De l’énergie fossile vers l’énergie verte, une histoire de transition énergétique

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J’ai récemment regardé la série Chernobyl qui retrace l’histoire de la catastrophe nucléaire (si tu ne l’as pas vue et que tu es branché série, je te la conseille). Cette série est très réaliste et c’est pour cette raison qu’elle fait peur. On y voit toutes les conséquences de l’explosion nucléaire. Tous ces hommes et ces femmes irradiés, déportés, brisés. Je ne rentrerai pas dans les détails et explications de l’explosion pour ne pas te spoiler si tu veux regarder la série mais Internet regorge d’informations pour les curieux.

La France est le pays du nucléaire. 58 réacteurs. 72% de sa production en électricité. La raison en est historique. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, il était impératif pour De Gaulle de s’équiper de l’arme atomique. Du nucléaire militaire au nucléaire civil, il n’y a qu’un pas. Franchi d’autant plus facilement que le pays est à reconstruire et qu’il a des besoins énergétiques que les groupes de production déjà installés ne pourront pas combler dans les décennies à venir. La filière du nucléaire a de beaux jours devant elle.

Crédit photo (creative commons) : Pixabay

Cependant, cette solution rencontre très vite des opposants. En effet, deux problèmes de taille se dressent. Premièrement, les déchets radioactifs ont des durées de vie qui se comptent pour certains en millier d’années. La majorité d’entre eux (90%) sont les déchets à « vie courte »… c’est à dire que dans 300 ans, ils seront inoffensifs (sic). Deuxièmement, Tchernobyl et Fukushima nous ont montré que jouer avec les atomes comporte des risques majeurs, qu’il ne faut ni cacher ni minimiser. On a beau prendre toutes les protections nécessaires, le risque 0 n’existe pas. [Cependant, j’ose croire qu’en France ce risque est maîtrisé].

Alors, que faire ? Fermer toutes les centrales – comme l’Allemagne ? Et ces 72% d’électricité viendraient d’où ? Les anti-nucléaires citent souvent l’Allemagne comme modèle. Ils oublient cependant de mentionner que pour compenser ces fermetures, l’Allemagne a revu sa copie sur la fermeture de ses centrales à charbon… important contributeur des émissions de gaz à effets de serre. Le rythme de fermeture a très fortement diminué depuis 2011 (Fukushima) et le prix du charbon étant très bas (merci le gaz de schiste…) les centrales allemandes produisent beaucoup. Comme le montre la carte ci-dessous (carte interactive, je t’invite à cliquer sur le lien !), l’Allemagne ne fait pas tant figure de bonne élève en terme d’émission de CO2. Alors, où est l’urgence ?

Source : electricity Map / Emisssions CO2

Nucléaire, charbon, fioul… il n’y a pas de bonnes sources de production d’énergie. Mais nous sommes sauvés grâce aux énergies renouvelables, non ? Très franchement, je ne sais pas. Dans les énergies renouvelables on distingue 4 types :

  • L’hydraulique. En France, cette production représente environ 10% de la production globale. Pas mal, non ? Mais tous les sites pouvant être équipés le sont : notre production hydraulique peut donc être vu comme une constante. (La Norvège est au top côté hydraulique !)
  • L’éolien (4,5%). Plein de projets novateurs sont développés pour installer des éoliennes offshore. L’éolien terrestre est en plein essor. Mais le rendement de ces installations a besoin d’être encore perfectionné. Pas de vent, elles ne tournent pas. Trop de vent, elles ne tournent plus. Cependant d’année en année, les éoliennes se perfectionnent.
  • Le photovoltaïque (1,7%). Que faut-il pour produire un panneau solaire ? Du silicium. Aïe. Cet article explique assez bien pourquoi le silicium est nocif à l’environnement. Durée de vie des panneaux solaires ? Une vingtaine d’année. Vient ensuite la question du recyclage. Les parcs photovoltaïques sont eux aussi en plein essor, mais je ne suis absolument pas convaincue de leur plus-value écologique.
  • Reste les biomasses (1,7%). Je ne connais pas cette énergie renouvelable. Une petite recherche donne cette explication : L’énergie biomasse est la forme d’énergie la plus ancienne utilisée par l’homme depuis la découverte du feu à la préhistoire. Cette énergie permet de fabriquer de l’électricité grâce à la chaleur dégagée par la combustion de ces matières (bois, végétaux, déchets agricoles, ordures ménagères organiques) ou du biogaz issu de la fermentation de ces matières, dans des centrales biomasse (source : EDF) ça semble prometteur, non ? Produire de l’énergie  grâce à nos déchets, parfait ! Encore faut-il faire un tri des déchets digne de ce nom et organiser une collecte des déchets dans ce but…

