Le vaginisme, atteinte à ma féminité

seule sur la plage de galets

J'ai toujours eu plus ou moins mal lors des rapports sexuels. Je me rappelle de ma première expérience : douloureuse. J'avais 17 ans, et c'était aussi sa première fois à lui. Mon premier amoureux, nous découvrions tout ensemble. Je me disais que c'était normal d'avoir mal lors du premier rapport… mais le problème, c'est que ça a continué pendant 3 ans. Avec lui. Aussi inexpérimenté que moi, on prenait quand même du plaisir, mais avec le recul, je pense que c'était toujours lorsqu'il n'y avait pas pénétration.

Et puis un jour, j'ai eu un déclic ; je me suis souvenue que lorsque j'avais 3 ans, j'avais subi des attouchements sexuels par un oncle. C'était tellement lointain dans ma mémoire que je croyais que j'avais tout inventé. J'en ai parlé à ma sœur, qui elle aussi avait été sa victime. J'ai beaucoup pleuré, me disant que c'était à cause de ça que ma vie sexuelle n'était pas pleinement satisfaisante.

Nous en avons parlé à ma mère, qui minimisait les faits. Je n'ai pas osé lui dire les conséquences que cet acte avait sur ma vie sexuelle. Et puis elle se sentait déjà terriblement coupable de ne rien avoir vu à cette époque. Mon oncle, lui, est dans une telle dépression que j'ai du mal à lui en vouloir. Je pense que son mal-être est dû à ça, mais je ne lui en ai pas parlé. Nous ne sommes pas proches du tout, et il avait 14 ans à l'époque.

J'ai eu d'autres petits copains. Ça se passait plus ou moins bien, mais j'appréhendais à chaque fois l'acte. Certaines fois, j'avais très mal, d'autres fois ça allait.

seule sur la plage de galets

Crédits photo (creative commons) : DeeAshley

A 23 ans, j'ai décidé de voir un psy pour en parler. J'y suis allée 4 fois, mais je n'ai pas l'impression que ça ait changé quoi que ce soit.

A 27 ans, je me suis mariée et je suis tombée enceinte (oui, on peut quand même tomber enceinte naturellement, malgré ce problème !). Mon mari est très patient, compréhensif et il me rassure tout le temps quand ça « rentre » difficilement.

Les rendez-vous chez le gynécologue étaient quand même une torture. Me retrouver dans cette position, la même que lorsque j'avais 3 ans m'était très pénible. La gynéco a alors mis un mot sur mon problème : vaginisme.

J'ai beaucoup pleuré, j'étais très angoissée par l'accouchement. J'avais peur de ne pas pouvoir accoucher, de serrer involontairement mes muscles et de bloquer le passage du bébé. J'avais aussi peur des séquelles de l'accouchement. Je me demandais si, comme j'avais mal déjà avant lors des rapports, j'aurais encore plus mal après. Finalement, avec la péridurale, tout s'est bien déroulé. Ma sage-femme me disait même qu'un accouchement pouvait régler ce problème.

Et puis… non. 6 mois après la naissance, j'ai toujours mal lors mes rapports. Rien n'a changé, tout est redevenu pareil. La rééducation périnéale est très douloureuse (en raison de l'insertion d'une sonde). Ma gynéco me pousse à voir un sexologue, à en parler à un psy. Je n'ai plus envie. Je sais pourtant que tout est dans ma tête, que tout est dû à cet attouchement. J'essaie de me rassurer, de respirer, de me détendre au maximum. Mais un verrou est bloqué, et j'aimerais tellement avoir une vie sexuelle épanouie et qui plaise aussi à mon mari !

Je sais que mon cas n'est pas désespéré. En faisant des recherches sur Internet, j'ai découvert qu'il y a plusieurs sortes de vaginisme. Le vaginisme primaire et le secondaire. Le vaginisme peut être dû à une violence sexuelle, ou à une méconnaissance du corps qui entraîne ces troubles. Les muscles se serrent involontairement et la douleur lors d'une pénétration est alors intense.

A l'heure où le sexe est partout, il est difficile d'admettre que faire l'amour peut être douloureux. Cet acte si naturel et beau me fait souffrir, et c'est devenu un sujet tabou.

Toi aussi, tu connais une telle gène lors des rapports sexuels ? As-tu réussi à trouver des solutions pour ne plus avoir mal et avoir une plus épanouie ?

