Hacke ta vi(ll)e

Street art éco-responsable

Ce que j’aime en ville, c’est le foisonnement de la vie. On y trouve le pire et le meilleur (forcément, plus il y a du monde, plus il y a de probabilités de rencontrer les deux extrêmes #captainobvious), le beau, le moche.

Ce que je n’aime vraiment pas, c’est l’architecture. Je n’aime pas me sentir oppressée par les bâtiments, par le gris (voire le noir) des rues, le smog. En général, la ville, ça manque de vert, de bleu, de jaune, de rouge… Bref, ça manque de couleurs.

Alors si, comme moi, tu as envie de mettre un peu de couleurs dans ta vi(ll)e, tu peux suivre ces quelques idées. Ça marche aussi si tu vis dans le centre d’un village (comme moi) ou d’un hameau. Tu verras, tu devrais trouver ton bonheur.

Yarn bombing

Histoire de mettre les tricoteuses, les crocheteuses (oui, oui, ça se dit !) et les brodeuses d’accord, on commence avec le yarn bombing (en français, « explosion de fils »).

Si tu aimes la couleur, tu vas être servie !

Le principe est simple : tu recouvres le mobilier urbain de travaux en laine (ou de ton fil fétiche… ou qui traîne). Tu peux confectionner des écharpes et bonnets aux statues de ton quartier, recouvrir un banc de carrés tricotés ou crochetés, broder au point de croix géant les grilles et grillages, etc. Si tu veux des exemples, tu peux jeter un œil sur mon tableau Pinterest.

Street art éco-responsable

Crédits photo : Capture d'écran de Pinterest

J’aime particulièrement ces espaces de poésie qui apparaissent ça et là dans l’espace urbain. Et puis, ça permet d’écouler les fins de pelotes.

Seed bombing

Si tu préfères le vert et la chlorophylle aux couleurs de la laine, les bombes de graines sont faites pour toi (d’autant plus si tu côtoies des enfants ou que tu es toi-même restée une grande enfant).

Ici, pas besoin d’être douée de tes dix doigts pour y arriver. Il te faut du compost mûr ou du terreau, de l’argile, des graines de fleurs (mellifères si possible) et de l’eau. Le principe est simple : on crée des bombes de graines enrobées dans de l’argile et de la terre, qu’on envoie et qu’on oublie jusqu’à la germination.

La terre et l’argile serviront à la fois de protection contre les oiseaux qui aiment picorer les graines libres, de protection contre le froid ou le chaud et de support pour la pousse de tes fleurs.

Comment on fait ?

  • lange un tiers de compost mûr ou de terreau avec deux tiers d’argile.
  • Ajoute un peu d’eau (le mieux est d’utiliser un vaporisateur) et les graines. Pour les graines, tu peux en acheter (mais veille à en choisir des bio, car les graines conventionnelles sont traitées et donc dangereuses pour les abeilles) ou en récolter sur des fleurs sauvages ou non traitées. Il faut avoir l’œil, mais le réflexe vient assez naturellement, et on revient régulièrement de balade les poches (ou les pochettes en tissu, si tu es prévoyante – ce qui n’est pas mon cas) pleines.
  • Mélange jusqu’à obtenir une consistance qui permet de créer des boulettes.
  • C’est parti ! Tu peux aller à la recherche d’un petit coin propice à la vie : des pieds d’arbres, des jardinières vides, un petit coin de terre dans une friche… les possibilités sont nombreuses.

Tu trouveras un petit tutoriel et plus d’informations ici.

Tu as vu, c’est pas bien compliqué, totalement kid-friendly, et même senior-friendly !

Les graffitis en mousse

C’est toujours pour toi si tu aimes la chlorophylle et que tu veux occuper tes enfants, tes grands-parents, ou si tu t’ennuies. La recette est simple, l’entretien un peu plus compliqué.

Il faut mélanger de la mousse, un yaourt nature (mais un vrai yaourt !), de la bière et du sucre au mixeur.

