Témoignages fictifs, mais faits réels de racisme ordinaire

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La naïve que je suis pensais vraiment que le racisme était une notion bonne pour les dictionnaires et les livres d’histoire. Mais en fait non. Le racisme, on le croise tous les jours, au détour d’un petit geste, d’un mot, d’une phrase qui fait mal. C’est parfois juste maladroit, comme quand tu demandes d’où vient une personne de couleur alors qu’elle est née en France, ou ça peut être beaucoup plus malveillant.

Aujourd’hui, je te propose une chronique sous la forme de « témoignages ». Ces témoignages, je les ai inventés. Les « personnages » qui témoignent, je les ai inventés. Mais les faits sont malheureusement bien réels. J’ai pas mal réfléchi pour savoir sous quelle forme écrire cette chronique, pour ne pas en faire un pavé indigeste et moralisateur. Et il m’a semblé qu’écrire ces témoignages fictifs pouvait être le bon moyen de montrer que le racisme est toujours bien présent dans notre société. Je ne me fais pas porte-parole, je n’ai jamais été victime de racisme. J’ai juste vu certaines scènes, entendu certains mots qui m’ont choquée et qui m’ont donné envie d’écrire sur ce sujet.

Témoignage 1 : Au magasin

Crédit photo (creative commons) : badski007

J’ai fait un test l’autre jour. Je suis allé dans le même magasin deux jours différents. La première fois, j’y suis allé tout seul. Il y avait pas mal de monde. J’ai fait le tour du magasin, mais je n’ai touché à rien, j’ai seulement regardé un peu partout. Le vigile est resté tout le temps derrière moi. Il pensait être discret, mais j’ai bien vu qu’il était toujours en train de me suivre et de me surveiller. Pourtant, je n’étais pas le seul client, il y avait d’autres personnes à surveiller. Mais non, c’est limite s’il ne me suivait pas à la trace. Et puis j’y suis retourné quelques jours plus tard. C’était le même vigile, parfait pour l’expérience que je voulais mener. J’étais avec ma femme cette fois. Il y avait un peu moins de monde. Tous les deux, on a pris notre temps, on a flâné, on a regardé, touché les produits. Le vigile, lui est resté à sa place. A aucun moment il n’est venu vérifier ce qu’on faisait. Il nous a même dit bonjour quand on est rentré dans le magasin …

Morale de l’histoire : un noir tout seul, méfiance ; un noir et une blanche, tu peux avoir confiance.

Témoignage 2 : Au travail

Tu sais, des fois, j’ai vraiment honte de mes collègues. L’autre jour, on était quatre dans la salle de repos. J’étais en train de finir de manger, j’avais deux collègues hommes qui discutaient, et une autre collègue femme, qui est arrivée il n’y a pas très longtemps dans la boîte. Les deux étaient en train de parler de je ne sais pas trop quoi sur l’Afrique, et un des deux se retourne vers la femme et lui dit « Toi, tu dois connaître, tu es Africaine, non ? ». Elle lui répond que non, elle n’est pas d’Afrique. Et là, il lui dit, avec un rire bien gras « Ben tu es quoi, tu es Suédoise ? ». Alors elle lui répond qu’elle est née aux Antilles. Mon collègue a quand même dit « Oh, ben Afrique, Antilles, c’est pareil ! ». Je me suis levée, et je lui ai dit que vraiment, il était trop con, et qu’il valait mieux qu’il la laisse tranquille.

J’avais tellement honte.

Témoignage 3 : Au travail bis

Crédit photo (creative commons) : Collis

Je crois que je vais déménager en Californie. Pourquoi ? Tu vas rire … Parce que là-bas, bientôt, ils vont pouvoir se coiffer comme ils veulent, pour aller au bureau. Oui je t’avais prévenue que tu allais rire. Ils ont fait passer une loi, pour qu’on puisse se coiffer comme on veut, avec une afro, des dreads ou des tresses si on le souhaite. Non, ici ce n’est pas très bien vu d’arriver au travail comme ça. Je pense que si je vais au bureau avec ma coupe afro, je peux faire mes affaires de suite … Mon fils n’a même pas eu le droit de se faire des tresses pour aller au travail. Pourtant, il voulait des tresses plaquées, c’est quand même une coiffure propre. Mais son chef a refusé. Alors que son collègue blanc a une coiffure genre punk. Mais ça, ça passe, parce qu’il est blanc. C’est fou la pression qu’on a, rien qu’à cause de nos cheveux.

Moi, je ne trouve quand même pas ça normal.