Tu veux témoigner, toi aussi ? C'est par ici !

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12 Comments

  • Carbo Queen

    7 octobre 2014

    Chère Madame Angoissée,

    Je suis désolée de te voir souffrir ainsi. Ce que tu as subi, et que tu continues de subir aujourd’hui, est vraiment injuste.

    J’aimerais rappeler qu’heureusement, le sexe ne se réduit pas à la pénétration. Il y a des tas d’autres choses qu’on peut faire et qui donneront beaucoup de plaisir aux deux partenaires.
    Rien n’oblige à faire comme dans les films, où le sexe, c’est systématiquement des bisous et des caresses, pour finir sur une pénétration qui fait jouir les deux participants en trente secondes maxi. Je crois d’ailleurs que dans la réalité, peu de femmes atteignent l’orgasme lors d’une pénétration. Cette vision réductrice de l’acte sexuel nuit au plaisir des femmes !

    Je n’ai donc qu’un seul conseil : faites ce qui vous fait plaisir. Si ça fait mal et que ça ne te plait pas, laisse tomber. Crois-moi, ton mari prendra beaucoup plus de plaisir lui aussi s’il sent que tu es détendue et heureuse, pénétration ou pas !

    Personnellement je ne suis pas une super fan de pénétration, ça a tendance à me faire un peu mal à moi aussi. Résultat, je n’avais jamais très envie de faire l’amour… Depuis que nous avons laissé tomber cette vision classique du sexe, je pense que notre couple est beaucoup plus épanoui sur ce plan là. Laisse libre cours à ton imagination : avec les mains, la langue, tout ce que tu veux, je suis sûre que vous pourrez vous donner réciproquement énormément de plaisir.
    A bas le sexe rigoureux, et vive le sexe fun !

    • Nathalie

      7 octobre 2014

      Dommage qu’on ne puisse pas liker un commentaire!

    • Madame Angoissee

      8 octobre 2014

      Merci Carbo Queen! Oui nous prenons du plaisir mais je culpabilise tjs un peu de ne pas faire l’amour « comme il faut ». Il faut que je sois hyper détendue pour que ça marche et encore! Sans rentrer dans les détails trop crus, certaines positions (pourtant pas alambiquées!) me sont infaisables et ça me frustre…mais bon, tu as raison je crois qu’on est trop conditionnés par les films et finalement, il n’y a pas de « normalité » dans l’amour. Chaque couple a son jardin secret et fait comme il veut…

  • Inno

    7 octobre 2014

    J’ai le même problème que toi. Je suis allée voir un sexologue + rééducation périnéale pour apprendre à détendre le muscle, et ça s’est atténué (sans partir mais c’était beaucoup mieux). Je dois te dire aussi qu’il faut bien + que 4 séances chez un psy ou un sexo pour voir une amélioration sur quelque chose qui dure depuis des années. Les états psychiques ne se règlent pas comme des rhumes (malheureusement). Donc n’hésites pas à recommencer et si ça ne passe pas bien avec un professionnel, tu peux en essayer un autre (le 1er sexo que j’avais vu ne me convenait pas mais le 2è était très bien). Courage !

    • Madame Angoissee

      8 octobre 2014

      Merci Inno, je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule. Tu es courageuse d’en parler à un sexologue, c’est tellement intime. Est-ce que tu dois faire des exercices pratiques ou c’est juste de la discussion? Tu y vas en couple ou seule?
      La psy que j’avais vue ne me convenait pas en effet, j’étais pas à l’aise de raconter ma vie intime. Pour l’instant je dois dire qu’avec l’arrivée du bébé, ma libido a pris un sacré coup! Mais si jamais ce problème nous frustre encore et surtout si ça s’aggrave, je sais que la seule solution sera d’aller consulter et de ne pas me trouver de fausses excuses…

  • Chat-mille

    7 octobre 2014

    Je connais quelqu’un qui a le même souci, peut-être même de façon plus intense puisque la pénétration est inenvisageable pour elle. Comme dit plus haut, il y a heureusement d’autres moyens !

    Pour la rééducation périnéale, je ne sais pas si c’est possible dans tous les cas, mais moi j’en ai eu une sans sonde, qui fonctionne en faisant travailler les différentes parties par des exercices d’imagination (comme lancer la vessie en l’air, refermer les grandes portes, tout ça tout ça)… je ne sais plus comment ça s’appelle. Mais si tu envisages un jour une seconde grossesse, peut-être que ça pourrait être moins traumatisant… Et ça pourrait peut-être même t’aider à envisager plus sereinement cette partie de ton corps.