Le gros problèmes des énergies éoliennes et solaires est qu’elles ne sont pas prévisibles à long terme. Il y a du vent / du soleil, il y a production. Il n’y en a pas, il faut trouver une autre source de production. Même si les technologies nous permettaient un bon rendement, qu’il y aurait suffisamment de puissance installée pour couvrir les besoins de la France, ça ne suffirait pas : il faudra toujours un back-up, ne serait-ce que pour alimenter les hôpitaux, les prisons, les feux de circulation… et nos chauffages pendant nos (plus si) froides nuits d’hiver.

D’ailleurs, petit aparté pour tous ceux qui pensent que souscrire un contrat à une « énergie verte » est une bonne idée. Premièrement, comme nous venons de le voir, ce n’est pas LA solution : ça ne reste qu’un contrat, un bout de papier qui ne reflète en rien la réalité du paysage énergétique : la France ne peut être entièrement alimentée par des énergies vertes – pour le moment. Alors, à quoi sert ce contrat ? A donner bonne conscience ? A s’autoriser à chauffer son logement 1°C de plus que son voisin ? Et puis, n’oublions pas que tous les groupes de production sont reliés au même réseau et qu’il est impossible de déterminer l’origine de chaque Watt consommé.En effet, entre les producteurs et les consommateurs, il y a le Réseau de Transport d’Électricité. Et c’est bien grâce à lui que même par les nuits sans vent, chacun continue à être alimenté. Grâce à lui et aux groupes de production historiques.

Peut-être as-tu fait la somme de tous mes chiffres, et constaté que tu n’arrives pas à 100%. La France a encore des énergies fossiles (charbon, fioul…) pour environ 10%. Celles là mêmes qui polluent un max et participent au réchauffement climatique.

Alors que faire ? Si tu as une réponse je prends ! En attendant voilà ce que je pense : il n’y a pas de bonne solution. Il y en a des moins pires que d’autres et le nucléaire en fait parti.

Et, à notre niveau, éteindre la lumière en quittant une pièce, remplacer la vieille télévision qui consomme beaucoup ou limiter le nombre d’écran par foyer, ne pas surchauffer l’hiver ou mettre la clim à fond l’été, c’est déjà un bon début (et ça réduira ta facture, que du bonus).

Et pour aller plus loin si tu le souhaites : l’IRSN explique très bien le fonctionnement d’une centrale nucléaire. Et tu trouveras ici une vidéo expliquant les effets des rayons ionisants.

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4 Comments

  • TarteAuxPommes

    26 août 2019

    Merci pour cet article très complet !
    Ça rejoins bien ce que je pense et sais déjà sur le sujet : pas de solution miracle, malheureusement.
    Je suis souvent (très) agacée par les militants des deux bords qui refusent d’enlever leurs œillères. Les gens du type Jancovici d’un côté qui affirment que hors du nucléaire point de salut, que les ENR ne servent à rien et que les déchets radioactifs ne sont qu’un problème secondaire (vraiment?!!) et de l’autre les militants anti-nucléaire qui affirment qu’un scénario 100% est réalisable sans soucis et forcément avantageux d’un point de vue émission de CO2 (et l’Analyse de Cycle de Vie des panneaux photovoltaïques alors ?!!)… Un peu d’honnêteté intellectuelle que diable ! Bon après, à part les gens de Total, il semble tout de même y avoir un consensus pour dire que les énergies fossiles c’est pas terrible. Mais comme tu l’écrit, si on veut garantir l’approvisionnement à tout moment, on est quasiment obligé d’avoir une puissance installée de thermique équivalente à la puissance installée de PV et d’éoliennes…
    Bref, pas de solution parfaite, mais notre société tourne à l’énergie… Alors, « sobriété », on ne le dira jamais assez.