Témoignage 4 : A l’aéroport

J’ai une amie qui a été victime de délit de faciès. C’est comme ça qu’on dit pour être poli. Moi, j’appelle ça du racisme. Je ne trouve pas ça malpoli. C’est juste plus percutant. On rentrait de vacances, on avait passé quelques jours sur une île en Méditerranée, toujours dans l’Union Européenne. On avait toutes les deux pris notre passeport en guise de papiers d’identité. Sur le passeport, c’est bien indiqué Union Européenne et France. On ne peut pas se tromper. Au moment de rentrer dans l’avion, nos papiers ont été contrôlés. Pour moi, ça a été rapide. L’agent a vérifié ma photo et mon visage, en quelques secondes, c’était fait. Pour mon amie, ça a mis bien plus de temps. L’agent a regardé plusieurs fois la photo, son visage, la photo, son visage. C’était vraiment gênant, j’étais tellement mal à l’aise pour elle.

Tout ça parce qu’elle est noire.

Voilà pour ces témoignages … Je crois qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire, pour que chacun soit accepté tel qu’il est.

Et toi, as-tu déjà été victime de racisme ordinaire ? Témoin ? Tu veux nous raconter ?

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14 Comments

  • Nathalie

    30 octobre 2019

    Merci de cet article, ce sont des questions qui me préoccupent énormément (je suis blanche, et je n’ai pris conscience des privilèges que cela impliquait réellement que tout récemment).

    Pour aller plus loin, le podcast « sans blanc de rien » permet d’entrer dans le sujet en mêlant l’histoire d’une blanche qui découvre le racisme à des interventions, témoignages, scènes courantes. Il y a 2 épisodes à date, qui durent une trentaine de minutes. Dispo ici : https://sans-blanc-de-rien.be
    (ils font une collecte de fonds pour se financer, si vous souhaitez les aider)

    Pour les anglophones, j’ai écouté hier cette intervention de Robin Diangelo dont le livre « white fragility » sera traduit l’an prochain en français : https://youtu.be/DwIx3KQer54 (une vingtaine de minutes mais elle en a fait de plus longues)

    Surtout, je conseille les comptes Instagram :
    @decolonisonsnous ( https://instagram.com/decolonisonsnous?igshid=yn1dnu7xr6uk )
    @decolonial.voyage ( https://instagram.com/decolonial.voyage?igshid=1st7s4i2o7fil )
    @grandeurnoire ( https://instagram.com/grandeurnoire?igshid=q4piv098w2zy , également sur youtube)
    @openspacetalk ( https://instagram.com/openspacetalks?igshid=m1l2xpatpvny )
    Qui font un énorme travail et fournissent des contenus divers.
    Ce sont mes sources principales pour écouter les victimes de racisme et comprendre que le racisme n’est pas juste une question d’individus (les méchants racistes) mais tout un système dans lequel nous baignons depuis la naissance…

    • Welna

      7 novembre 2019

      Merci beaucoup pour tes conseils de lecture !

  • Mamichiko

    30 octobre 2019

    Un jour, ma belle-soeur, blanche, qui travaille à la boulangerie de son village, nous a raconté une scène surréaliste. Elle est en couple avec mon frère depuis 9ans à ce moment là et est enceinte de leur 2e enfant (les deux petits ont 1an d’ecart). Mon frère est français, nous sommes guyannais par ma mère, il est noir. Mais c’est un tout petit village, la famille de ma belle-soeur est implantée deuis plusieurs générations d’agriculteurs, tout le monde connait ce couple (d’autant qu’elle siège au conseil municipal). Un jour, une cliente s’aperçoit de la grossesse de ma belle-soeur et lui dit en face avec une bouche grimaçante : « c’est pour les allocs c’est ça ? » elle est rentrée en pleurant de rage en pensant qu’elle ne s’etait jamais rendu compte du racisme auquel mon frère était exposé au quotidien et a soudain eu peur pour leurs enfants metisses…

    • Welna

      7 novembre 2019

      Je suis désolée pour ta belle-soeur … c’est effectivement très dur quand on se rend compte de ce que vivent d’autres personnes au quotidien …

  • Virg

    30 octobre 2019

    Ton propos est valable pour beaucoup de sujets et je parlerai plutôt de préjugés au lieu de racisme, homophobie ou je ne sais quoi. En effet, quand je discute avec mon père, je suis effarée par ses propos sur plein de sujets. Pourtant, le connaissant bien, je peux affirmer qu’il ne ferait aucune différence en cas de besoin. Il me donne l’impression de ressasser des préjugés issus de l’enfance, incapable d’aller au-delà. C’est vraiment étrange comme phénomène.
    En tout cas, ça me fait espérer un vrai changement au fur et à mesure du renouvellement des générations. Croisons les doigts

    • Nathalie

      30 octobre 2019

      Ce qu’elle décrit, c’est du racisme ordinaire (au même titre que le sexisme ordinaire). La plupart des gens qui font du racisme ordinaire ne s’en aperçoivent pas, car ils s’appuient sur le racisme systémique et culturel dans lequel nous sommes immergés (donc c’est inconscient).