Ensuite (et c’est là où le bât blesse si, comme moi, tu es une quiche pour le dessin), tu t’attaques au motif. Soit tu crées un pochoir et tu peindras l’intérieur par la suite, soit tu peins directement à main levée (si tu y arrives, chapeau !).

Il faut choisir un mur poreux pour que la mousse puisse s’accrocher. Tu reviens régulièrement pour arroser avec un vaporisateur, et tu regardes pousser.

Si tu veux voir quelques idées de graffitis de mousse, tu peux à nouveau jeter un œil sur mon tableau Pinterest.

Les Incroyables Comestibles

Hack ultime en ville, faire pousser de la nourriture. Oui, parce que les fleurs et la mousse, c’est bien joli, mais ça ne nourrit pas un humain !

Le principe est simple : des fruits et légumes gratuits et frais accessibles à tous ! Tu peux te lancer toute seule en mettant une jardinière dans ton immeuble, ou tu peux créer un groupe des Incroyables Comestibles dans ta commune, ou rejoindre un groupe déjà existant. Pour cela, va faire un tour sur le site des Incroyables Comestibles.

Certaines villes, comme Detroit ou Seattle, ont même créé des forêts urbaines. Il y a aussi Juan Anton Alzira qui, depuis 30 ans, s’obstine à planter des arbres fruitiers pour que tout le monde puisse avoir de quoi se nourrir.

Les Legos au secours de nos maisons

Alors là, c’est mon coup de cœur ! Mais il faut que tu saches que j’adore les Legos. Mais vraiment beaucoup !

Il te faut une bonne dose de briques Legos et un mur abîmé. Ensuite, tu combles le trou du mur avec des Legos. La couleur s’invite de nouveau au cœur de nos villes, et c’est sympa !

Alors là encore, si tu veux des exemples, même tarif que pour le reste, tu peux faire un tour sur ce tableau Pinterest.

Street art éco-responsable

Crédits photo : Capture d'écran de Pinterest

Tu as vu, il existe plusieurs façons de transformer la ville de façon ludique et à moindre coût. Je n’ai pas parlé des collages, graffitis, tags en tous genres, même si j’adore ça, puisque tout le monde (ou presque) connaît ! Je voulais plutôt t’ouvrir une fenêtre sur un street art plus éco-responsable (parce que les aérosols de peinture, c’est pas top top) et te montrer que d’autres modèles sont possibles (notamment à travers les Incroyables Comestibles).

Et toi ? Tu connaissais ces différentes expressions du street art ? Ça te donne envie d’essayer ? En connais-tu d’autres que tu voudrais nous faire partager ? Viens nous dire !

Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !

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22 Comments

  • Pitch

    1 septembre 2016

    Sympa toutes ces idées ! Mais légalement parlant, on a le droit???

    • Flora

      1 septembre 2016

      J’allais poser la même question 🙂

  • Chacha D'avril

    1 septembre 2016

    J’adore le graffiti de mousse !!!
    Mais comme les commentaires précédents, je ne sais pas si c’est légal.
    Par contre, le jour où j’aurais une maison, je me vois bien décorer un muret comme ça ^^

  • Madame Bisounours

    1 septembre 2016

    Coucou les filles, à priori, à moins de balancer des graines de canabis, de tabac ou de pavot à opium, il n’y a rien d’illégal là dedans !
    Pour les graffitis de mousse, il faut choisir un mur poreux où la mousse pousserait naturellement. Le pire qu’il puisse arriver c’est qu’on détruise votre œuvre !
    Après il y a des mairies plus ou moins sensibles à ce sujet.

