Trouver sa place

J’ai toujours eu du mal à trouver ma place, à prendre ma place.

Crédit photo (creative commons) : analogicus

Au sein de ma famille déjà, j’ai toujours cette impression que ma fratrie est bien plus intéressante que moi. Et moi, je ne sais pas où me placer, je me demande parfois ce que je fais ici. Plus jeune, j’ai essayé de prendre ma place en me démarquant : un autre sport que les autres, un autre instrument de musique, en voulant exceller dans tout. Je n’ai pas trop mal réussi de manière générale, mais arrivée à l’âge adulte, je n’ai toujours pas trouvé ma place.

Je n’ai pas un métier qui se raconte : chercheur devant son ordinateur. Que pourrais-je bien raconter de mes journées ? Je trouve mon travail passionnant, hein, ce n’est pas la question. Mais quand je commence à en parler, j’ai l’impression d’ennuyer tout le monde. Dans ma fratrie, ils ont tous un métier en contact avec du public. Il y en a des anecdotes amusantes à raconter ! Alors, je m’enfonce dans ma chaise, et je me tais, bien souvent. Encore une fois, j’essaie de me démarquer, je me lance à fond dans le tricot, dans la pâtisserie. On me félicite, oui. Mais je ne sais pas si cette place me convient, vraiment. J’aimerais avoir une place pour moi, et pas seulement une place qui me résume à mes desserts ou mes tricots. Je suis peut-être trop exigeante ?

Avec mes amies, c’est un peu la même chose. Je les trouve bien plus belles, bien plus intéressantes, plus drôles que moi. Dans un groupe de 3 amies, je pense qu’il y en a souvent une mise un peu à l’écart. Cela pourrait varier, selon les sujets. Mais non, c’est toujours moi. Et pas forcément de façon discrète. Je les aime, hein, ce sont mes amies. Maintenant je passe au-dessus, du moins, j’essaie. Mais j’ai eu une période où je vivais cela vraiment très mal. Car de mon côté, je suis toujours celle qui prend des nouvelles, qui propose de se voir. Quand on donne sans recevoir, ça fatigue au bout d’un moment. Là encore, je suis peut-être trop exigeante. Ou bien, je ne m’impose pas assez. Je ne sais pas. En tout cas, cette place-là ne me convient pas toujours, mais je fais avec.

Et je ne te parle pas de trouver ma place quand je suis dans un groupe de personnes qui dépasse le nombre de 5 … Entoure-moi de plein de gens, que je ne connais pas si possible. C’est encore plus drôle. C’est une situation que j’évite car elle me panique pendant des jours. Je n’ose pas parler, je ne sais pas quoi dire, j’ai peur d’ennuyer. Je parle trop fort, je ris trop fort, je ne suis pas assez distinguée, pas assez jolie, pas assez … Pas comme il faudrait. Je n’ai pas ma place en société. Du moins, c’est ce que je ressens.

Et puis, un jour, je me suis lancée dans une aventure folle : postuler pour devenir chroniqueuse ici. Moi qui ai du mal à parler en public, moi qui suis très réservée dans des grands groupes, j’ai réussi à écrire des chroniques. Intéressantes, j’espère. En tout cas, les mots s’alignent facilement sur mon clavier. J’ai des idées plein la tête, envie de te raconter tellement de choses.

J’ai pensé continuer cette aventure avec d’autres. J’en ai eu tellement envie. J’ai rencontré des personnes enthousiastes. Et qui ont pensé à moi. Qui m’ont vue partir et qui m’ont demandé pourquoi. Et si j’avais un peu ma place, ici, avec toi, avec elles ?

Mais vois-tu, depuis le confinement, les choses ont changé. On passe beaucoup de temps en famille. Et je me suis rendue compte que je ne prends pas la place que je devrais, notamment avec mon fils. Je suis avec lui, sans être là, toujours la tête ailleurs, parfois dans le travail, souvent en train de « rédiger » une chronique. Et ce n’est pas ce que je souhaite. Ce n’est pas la place que je veux auprès de lui. Et cette place-là, je vais tout faire pour l’avoir.

Alors, c’est finalement le temps des au-revoir. Je suis ravie d’avoir partagé avec toi ces moments de ma vie. J’espère que tu as pris autant de plaisir à les lire que moi à les écrire. L’histoire de Sous Notre Toit s’arrête. Et l’histoire de « sous mon toit » aussi. Merci de m’avoir lue, merci de m’avoir fait comprendre qu’il ne faut pas seulement chercher sa place, il faut la trouver et tout faire pour la garder. Et aujourd’hui, ma place n’est plus vraiment ici.