      Au cas par cas, j’espère que les gens aident majoritairement les autres quelle que soit leur couleur de peau (quelqu’un qui se blesse par exemple), mais à l’échelle d’un système c’est beaucoup moins évident. Cela impose de remettre en question les privilèges sur lesquels nous nous sommes bâtis, et auxquels nous sommes tant habitués que l’on se met sur la défensive dès que la question de race arrive.

      Il y a de + en + de ressources pour déconstruire cela et pouvoir être un allié informé de la cause anti-raciste. J’espère vraiment que ces ressources seront + diffusées sur les canaux principaux (télé, radio) que les discours racistes dont on nous abreuve… A ce titre, j’admire Rhokaya Diallo qui intervient régulièrement sur ces médias malgré l’accueil qu’elle y reçoit souvent.

    • Welna

      7 novembre 2019

      Comme le dit Nathalie, je parle bien de racisme ordinaire. Et je pense vraiment que ce n’est pas parce que tu as des paroles ou des attitudes tenant du racisme ordinaire que tu es une personne raciste. C’est un racisme tellement ancré, qu’il en devient presque invisible, mais contre lequel il est pourtant nécessaire de lutter …

  • Sarajade

    30 octobre 2019

    Quand j’étais plus jeune, je passais mon temps à me « battre » avec mes parents contre leurs préjugés racistes. Mon père croyait ce qui se disait à la télé, les légendes sans fondement colportées au travail…, et ma mère ressortait toujours son expérience parisienne en foyer de jeunes travailleurs.
    Et puis je suis moi même arrivée en région parisienne, et si je ne me pense pas raciste (mon histoire de vie prouverait, je pense, que je ne le suis pas..), j’ai quand même une certaine forme « d’expérience » maintenant, des types de personnes qui m’ont souvent causé des ennuis, notamment dans les transports. Alors j’avoue que souvent, je m’inquiète à tort, et qu’en fait ça se passe bien. Mais pas toujours. Je ne pense pas que ça soit une question de couleur, loin de la même, mais il y a clairement une notion de cultures différentes, qui peut devenir problématique quand la relation aux autres (respect, contacts physiques…) n’est pas perçue de la même façon selon les cultures, surtout avec la promiscuité de mise ici.
    Je ne raconte pas du tout ça pour dire « les racistes ont raison, vous voyez! », bien au contraire, mais juste pour nuancer le fait que les vigiles, peut être, ont eux aussi une expérience de leur métier, qui les amènent peut être à plus s’intéresser à certains profils, à tort ou à raison. Par chez moi, je n’ai encore jamais vu, en 10 ans, de vigile blanc. Et pourtant, j’ai souvent remarqué le comportement dénoncé dans les faux témoignages. Je ne pense pas qu’on puisse être raciste dans sa propre « race », après, j’ai déjà entendu deux jeunes filles noires se traiter mutuellement de racistes au cours d’une bagarre, alors j’ai presque envie de conclure en demandant, au fond, quelle est la définition de racisme?

    • Welna

      7 novembre 2019

      MlleMora a déjà très bien répondu : oui on peut être raciste de sa propre race, il suffit de se sentir supérieur aux autres …
      Je ne suis pas la dernière à avoir des comportements différents selon les origines supposées des personnes (donc des comportements racistes, n’ayons pas peur des mots), mais j’en ai totalement conscience, et j’essaie vraiment de travailler dessus. Je pense que c’est un bon démarrage d’avoir conscience de cela.

  • Joelle

    31 octobre 2019

    Je ne vois pas trop la logique de cette article. Des témoignages fictifs sont peu intéressants d’après moi. Témoigner de son ressenti, rapporter des faits réels, pourquoi pas mais de la fiction comme ca…
    Et quel est le but, dire que le racisme est toujours un problème ? Soit on le sait, soit je doute que des témoignages fictifs convainquent les sceptiques.

    Et les pseudos exemples ne me paraissent pas si marquants.
    Comme Sarajade, de par chez moi les vigiles ont très majoritairement la peau noire et ils suivent plus les jeunes à casquette, baggy et l’air « louche » quelque soit la couleur de leur peau.
    @ Sarajade : je pense que quand nous on voit une personne noire, ceux qui ont la peau noire peuvent plus facilement distinguer l’origine de la personne (africaine, des antilles, …). Et les blancs entre eux aussi sont racistes envers les personnes des autres pays qui ont aussi la peau blanche.

    Pour la coiffure au boulot, c’est pour moi surtout de la bêtise des employeurs. Il y a de nombreuses boîtes qui demandes aux hommes une coupe courte et aux femmes d’avoir l’air sagement peigné (souvent en chignon). Dans ma boite précédente, comme on était en « représentation », nous devions avoir les cheveux attachés, sans mèches qui dépassent et sans fantaisie. Donc mes cheveux mi longs, ondulés devaient être cachés dans une tresse bien serrée ou un chignon. Mon homme a du couper ses beaux et longs cheveux quand il cherchait du travail parce que ca faisait plus sérieux.
    C’est totalement stupide (la coupe de cheveux n’influe pas sur la qualité du travail) mais je ne qualifierais pas ca de raciste.

