017

      C’est une bonne idée le bilan de compétences, ça te donnera des pistes, j’espère que ça te permettra de t’orienter vers un poste plus épanouissant en terme d’activité et d’ambiance (l’ambiance est tellement importante !)

  • Bibichu

    10 avril 2017

    Pas de plan de carrière car pas de carrière du tout par ici… J’ai heureusement moi aussi des rêves et je cherche avec ardeur un poste qui me sortirait de cette situation frustrante! Moi aussi quand je rentrerai en France je tenterai les concours de catégories A. Mais en attendant… Patience…

  • Christelle

    10 avril 2017

    Cet article, j’aurais pu l’écrire (la partie sur les enfants en moins, n’en ayant pas) Des jobs sans réels liens avec mes diplômes, le besoin de sécurité qui fait que je ne démissionne pas (enfin plus, j’ai été échaudée…) Mais des rêves plein la tête !

  • Tallulah

    21 avril 2017

    je vois assez bien de quoi tu parles, moi je suis entrée A au tresor public, et de par mon parcours universitaire les gens ont eu de l’ambition pour moi; on m’a poussée à passer le concours pour être A+, ce que j’ai fait sans conviction. Et ca s’est vu aux oraux!
    donc j’ai echoué et je le vis bien. Je gagne assez bien ma vie comme ça et je n’aime pas trop les responsabilités.
    Donc ca dépend ou tu bosses, mais aux finances quand tu es un petit A tu n’as pas à craindre d’avoir trop de responsabilités ou des horaires à rallonge et tu n’es pas chef de quoi que ce soit!
    Essaie d’avoir un aperçu de la vie de tes collègues qui sont A pour voir si ca pourrait te convenir.

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