Mes migraines

Petit préambule : j’ai écrit cette chronique pendant une période de migraine. Je la relis quelques jours plus tard, alors que ça va mieux, et je lui trouve un ton bien sombre. Avec le recul, je sais bien que je ne suis pas la plus à plaindre. Je sais bien que pour certaines personnes, les migraines sont bien plus invalidantes que pour moi. Je prends quand même le parti de publier ma chronique telle quelle, pour te donner mon ressenti en période de crise … Et je reviens vite avec quelque chose de plus joyeux !

Quand j’ai mal à la tête

Crédit photo (creative commons) : R_R_Studio

Quand j’ai mal à la tête, ça me lance, ça me tape, ça me serre. Les tempes, ou la nuque, ou seulement un côté de la tête.

Quand j’ai mal à la tête, ça peut être accompagné d’aura : j’ai la moitié du visage comme engourdi, ou des picotements au niveau des pommettes. Ce n’est pas douloureux, juste très désagréable.

Quand j’ai mal à la tête, j’ai des nausées. Et en même temps, j’ai envie de manger pour me réconforter.

Quand j’ai mal à la tête, je n’arrive pas à faire passer la douleur. Je n’ai pas encore trouvé le médicament miracle.

Quand j’ai mal à la tête, ça peut durer des heures, des jours. Je me lève avec la douleur, je me couche avec la douleur, et ça recommence.

Quand j’ai mal à la tête, je suis fatiguée. Fatiguée des douleurs, fatiguée physiquement, et moralement.

Quand j’ai mal à la tête, je n’ai plus de patience, je ne supporte plus rien, surtout le bruit et les odeurs.

Quand j’ai mal à la tête, je ne supporte pas les gens qui parlent. J’ai l’impression qu’ils font exprès de parler fort.

Quand j’ai mal à la tête, j’ai peur d’être une mauvaise maman. Je n’ai pas envie de jouer, je n’ai pas envie de rire. Je n’ai même pas la force de m’occuper de mon enfant. Et c’est très dur.

Quand j’ai mal à la tête, j’ai juste envie d’être dans le calme. Et dans le noir. Dans mon lit. Avec un gant d’eau froide sur la tête.

Quand j’ai mal à la tête, je n’arrive plus à me concentrer. Je n’arrive plus à travailler. Surtout devant un ordinateur.

Quand j’ai mal à la tête, j’ai envie de pleurer. Mais j’essaie de me retenir car je sais que ça ne va qu’empirer.

Quand j’ai mal à la tête, j’ai envie de partir, de tout laisser tomber. J’ai envie de vivre dans un monde sans douleur.

Quand j’ai mal à la tête, je me sens incomprise. La migraine est une douleur qui ne se voit pas. Et j’essaie de la cacher autant que je peux.

Quand j’ai mal à la tête, j’ai des idées noires.

Quand j’ai mal à la tête, j’essaie de penser à demain, quand la crise sera finie. Peut-être que je pourrai en profiter un peu plus. J’aurai sûrement plus le moral et le sourire.

La migraine

Tu l’auras compris, je souffre de migraines depuis quelques années déjà. J’ai des périodes vraiment pas géniales, où j’enchaîne les crises de migraine, et des périodes, heureusement plus longues, où ça va mieux. Pendant les périodes moins bien, je peux avoir jusqu’à deux crises par semaine, qui durent une journée ou plus. J’ai essayé de déterminer ce qui déclenche mes migraines :

  • la fatigue,
  • un trop-plein de sommeil,
  • du stress,
  • le relâchement de pression (pendant les week-end et les vacances par exemple),
  • la faim,
  • un repas trop copieux,
  • la chaleur,
  • le sport …

Un peu tout en fait, comme tu le vois. C’est donc un peu compliqué d’éviter les crises … Surtout qu’elles restent parfois inexpliquées. Et qu’entre les crises de migraines, il m’arrive aussi d’avoir mal à la tête … J’avoue qu’il y a des jours où je n’en peux tout simplement plus. Et puis, quand ça va mieux je me reprends. Et j’en profite. J’oublie ce mal de tête qui me ronge. Mais c’est dur. Dur de ne pas savoir comment se soigner. Dur de ne pas savoir comment guérir. Dur de ne pas savoir s’il est possible de guérir.

Il a fallu un peu de temps pour qu’un médecin me prenne vraiment au sérieux. On avait alors commencé un traitement : je devais prendre un traitement de fond, donc tous les jours, et j’avais un médicament en cas de crise. Celui en cas de crise ne fonctionnait pas. Le traitement de fond m’avait permis d’espacer les crises. Mais tu vois, j’avais à peine 25 ans, et je ne me voyais pas prendre un traitement tous les jours, toute ma vie. Surtout que ça ne me semblait pas un traitement si anodin que ça (même si on a beaucoup de recul dessus). Je sais que certains n’ont pas le choix. A cette époque, je n’étais pas prête. Qui sait, j’y retournerai peut-être un jour …

J’ai peur de transmettre cela à mes enfants car il me semble qu’il y a une grosse part héréditaire là-dedans. Alors je croise les doigts. D’abord pour qu’ils y échappent. Et puis, si jamais, pour qu’un jour, peut-être, la migraine soit un peu mieux connue et reconnue pour ce qu’elle a d’handicapant dans la vie de tous les jours. Pour qu’un jour peut-être la migraine soit un peu mieux comprise, et du coup mieux soignée. Et pour que si mes enfants en souffrent, ils n’aient pas ces périodes noires que je vis parfois. Je ne leur souhaite pas. Je ne le souhaite à personne.