    • Pitch

      1 septembre 2016

      Merci pour ces infos ! bon après pour faire ma chiante je verrais des legos ou des décorations au crochet dans ma rue je trouverais ca chouette du moment que la personne qui les mets s’assure de les enlever quand ca devient cracra (autant la laine je pense que c’est que c’est biodégradable, autant les legos c’est certain que non)

  • Mademoiselle Bulle

    1 septembre 2016

    Alors, j’ai vérifié rapidement sur Légifrance. L’article 322-1 du Code Pénal indique ceci : « La destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui est punie de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, sauf s’il n’en est résulté qu’un dommage léger.

    Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3 750 euros d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général lorsqu’il n’en est résulté qu’un dommage léger. »

    Je n’ai pas trouvé dans la jurisprudence de mention de ces différentes pratiques, mais si on se base sur le texte pur, a priori la seule pratique vraiment illégale ici serait le graffiti de mousse.

    En revanche, j’ai trouvé une autre indication qui interdit d’entraver ou de gêner la circulation sur les voies publiques. Donc pour les Incroyables comestibles, c’est mieux si la mairie est sensibilisée à la question, et qu’elle a installée d’elle-même des pots destinés aux plantations !

    Après, tout dépend de la sévérité des agents publics du coin, et à l’emplacement choisi pour s’exprimer : le joli muret de Lego risque de finir à la poubelle s’il complète le mur écroulé du monument historique local 😉
    Mais là, ça relève plus du bon sens ^^

    • Madame Bisounours

      1 septembre 2016

      Effectivement pour les Incroyables comestibles il vaut mieux voir avec la mairie, ou la copropriété avant de t’y mettre ! Mais en allant voir sur leur site, ils expliquent bien mieux que moi !
      Pour le reste (en particulier la mousse et les Lego ) il ne faut évidemment pas toucher aux monuments classés ou avec une connotation religieuse ou spirituelle, mais comme tu le dis, c’est une histoire de bon sens !

  • Miss Chat

    1 septembre 2016

    Je trouve l’effet très joli mais comme les autres commentatrices, je ne suis pas sûre de la légalité de ces décorations (bon les tags, je suis sûre que tu n’as pas le droit sans l’autorisation du proprio :p ). Et même si le proprio est d’accord, l’urbanisme peut encore décider que ça ne correspond pas aux directives locales. Franchement, je n’apprécierais pas (du tout) que quelqu’un vienne taper des Legos dans un trou de mon immeuble sans demander…
    Enfin voilà, joli mais difficile à mettre en oeuvre, je pense.

  • MlleMora

    1 septembre 2016

    C’est sympa, mais effectivement comme les filles je me pose la question de la légalité… Après, y a des coins vraiment moches à qui ça ne fait pas de mal de prendre un peu de couleur… Mais perso j’adore l’architecture des villes françaises, il y a toujours une petite pépite à trouver ! Après, certes ça manque toujours un peu de couleur, mais je pense que c’est surtout parce que sur le long terme les couleurs ne résistent pas aux intempéries françaises !

  • Emma_chan

    1 septembre 2016

    Pratique rigolote et poétique qui permet de se réapproprier dans l humour les espaces urbains. Je trouve ça vraiment triste que les commentaires se situent sur le terrain du risque et de la légalité.

    • Madame Bisounours

      1 septembre 2016

      Merci Emma pour se commentaire. J’avoue ne pas avoir choisi mon pseudo pour rein, je ne voyais pas le probleme de la légalité en écrivant cet article, puisque rien n’est définitif.
      Mais je comprends tout à fait qu’on puisse se poser la question !

    • Mlle Moizelle

      5 septembre 2016

      Même remarque! Si c’est interdit, et bien faisons changer les choses, vive la poésie, la couleur, la créativité! Il y a vraiment des trucs dément en art urbain. Et Incroyables Comestibles, c’est un super projet, bien plus large que de mettre « un peu de verdure dans la grisaille » puisque c’est vraiment une démarche de partage et de décroissance! 😉