    • Madame Angoissee

      8 octobre 2014

      Oui c’est terrible…j’ai la chance de pouvoir être tomber enceinte sans problème et de supporter quand même quelque fois la pénétration.
      La sonde m’a fait très mal lors de la 1° insertion mais depuis, ça va un peu mieux. Ma sage-femme est très douce et arrive à me décrisper. Je « sens » mieux cette partie du corps. Mais pour la 2° grossesse, peut être que j’essaierai une autre méthode oui!

  • Ael

    9 octobre 2014

    Bonjour
    Même soucis…. pendant au moins 10ans. Être allée voir une sexologue m’a beaucoup aidé, en une seule séance. Il faut trouver le bon thérapeute avec qui le courant passe. La thérapie est sans doute plus longue normalement et on peut y aller seule ou à deux au premier rendez vous.
    Il faut changer sa vision et intégrer le fait que le sexe c’est bien, qu’il n’y a rien de mal….

  • Nefret

    9 octobre 2014

    Merci Madame Angoissée pour cet article. J’ai également ce problème, à « gravité » variable selon les périodes de ma vie… parfois il se fait quasiment complètement oublier, parfois très très (trop) présent… Cela complique vraiment la vie dans ces périodes! Et c’est difficile d’en parler (surtout quand on est pudique), ce qui ne rend pas les choses plus faciles à supporter. Mais merci encore, déjà ca rassure de savoir qu’on est pas un cas si rare, et puis, grâce à toi et à ton article, peut-être que certaines personnes ont découvert ce problème et pourront mieux réagir/accompagner leurs petites amies ou simplement amies!
    Bon courage à toi, à Inno, à ael et toutes les autres.
    Petite question pratique, (bête mais utile) pour ael et Inno : comment faire pour trouver un sexologue? ca n’a pas l’air d’être une spécialité référencée sur l’annuaire des médecins de l’assurance maladie (site drôlement pratique par ailleurs…)… et ce n’est pas une question que j’ai osé crier sur les toits…

  • Ael

    9 octobre 2014

    Bonjour Nefret

    J’ai juste regarde sur Google! Et je me suis fiee au site de cette personne.
    Souvent ils notent leur parcours professionnel,leurs références et leurs spécialités.
    Moi non plus je ne pouvais en parler autour de moi. C’est un sujet délicat tout de même.

  • EliseAnne

    12 octobre 2014

    Bonjour Madame Angoissée,

    Merci beaucoup pour ton témoignage très courageux.
    Pour compléter ce qui a été dit dans les autres commentaires, je pense qu’en complément de thérapies sexo et psy, des séances avec un thérapeute manuel travaillant en somato-émotionnel te ferait surement beaucoup de bien. Je m’explique, le psy et le sexo vont agir sur ton vécu et les mécanisme psychologiques, qui malheureusement, provoquent un blocage violent sur ta sphère gynécologique. Malheureusement il arrive qu’après un traumatisme violent, le corps verrouille complétement une de ses parties et la rebloque comme si tu revivais le traumatisme à chaque sollicitation. C’est un peu comme une plaie ou une brulure qui n’aurait jamais cicatrisé mais qui ne serait douloureuse que lorsque on la touche. Bien sur tu peux apprendre à l’amadouer, en faisant des exercices de respiration, en étant détendue et en confiance avec ton mari, … mais comme le mécanisme est de l’ordre du réflexe, il peut rester malgré tout en toile de fond. C’est ce qui explique que des personnes ayant fait des thérapies les ayants beaucoup aider psychologiquement n’arrivent pas à se « débarrasser » entierment de la douleur, le corps, lui, n’a pas « laché ».
    Voila j’espère que cela pourra t’aider un petit peu plus.
    Bon courage et beaucoup de bonheur pour la suite.

  • Milune

    15 octobre 2014

    Je suis atteinte de ce pb depuis toujours comme toi il y a des fois où ça fait plus ou moins mal mais le sexe a été rarement quelque chose d’agréable pour moi. J’en parle depuis des années à ma gynéco qui ne prend pas mon pb au serieux, elle me donne des crèmes qui ne servent à rien ! Je n’ai jms osé à en parler à d’autres personnes.

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