Contexte de la malnutrition en Afghanistan
La situation en Afghanistan est alarmante, avec plus de 15 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Les femmes et les enfants, notamment, ressentent les impacts dévastateurs de cette crise. Le pays, déjà marqué par des décennies de conflit, se retrouve à la croisée des chemins, où la guerre et les défis économiques exacerbent les problèmes de nutrition. En raison de ces conditions, l’Afghanistan est devenu l’un des pays les plus dangereux pour les bébés et les mères.
La situation s’est détériorée à la suite de la prise de pouvoir des talibans en 2021, qui a entraîné une coupure significative des aides étrangères. En quelques mois, les programmes mis en place par des organisations comme UNICEF et le PAM (Programme Alimentaire Mondial) ont été sévèrement touchés. Dans un pays où près de deux millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, la situation nécessite une attention urgente.
Les causes de cette malnutrition sont multiples. D’abord, les crises économiques et politiques ont exacerbé la pauvreté. Plus de 80 % de la population dépend de l’agriculture, mais le changement climatique a miné leur capacité à cultiver des aliments en raison des sécheresses fréquentes et des inondations. En conséquence, les marchés sont souvent vides, et les familles luttent pour se nourrir.
Les mœurs sociales ont également un rôle à jouer. La faible alphabétisation en matière de santé et de nutrition, particulièrement chez les femmes, limite leur accès aux informations nécessaires pour nourrir correctement leurs enfants. Les restrictions imposées par le régime taliban sur la mobilité et l’éducation des femmes influencent directement leur capacité à accéder aux soins de santé, aggravant ainsi la situation nutritionnelle des jeunes enfants.
Impact de la crise sur la santé des mères et des enfants
Les conséquences de la malnutrition sur les femmes et les enfants sont tragiques. En début d’année, l’Afghanistan a enregistré une des plus fortes hausses de malnutrition infantile, avec seulement 12 % des enfants âgés de 6 à 24 mois recevant des quantités adéquates de nourriture. Ce problème touche particulièrement les femmes, souvent exclues des décisions concernant la nutrition familiale.
D’après plusieurs rapports, environ la moitié des enfants afghans souffrent de malnutrition aiguë, affectant leur croissance physique et cognitive. Les mères qui ne recoivent pas une alimentation adéquate transmettent cette malnutrition à leurs enfants, entraînant une spirale intergénérationnelle de carences nutritionnelles.
Le lien entre la malnutrition maternelle et infantile est bien documenté. Lorsque les mères manquent de nutriments essentiels, cela entraîne un nombre croissant d’enfants mal nourris. Selon l’ONU, près de la moitié des enfants afghans souffrent de malnutrition chronique, ce qui les rend vulnérables aux maladies et au retard de développement.
La tragédie est visible dans des lieux tels que le cimetière de Sheidaee, où les reporters ont constaté que deux tiers des gravés étaient des enfants. Des hôpitaux, comme celui de Badakhshan, sont remplis de petits malades, partageant des lits, illustrant le désespoir qui règne dans le pays. Leurs histoires, comme celle de Sana, une fillette de trois mois, illustrent l’urgence de la situation : cette petite est décédée après avoir souffert de malnutrition aigüe.
Interventions et aide humanitaire
Face à cette crise élevée, diverses organisations humanitaires tentent de fournir une aide ciblée. UNICEF, Médecins Sans Frontières, et Action contre la Faim déploient des efforts pour éradiquer la malnutrition aiguë. Par exemple, UNICEF a lancé un plan conjoint avec le PAM en août 2024 pour arrêter la dénutrition, soulignant l’importance de la nutrition maternelle et des solutions alimentaires locales.
Ces interventions se concentrent sur plusieurs axes :
- Amélioration de l’accès à des aliments nutritifs pour les femmes ayant des enfants mal nourris.
- Éducation sur les pratiques d’allaitement et la nutrition.
- Soutien économique pour permettre aux femmes de subvenir aux besoins de leurs familles.
Les organisations, comme la Croix-Rouge et Save the Children, soutiennent également des formations qui visent à autonomiser les femmes et à renforcer leur autonomie. Ces mesures sont cruciales pour briser le cycle de la malnutrition et pour aider les familles à devenir autosuffisantes.
Malgré les efforts, la situation reste fragile. Les financements sont constamment menacés en raison des restrictions politiques et économiques, et de l’audit sur l’aide humanitaire. Par conséquent, il est essentiel d’accroître la sensibilisation sur cette crise pour garantir que le soutien nécessaire parvienne aux plus vulnérables, les femmes et les enfants en premier lieu.
Le rôle critical des institutions internationales
Les institutions internationales, telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des ONG comme CARE International, jouent un rôle essentiel dans l’atténuation des effets d’une telle crise. Ils fournissent non seulement des secours immédiats, mais également des efforts de prévention à long terme.
Les efforts comprennent :
- La formation des agents de santé locaux pour traiter la malnutrition aiguë sévère.
- Les campagnes de vaccination et de santé préventive.
- La mise en place de pôles de santé accessibles aux femmes et enfants.
Un aspect vital est l’étude continue des conditions sur le terrain. Comme l’indiquait un rapport de Johns Hopkins, une partie importante des professionnels de santé en Afghanistan perçoit une augmentation du taux de mortalité maternelle et infantile. Les efforts immédiats doivent donc être concentrés pour permettre un accès aux soins de santé adéquats et aux médicaments essentiels.
Des initiatives de financement doivent également être explorées pour garantir que les systèmes de santé et les programmes nutritionnels puissent fonctionner efficacement sans dépendre des aides externes qui peuvent être suspendues. Cela nécessite de transformer la résilience économique à long terme pour ces communautés.
Perspectives d’avenir et solutions durables
Pour résoudre le problème complexe de la malnutrition en Afghanistan, il est crucial de contempler des solutions à long terme qui englobent non seulement le soulagement immédiat mais aussi le développement durable. Grâce à une coopération accrue, tant au niveau national qu’international, il est possible d’apporter des changements significatifs.
Les stratégies futures doivent intégrer :
- La promotion de l’agriculture durable et une sécurité alimentaire améliorée.
- Des politiques publiques qui favorisent l’éducation des femmes en matière de nutrition.
- Le développement d’infrastructures santé pour les femmes et les enfants.
Le développement d’initiatives respectant la gastronomie locale et les cultures alimentaires est essentiel pour ancrer les solutions dans les enjeux locaux. Cela pourra renforcer le lien communautaire et améliorer la qualité de vie.
Le rôle constant des ONG comme World Vision ou Fondation Aga Khan est inestimable pour bâtir un avenir décent pour les générations futures. Sans un engagement continu de ces acteurs, l’accent sur la nutrition des femmes et des enfants pourrait facilement être négligé, exacerbant ainsi la tragique spirale de la malnutrition.