  • Valoula

    26 août 2019

    Merci pour cet article intéressant. De mon côté je suis un cours gratuit en ligne sur le site de l’Open University (je réside au Royaume-Uni) qui s’intitule grosso modo ‘Les énergies renouvelables peuvent-elles remplacer les énergies fossiles ?’. Il y est clairement indiqué que l’énergie solaire si elle était utilisée de manière optimale pourrait couvrir 6 fois les besoins énergétiques de la planète (par rapport à ce qu’on utilise aujourd’hui).

  • Doris

    26 août 2019

    Oh merci pour cet article!

    Je suis chimiste de formation avec une spécialisation en gestion et dépollution de l’environnement et cela fait des années que je tente tant bien quel mal d’expliquer à mes proches que le nucléaire est la meilleure solution actuellement.

    Et pourtant, étant plus jeune, comme la majorité des français, je pensais le contraire!
    Mais j’ai eu des cours sur le nucléaire qui m’a permis de mieux comprendre son fonctionnement. Grâce à d’autres cours, j’ai aussi ouvert les yeux sur les méfaits du bois, fioul, charbon et j’ai pris conscience que les énergies dites renouvelables n’étaient pas les moins polluantes.

    Le problème, c’est que les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas. Et le nucléaire en fait partie.
    En France, cette technologie est maîtrisée depuis longtemps.
    De plus, les déchets du nucléaire sont des déchets qui « se voient ». Alors que la combustion du bois, du charbon et du fioul sont tellement plus dangereux pour nous…Ils produisent beaucoup plus de déchets mais ce sont des déchets qui ne se voient pas (particules en suspension dans l’air, métaux lourd etc) et qui impactent directement notre santé. D’ailleurs, le choix de l’Allemagne d’intoxiquer sa population avec le charbon m’a toujours profondément choquée.
    Les scientifiques travaillent depuis plusieurs années sur un nouveau type de réacteur qui permettrait de produire moins de déchets qu’aujourd’hui.

    Pour parler des panneaux solaires et des éoliennes. Le problème se pose quand on regarde le cycle de vie de ces produits. Leur production, acheminement et fin de vie ont des conséquences désastreuses pour l’environnement…Et tout ça pour un rendement vraiment pas terrible.
    Pour leur production, beaucoup de matières premières (rares ou polluantes) et beaucoup d’énergie (produite grâce au charbon en majorité) sont nécessaires.
    Pour leur acheminement, rien de mieux que des cargos utilisant du pétrole (la pollution d’un seul cargo équivaut à environ 50 millions de voitures). Sans compter que les cargos ont régulièrement des fuites et perdent leur marchandise.
    Pour l’installation, là encore, impact écologique conséquent. Béton, acier, électronique…Destruction des fonds marins pour l’offshore.
    Une fois en place, les éoliennes tuent beaucoup d’espèce volantes (oiseaux, chauves-souris…). Il faut traiter les panneaux solaires avec des produits chimiques et désherber.
    Et concernant le recyclage, c’est encore un autre problème…

    Aujourd’hui, le moins polluant, ce sont le nucléaire et l’hydraulique.

    Donc oui, il faut absolument que les gens changent leur vision face au nucléaire.
    Mais il faut surtout comme tu le dis si bien, que nous changions tous notre façon de consommer et de vivre au quotidien afin de réduire notre consommation d’électricité.

    Car la meilleure des énergies, est celle qu’on ne produit pas.

  • Sarah

    26 août 2019

    merci pour cet article qui résume très bien l’état actuel des choses.
    Je rejoins Doris sur le fait que le problème n’est pas forcément de savoir quelle énergie utiliser, mais d’utiliser de l’énergie !
    Bon clairement le charbon c’est la merde, mais après ? Les énergies renouvelables (si on oublie les matières polluantes qui servent à leur construction) c’est pratique et ça produit pas mal d’énergie … en discontinue… et on ne peut pas la stocker. Le jour où on saura stocker cette énergie ce sera sûrement l’une des meilleures avancées de ces dernières années, mais en attendant, pas de solution miracle.
    Il faut de la croissance et de l’économie à tout prix, donc aucune restriction. Mais je ne crois pas que ça va durer … et on ne sera pas gagnant.

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