    Et pour l’exemple de l’avion, j’aimerai croire que la différence de temps n’est dû qu’à la difficulté de trouver des traits évidents sur une personne d’une autre origine. Pour toi c’était rapide (couleur de la peau, des yeux des cheveux, forme du visage) moins pour ton amie. Mais malheureusement j’en doute un peu.

    Je pense / je sais que le racisme est encore un problème dans notre monde (pas qu’en France).
    Et c’est bien Welna d’essayer de le combattre et de faire évoluer les mentalités. Je ne suis peut être pas d’accord sur la forme mais je te rejoins sur le fond !
    (Petit aparté positif, j’étais tellement contente la semaine dernière de rencontrer le copain de ma soeur dont elle m’avait beaucoup parlé et de découvrir seulement dans le café qu’il avait la peau plus foncée que nous. C’était pour eux une information insignifiante, ça m’a redonné de l’espoir.)

    • Welna

      7 novembre 2019

      Cet article était là juste pour poser quelques exemples de racisme ordinaire que chacun peut observer au quotidien, et que chacun peut excuser au quotidien. Tu trouves peut-être ces exemples anodins, mais ils le sont bien moins pour ceux qui les vivent (presque) au quotidien … Et peut-être que le problème réside là, dans le fait que nous n’avons pas vraiment conscience de la souffrance que nos comportements peuvent engendrer …

      Si j’ai précisé que ce sont des témoignages fictifs, c’était pour bien précisé que le « je » ne se rapporte pas à « Welna » mais à quelqu’un d’autre. Cependant, les faits relatés se sont bien passés, et ces témoignages ne sont pas fictifs en ce sens.

  • MlleMora

    31 octobre 2019

    Le sujet est difficile à aborder et à traiter sans entrer dans les clichés, mais je salue ta démarche positive. On n’en parle pas vraiment, plus vraiment. Mais c’est bien réel au même titre que le sexisme.
    @ Sarajade Bien sûr qu’on peut être raciste de sa propre « race », d’autant plus quand celle-ci est classée au plus bas du classement des « races », ce classement qui reste ancré dans l’inconscient de chacun depuis qu’il a été créé pour justifier le commerce triangulaire.
    Donc, oui les vigiles noirs vont surveiller les noirs parce que déjà, c’est ce qu’on leur demande, et en plus, ils sont placés dans une position « supérieure » au client noir.
    Quant aux deux filles noires qui s’insultent, et bien, par exemple, pour aller dans la généralité, les Antillais détestent qu’on les prennent pour des Africains, même s’ils ont la même couleur de peau… et au sein même de l’Afrique, je ne connais pas la hiérarchie entre les différents pays, mais elle doit certainement exister (au Maroc par exemple, il y a une forte différenciation entre les Marocains clairs de peau, et ceux qui sont noirs…)
    De même que les blancs entre eux peuvent être racistes (ce fut longtemps le cas avec les Italiens en France, les Portugais…), les populations de gitans, plutôt blanches, sont haïes par une majorité de la population – toutes couleurs confondues d’ailleurs, ils font vraiment l’unanimité contre eux, malheureusement.
    Le racisme ordinaire, c’est ce que décrit Nathalie, c’est systémique, culturel et inconscient tellement ancré dans nos éducations.

    @joelle, le fait que l’employeur demande une coiffure particulière dans le cadre du travail peut s’entendre (même si en fait on s’en fout de la coiffure de la personne qui nous reçoit…) Mais un homme ou une femme aux cheveux crépus va systématiquement modifier la nature de ses cheveux, les faire entrer dans le moule qu’on attend (autrement, on se prend des commentaires du type « tête de mouton » ou encore des inconnus nous touchent les cheveux dans la rue…). Les personnes aux cheveux crépus domptent leurs cheveux sans même qu’on leur demande en réalité, parce que c’est ancré dans les esprits que les cheveux crépus, c’est moche. Sans parler du souci du décapage de la peau, pour la blanchir…

    • Welna

      7 novembre 2019

      Effectivement, c’est un sujet dont on ne parle plus vraiment, et que je ne savais pas trop comment aborder, moi qui n’ai été victime de racisme ordinaire qu’indirectement. Je te remercie en tout cas pour tes précisions.

  • Kat

    12 novembre 2019

    Concernant le contrôle à l’aéroport, cet article pourrait être une explication de la différence dans la durée du contrôle: https://www.letemps.ch/sciences/cerveau-confond-visages-dautres-ethnies

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