La reconnaissance des droits de l’enfant a traversé un long chemin depuis la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) en 1989. Pourtant, malgré ces avancées, la question demeure : écoutons-nous réellement la voix des enfants ? Cet article explore l’état actuel de l’écoute accordée aux enfants dans différents contextes sociaux et politiques, soulignant la pertinence de leurs perspectives ainsi que les défis persistants à leur pleine participation.
État des lieux de la prise en compte des voix d’enfants
Un moment historique s’est déroulé en Malaisie avec la publication du premier rapport des enfants au Comité des droits de l’enfant de l’ONU. Ce rapport, rédigé par les enfants eux-mêmes, marque un tournant significatif montrant leur capacité à participer activement aux discussions qui les concernent. Cependant, alors que certains pays progressent de manière significative dans cette direction, de nombreux autres restent à la traîne, et les enfants sont souvent absents des espaces où les décisions les affectant sont prises.
Le rôle crucial des organisations de la société civile
En Malaisie, les organisations de la société civile ont joué un rôle clé dans la sensibilisation à la CIDE. Des entités comme Suhakam et Childline Foundation ont permis d’accroître la prise de conscience des enfants sur leurs droits. Toutefois, il est impératif d’avoir un soutien continu des structures institutionnelles et communautaires pour intégrer véritablement la voix des enfants dans la planification et la mise en œuvre des politiques.
Pertinence et influence des points de vue enfantins
Les consultations réalisées en Malaisie ont révélé des contrastes frappants entre les expériences des enfants dans différents milieux. Les enfants des zones rurales, souvent, n’ont pas accès aux mêmes opportunités de développement et d’éducation que leurs pairs en zone urbaine. Cela souligne la nécessité de s’attaquer également aux inégalités régionales et socio-économiques pour permettre une équité dans l’accès aux droits.
Barrières à la participation des enfants
Le rapport des consultations a mis en lumière certaines barrières majeures empêchant les enfants de s’exprimer librement, notamment les attitudes des adultes, qui considèrent souvent les enfants et les jeunes comme trop immatures pour être pris au sérieux. De plus, le manque de plateformes appropriées pour exprimer leurs opinions accentue leur silence dans les espaces décisionnels comme le Parlement.
L’importance critique des perspectives enfantines dans le développement durable
Les enfants, confrontés directement aux impacts de diverses politiques, sont des observateurs aigus des défis écologiques, éducatifs et sociaux auxquels notre monde est confronté. L’engagement des enfants dans des dialogues significatifs pourrait bénéficier considérablement aux objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, notamment en matière d’éducation de qualité (ODD4), de réduction des inégalités (ODD10) et d’éradication de la pauvreté (ODD1).
La perspective unique des enfants, en effet, enrichit les débats et peut orienter vers de meilleures solutions, tenant compte de leurs besoins spécifiques et anticipant les répercussions futures des politiques actuellement en vigueur.
L’appel à une action continue
La participation des enfants doit être encouragée et facilitée par des mécanismes structurés et réguliers. Il est essentiel d’encourager les institutions éducatives, les organisations de la société civile, et les pouvoirs publics à intégrer les enfants dans les processus consultatifs. Ainsi, la construction d’un monde qui respecte et promeut les droits de l’enfant demandera un changement de perspective, où l’on considère les enfants non seulement comme des bénéficiaires passifs, mais comme des partenaires actifs dans la formulation des politiques.