Et toi, souffres-tu de migraines ? Connais-tu quelqu’un qui en a ? Raconte !

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19 Comments

  • Virg

    21 octobre 2019

    J’ai eu … et j’ai beaucoup moins. J’ai 38 ans, migraines à multiples causes comme toi, surtout hormonales et relâchement de la pression (ou comment tuer un weekend). À force de test et d’interrogations de plusieurs médecins/sportifs, j’ai trouvé mes parades. Le tai shi m’a aidée à gérer le stress (vive la respiration ventrale), l’ostéo m’a expliqué que j’avais de l’arthrose dans le cou (les maux de tête qui débutent dans la nuque…. grrr), un doc d’urgence m’a donné la piste de la migraine hormonale, etc. Donc maintenant j’identifie très facilement ce qui peut déclencher une crise, et peux donc agir en amont. Ça n’empêche pas les petits maux de tête et les « il ne faut surtout pas la laisser s’installer » ou « si je m’endors avec, demain c’est la migraine » mais je sais quoi faire immédiatement. Il ne faut pas rêver, je suis une consommatrice d’anti douleur, c’est ça ou c’est fichu.
    J’ai réagi comme toi à ton âge : je ne voulais pas être sous traitement, ça faisait droguée. Un jour, un doc m’a expliqué le mécanisme de la migraine, je n’ai alors plus hésité à lui casser la gu… avant qu’elle ne s’installe.
    Je te souhaite bien du courage, ce n’est vraiment pas simple.

    • Welna

      23 octobre 2019

      J’espère que les crises vont s’atténuer aussi, j’entends beaucoup de gens me dire qu’elles se sont espacées au fil du temps …
      Je recommence à voir un doc, car j’ai vraiment passé une très mauvaise période … On verra 🙂

  • Mme Tracteur

    21 octobre 2019

    Coucou,
    Migraineuse également, j’ai la chance d’en avoir nettement moins depuis ma 1ere grossesse. Quoique, des auras seuls ne sont pas là panacée non plus.
    Comme toi, j’ai tenter le traitement de fond, qui réglait définitivement le problème puisqu’il ralentissait mon cœur à à peine 40 battements /min lorsque un médecin s’en est aperçu et m’a conseiller d’arrêter (-5 battements /min encore en 1/2journee).
    Le traitement de crise bien pris marchait plutôt bien mais j’ai eu la chance qu’il me soit prescrit aux urgences de lariboisiere par un médecin qui vair participer à l’étude et m’a donc bien expliquer comment le prendre. Depuis, sans dire que c’est ton cas, j’ai lu un grand nombre de migraineux s’en plaindre mais mal le prendre…
    Pssons à ce qui me soulagerait :des tisanes de mélisse officinale (et pas de mélisse citronnelle hein) ou de fleurs de thym. Avec le thym, attention si tu es enceinte ou allaité par contre. A volonté, c’est ça qui est cool.
    Si ça peut t’aider ou en aider d’autres, tant mieux

    • Welna

      23 octobre 2019

      J’espérais aussi en avoir moins après la grossesse, mais non … Pour les traitements, de fond et de crise, il en existe pas mal mais qui ne fonctionnent pas forcément pour tous les patients, c’est aussi ça qui est difficile dans le traitement de la migraine …
      Merci pour tes astuces !

  • Doupiou

    21 octobre 2019

    Je n’ai jamais souffert de migraines jusqu’à mon premier accouchement il y a 4 ans en arrière. J’ai eu un violent malaise et après quelques IRM on m’a diagnostiquée migraineuse.
    C’est donc très récent, et les crises varient d’intensité. J’ai l’impression que les migraines me viennent surtout en période en fatigue bien que la dernière violente en date était au restaurant avec mes collègues de travail…

    • Virg

      21 octobre 2019

      Au resto, je te donne quelques pistes :
      – vin blanc : à partir du moment où on est migraineux, toujours vérifier la qualité du vin blanc utilisé pour le kir, beaucoup de resto utilisent de la piquette, il n’est pas toujours frais non plus. Or, le vin blanc joue sur le système nerveux. Fatal.
      – en cas de « je sens qu’elle n’est pas loin mais elle n’est pas là », rester calme, ok on parle moins fort et on est moins le rigolo de la table mais au moins on stoppe la progression
      – le bruit; pareil, rester calme
      – la chaleur : fuir
      Bon courage, je ne te souhaite pas la bienvenue dans la team migraineux, c’est trop nul 😉 pour ma part, j’ai hérité d’un excéma de ma grossesse.

      • Welna

        23 octobre 2019

        Merci pour tes conseils !