  • Ornellla

    1 septembre 2016

    Je suis peut-être moins emballée que d’autres. L’art ou le beau c’est tellement subjectif que je ne suis pas sûr d’adhérer à l’idée. Si j’étais architecte ou si j’avais réalisé un monument ou une œuvre publique, je ne suis pas sûre que j’apprécierai de voir des gens la modifier sans mon accord.
    Je reconnais la poésie de la chose, si ça reste quelque chose d’épisiodique ou de rare ( comme un secret caché dans la ville), mais à plus grande échelle, je ne sais pas si j’aimerais autant.
    En tout cas je te remercie, car tu as éveillé ma curiosité, j’ouvrirais l’œil en ville des fois que…

  • Nya

    1 septembre 2016

    Super, une chronique qui parle d’art urbain ! Merci ! J’ai un livre qui s’appelle Guerilla Art Kit et qui est une mine d’or pour ce type d’interventions. J’ai vaguement sévi en yarnbombing : dans le 6e à Lyon, je faisais des arcs-en-ciel sur les bancs publics et les lampadaires, en solo. Ils disparaissaient toujours dans la semaine, sans que je ne sache s’ils avaient été enlevés par un riverain mécontent ou par les services municipaux. J’ai aussi posé des géodes commandées à Paige Smith dans des anfractuosités de murs ternes, le rendu était super. J’ai repris le yarnbombing au Canada avec un collectif, mais on vise plutôt des devantures de boutiques en demandant la permission avant.

    Et si je peux me permettre un instant d’auto-promo, j’ai traduit le livre Street Craft de Riikka Kuittinen, qui contient de beaux exemples d’art urbain. Mon préféré est celui de Mademoiselle Maurice, qui installe des fresques éphémères en origami, une technique vraiment inspirante.
    https://pyramyd-editions.com/products/street-craft

    • Madame Bisounours

      1 septembre 2016

      Trop bien ! (Tout !)
      Je ne connaissais pas les géodes à placer en ville, c’est juste génial (surtout pour une collectionneuse de pierres et fossiles comme moi !)
      merci pour les idées de livres, surtout celui pour lequel tu as bossé ? ! Et pour ton retour d’expérience vraiment urbaine.
      Étant en zone rurale, les murs moussus sont légion et personne n’a jamais arraché le yarn bombing que j’avais fait (boîte aux lettres, champignons sur un banc, …)

  • Madame Bisounours

    1 septembre 2016

    Il n’a s’agit en aucun cas de faire de nous/vous des vandales ( bien que ce terme me déplaise un peu)
    Toutes ces œuvres sont éphémères, il y a peu de risque à part comme le dit Nya de se le faire retirer. Et si vraiment la peur d’être dans l’illégalité est trop forte, il faut demander l’autorisation ?. Tout devrait bien se passer !

    • Nya

      1 septembre 2016

      Le plus dur était le regard des passants 😉 Si on me posait des questions, je disais que j’installais un jeu de piste pour des enfants ou un enterrement de vie de célibataire (je n’assumais pas de dire que je faisais de l’Art Urbain lol). Je m’étais préparée à être éventuellement remarquée par des policiers et à expliquer ma démarche, quitte à retirer ce que je venais d’installer. Mais il s’agissait de laine, donc rien d’irréversible.

  • Zinzinulante

    1 septembre 2016

    Il existe un permis de végétaliser à Paris… Ce qui permet de mettre en application certaines de ces idées.
    http://www.paris.fr/duvertpresdechezmoi#le-permis-de-vegetaliser_2

    • Madame Bisounours

      12 septembre 2016

      Tu as raison ! Il y a la meme chose à Marseille il me semble.

  • Claire

    4 septembre 2016

    Pleins de super idées, j’adore !

  • Nya

    15 septembre 2016

    Une interview d’un artiste de rue qui sévit à Lyon, pour celles que ça intéresse (avec en prime, une réaction de la police !) :
    http://lyon.citycrunch.fr/linterview-bizarre-de-ememem-le-carreleur-fou-lyonnais/2016/09/15/

    • Madame Bisounours

      17 septembre 2016

      Merci Nya pour le partage !

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