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12 Comments

  • Joy

    25 mai 2020

    Juste ❤️
    Et belle continuation !

    • Welna

      25 mai 2020

      Merci ❤

  • Rosa Evril

    25 mai 2020

    Coucou Welna, j’ai trouvé ton texte très touchant. Je voulais te dire que j’ai beaucoup aimé tous tes articles et pour ce que ça vaut tu avais toute ta place ici. Je te fais de gros bisous et te dis bonne continuation en espérant que tu aies/trouves la place qui te rend heureuse ❤️

    • Welna

      25 mai 2020

      Merci beaucoup ! Depuis que j’ai pris cette décision de m’éloigner un peu de la vie bloggesque, je me sens mieux, plus avec mon fils et mon mari. Et ça me fait vraiment du bien.
      Je te (et vous) souhaite une belle suite d’aventures, je serai présente pour vous lire (j’attends le premier article avec impatience !!!) !

  • Rusalka

    25 mai 2020

    J’ai toujours apprécié lire tes articles, et te trouvais bien à ta place ici ! Mais je comprends ton impression, je ressens souvent ce décalage, ma timidité qui me bloque (ou me fait rire trop fort), et j’espère que ta résolution t’aidera à dépasser ces sensations !
    Comme toi, je ne poursuis pas l’aventure bloggesque : un petit bébé va pointer le bout de son nez, j’aurai de toute façon moins de temps pour écrire.
    Mais je compte bien continuer à lire Bribes de vies !

    • Welna

      25 mai 2020

      Merci beaucoup ! Moi aussi, je commençais à bien me trouver à ma place ici, et c’est un sentiment que je voudrais retrouver, dans la « vraie » vie. C’est pour ça que je m’éloigne un peu d’ici.
      C’est sûr qu’avec un bébé, on a un peu moins de temps !

    • Joy

      25 mai 2020

      Félicitations Rusalka pour cette belle nouvelle ?

      • Rusalka

        25 mai 2020

        Merci Joy !

  • MlleMora

    25 mai 2020

    J’ai toujours apprécié te lire, tu avais toute ta place par ici ! Je n’ai pas beaucoup commente, il est vrai, car tout comme toi, je me suis éloignée de la blogosphère pour retrouver ma place par chez moi, ainsi, je comprends très bien ton ressenti. On est plus nombreuses qu’on le pense à ne pas savoir où est notre place, à douter, à être toujours trop timide (selon nous, je pense car c’est surprenant le nombre de gens qui se disent timides et qu’on ne perçoit pas comme ça !). On se retrouve sur Brides de vies à travers les commentaires pour soutenir les copines, qui vont nous écrire de belles choses !!

    • Welna

      25 mai 2020

      Merci pour tes mots, ça me fait du bien de lire que je ne suis pas la seule à avoir eu besoin de s’éloigner un peu de la vie virtuelle pour revenir un peu mieux dans le monde réel. J’ai énormément apprécié écrire ici, et j’aimerais retrouver ce sentiment dans la « vraie » vie.
      Oui, je suis sûre que nous aurons tout plein de belles choses à lire très prochainement !

  • Madame Fleur

    26 mai 2020

    Pour ce que cela vaut, j’ai toujours beaucoup aimé tes articles et je trouve que tu avais toute ta place ici.
    Je t’avoue que ton article me fait aussi réfléchir.
    Je te remercie pour ce partage et j’espère avoir le plaisir de te lire en commentaire de temps en temps.

    • Welna

      28 mai 2020

      Merci beaucoup, c’est vraiment très important pour moi, et ça me touche beaucoup, de savoir que mes chroniques ont été appréciées. En arrivant sur SNT, j’avais vraiment la trouille que mes écrits ne plaisent pas ! 🙂
      J’ai pris énormément de plaisir à vivre cette aventure, mais je sentais que je m’éloignais aussi de ma famille. C’est pour ça que je préfère m’éloigner des blogs (au moins en tant que chroniqueuse), même si, très honnêtement, cette décision a été très dure à prendre …
      Mais j’avais aussi besoin de vous l’écrire, à vous qui m’avez accueillie les (bras) claviers ouverts 😉
      Merci <3

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