    • Welna

      23 octobre 2019

      Ici, IRM prévue aussi, mais juste pour vérifier que tout va bien. Je ne pensais pas que la grossesse pouvait déclencher des migraines, au contraire, on m’avait plutôt vendu la fin des migraines après la grossesse ! (ça n’a pas marché ici …) Courage en tout cas, c’est jamais facile, surtout quand on est avec du monde …

  • Colombine

    21 octobre 2019

    Je confirme pour le côté héréditaire : Mon Chéri est migraineux comme une partie de sa famille. Son cousin a identifié certains facteurs déclencheurs (le chocolat, le café en trop grande quantité) mais chez mon mari on n’arrive pas à trouver. Heureusement qu’il a de longues périodes sans avoir de migraines car elles sont si violentes que lorsqu’il est en crise il ne tient pas debout et rien ne le soulage…

    • Welna

      23 octobre 2019

      Dans ma famille aussi, il y a des migraineux, et également dans la famille de mon mari, donc je crains pour mes enfants …

  • Abby

    21 octobre 2019

    C’est un sujet que je connais malheureusement trop bien, me reconnaissant dans presque chaque ligne que tu as écrit. Bon courage à toi et merci pour ton article.

    • Welna

      23 octobre 2019

      Bon courage à toi aussi !

  • Véronique

    21 octobre 2019

    J’ai été migraineuse de l’âge de 5 ans à l’âge de 45 ans environ. En + d’apprendre à avoir de la distance, à moins stresser, et bien sûr d’essayer de repérer « les facteurs déclenchants » l’auriculothérapie m’a énormément aidé (vers chez moi, c’est une oncologue qui fait cela pour soulager ses patients atteints de cancer, mais qui accepte de traiter des personnes extérieures à son services si elles ont des douleurs fortes).

    • Welna

      23 octobre 2019

      A chaque grosse crise, j’envisage de me tourner vers d’autres médecines (je pense à l’acupuncture), mais je ne franchis jamais le pas …

  • Floconnette

    22 octobre 2019

    Bonjour Welna
    Je souffre aussi de migraines, j avais écrit sur ce sujet ici aussi.
    Je te comprends, en crise je maudis mon corps tout pourri et jen veux au monde entier. J ai envie d enfoncer un tournevis bien profond dans mon arcade droite et de tourner, tourner, tourner jusqu’à ce que le mal soit tué.
    Ici c’est hormonal alors mes fils n ont rien pour l’instant. Dans ma.famille ce ne sont que les femmes. A force de me.droguer de triptan j ai consulté un neuro qui m a prescrit un beta bloquant en traitement de fond. De 2 à 3 crises par mois de 4 à 8j chacune, je suis passée à 1 à 2 crises de 3 à 5j. Moins violentes un.peu. il a changé min triptan mais les effets secondaires sont catastrophiques. Je ne le pre.ds donc pas qd je dois conduire mes enfants à l école par exemple, j attends d arriver au travail et de ne plus trop.bouger.
    J ai un stérilet Kyleena depuis 1 mois et demi et je n en ai pas eue depuis… a voir dans le temps… Je ne voulais plus d hormones mais j étais à bout.
    Donc stérilet et bêta bloquant pour le moment

    • Welna

      23 octobre 2019

      Merci pour ton commentaire, je viens de lire ton article (mes excuses, je ne l’avais pas lu avant). Mais je comprends parfaitement tout ce que tu y écris … Ici, les triptans n’ont pas d’effets, j’ai été sous beta-bloquants, mais je n’ai pas souhaité continuer (comme je dis dans l’article, je pense que j’étais trop jeune). La dernière crise que j’ai eu a probablement été déclenchée par mon changement de pilule. Mais je sais que ce n’est pas que hormonal … Mes 2 parents avaient des migraines. Je garde toujours espoir que ça passe, un jour …

  • Madame Colombe

    23 octobre 2019

    En vous lisant, je comprends mieux le calvaire des migraineux. Vous avez toute ma compassion.
    L’acupuncture fait merveille pour bon nombre de douleurs et soucis de santé. Il suffit de trouver le bon praticien qui allie écoute et propreté, et on oublie vite les aiguilles.
    Je vous invite à essayer ?

    • Welna

      24 octobre 2019

      Merci pour votre message ! Je pense qu’il est difficile de se rendre compte de la douleur qu’on peut ressentir, car on essaie souvent de la cacher du mieux qu’on peut …
      Effectivement, pour l’acupuncture je pense qu’il faut trouver le bon praticien, mais je pense vraiment essayer.

  • Aurélie B

    7 novembre 2019

    Je compatis à tes migraines. J’en ai eu de nombreuses et très violentes aussi. Surtout à l’adolescence et à l’entrée dans l’âge adulte. Chaque fois avec aura et qui me mettaient à plat pour 2 ou 3 jours minimum. Dans ces cas là, je m’enfermais dans le noir, dans mon lit à attendre que ça se passe, je dormais beaucoup et vomissais aussi plusieurs fois. Puis, les migraines se sont espacées et ont à présent disparu depuis 5 ans environ. Et sans que je sache pourquoi… Je croise les doigts pour que cela continue… J’espère que tu parviendras à trouver une solution…

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