Il se lève à 6h30, car le petit dernier pleure. Elle n’est pas trop du matin, il n’a pas de mal à se lever. Il s’en occupe jusqu’à 8h, heure à laquelle il lui passe le relais avant d’aller travailler.
Crédits photo (creative commons) : Barbara Wells
Elle, elle travaille à la maison. Depuis le petit dernier, elle a revu son rythme de travail. Elle travaille toujours cinquante heures par semaine, mais en pointillés, pendant les siestes : quarante-cinq minutes par ci, deux heures par là, si elle est chanceuse. Elle a des délais à tenir, elle doit carburer autant que possible pendant ses moments de répit. Sinon, quand le petit est réveillé, elle joue avec lui, lui donne à manger, lui raconte sa vie.
Des fois, elle travaille à l’extérieur. Ils n’ont qu’une voiture. Lui travaille à une dizaine de kilomètres. Son travail à elle n’est qu’à 2km, mais il ne la dépose pas au bout, il se contente de faire un crochet à mi-chemin. Sinon, les embouteillages le retarderaient trop, tu comprends. Elle rentre à pied, car il n’aime pas faire le voiturier.
Pendant sa pause déjeuner, elle mange sur son ordinateur, pour régler les factures en ligne, envoyer un mail à l’assurance pour avoir une attestation, prendre un rendez-vous chez le dentiste, le petit dans les pieds, tant bien que mal. Des fois, c’est impossible.
Quand elle a trop de travail, elle le dépose à la garderie ou chez une amie. Histoire de grappiller trois heures de travail ininterrompu, dans un café, pour changer de décor. Il se moquera gentiment de son côté « mauvaise mère » le soir.
L’après-midi, il rentre à 17h, et enchaîne directement sur son sport préféré. C’est sa passion, impossible de vivre sans. Elle aussi, elle a des passions. Ou plutôt, elle en avait. Il y a longtemps qu’elle n’a plus touché à une aiguille à tricoter, à un stylo, à sa machine à coudre. Ce n’est pas grave. Il a besoin de décompresser, tu comprends. S’il n’a pas ses trois heures quotidiennes de sport, il est invivable, de toute façon. Avant le petit dernier, il y passait toutes ses soirées, tous ses weekends.
Après 19h, elle lance le dîner. Quelque chose d’élaboré si elle en a l’énergie, ou plus souvent, des pâtes et une salade. En parallèle, elle prépare la déclaration d’impôts, sort les poubelles, réserve un billet de train, répond à un mail de sa belle-mère. Il est occupé, tu comprends.
Elle prépare, range, fait la vaisselle. Si par miracle, c’est lui qui a fait à manger, c’est à elle de ranger la vaisselle : c’est important de partager les tâches. À 20h, il est censé prendre le relais. Mais le plus souvent, il revient du sport à 20h30. Ils mangent tous ensemble. C’est elle qui change les couches, il a horreur de ça.
À 21h, la soirée commence. Elle la passe à travailler, pour rattraper la productivité perdue. Si elle a de la chance, elle aura quinze minutes pour lire un peu avant de dormir. Il tient à ce qu’elle soit là pour coucher le petit : c’est important de partager les tâches.
La nuit, ils se lèvent à tour de rôle. À chaque fois que le petit dernier se réveille, la grande de 8 ans se réveille aussi. Qui prend un quart d’heure pour la rendormir à chaque fois ? Pas de tour de rôle pour la grande, c’est toujours elle.
Le weekend, ils se lèvent à 6h30. Lui le samedi, elle le dimanche. Il fait du sport, avec ses amis ou seul, mais il doit faire du sport. Le weekend, c’est fait pour se vider la tête, tu comprends ? Elle prend son dernier sous le bras, et part l’installer dans la nursery, un ordinateur sur les genoux, pour essayer de travailler encore un peu. Oui mon chéri, profite bien.
S’il s’est levé à 6h30 et elle à 8h30, c’est elle qui gère les deux monstres jusqu’à 20h : il a déjà bien assez donné de son temps ce matin. Si c’est elle qui s’est levée à 6h30, il tient à ce qu’elle soit là avec lui le restant de la journée : c’est important de partager les responsabilités.
Parfois, ils doivent emmener la grande chez le médecin. Surtout elle. Elle se dévoue pour aller chez le médecin, ou pour faire des courses à la zone commerciale à l’autre bout de la ville. Elle dit que ça lui permet de sortir de la maison. En vrai, elle sait qu’il sera d’une humeur massacrante, car il a horreur de tout ça. Pendant ce temps, il fait du sport.
S’il lui arrive à lui de travailler à domicile, ou pendant ses jours de congé, c’est quand même elle qui gère le petit, les factures, les repas. Tu comprends, s’il travaille à la maison, c’est pour être productif. S’il est en congé, c’est pour se reposer.
Ses jours de congé, elle les passe à faire le ménage, les courses. Elle passe à la mairie, à la poste, va chercher un colis. Elle recoud des boutons, elle range la maison. Elle fait une sieste peut-être, elle est tout le temps fatiguée. Sûrement parce qu’elle est insomniaque.
On dit que quand on aime, on ne compte pas.
Son temps à lui est précieux. Le sien à elle ne vaut rien.
Elle est féministe, engagée, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est diplômée, a un bon niveau de vie, a épousé une personne éduquée. Mais elle rit quand on lui parle d’égalité à la maison, du partage des tâches, d’équité dans le couple.
Elle en rit à la folie.
Et chez toi ? As-tu l’impression que le partage des tâches est équitable ? Penses-tu en faire plus que ton conjoint d’un point de vue domestique ? Qu’est-ce qui le justifie ? Viens en discuter…
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !
Charlene
20 juin 2016Magnifiquement écrit, on dirait le début d’un roman policier….
Madame Fleur
20 juin 2016Quand je te lis, j’ai une vraie prise de conscience. Parce que je suis un peu celle qui s’approche le plus de ton homme au quotidien. Je n’aime pas les tâches ménagères et je les évite au maximum. J’essaye de faire des efforts mais à te lire, je me dis qu’il faut que j’en fasse plus pour mon mari car peut être que lui aussi a envie de plus de temps consacré à autre chose.
Chacha D'avril
20 juin 2016Je me sens proche de cette femme : je travaille à l’extérieur la journée mais le soir, ma seconde journée commence : repas du bébé, change du bébé, coucher du bébé (lui ne le fait pas: « tu aimes ça ma chérie je veux pas t’en priver »…), pendant ce temps il est sur son ordinateur. Il fait le repas, on mange puis je recommence : vaisselle, linge, préparation du sac de bébé pour le lendemain, litière du chat,… Et apres il s’étonne que je sois fatiguée le soir et que je m’écroule dans le lit. Oui il a un travail plus éprouvant que le mien, oui il fait plein de choses pour m’aider (courses, administratif,mécanique,…) mais le soir j’ai parfois l’impression d’être seule face à un bébé et un ordinateur….
Annia
20 juin 2016Il est émouvant, en quelque sorte, cet article. C’est vrai que le partage des tâches, c’est toujours un sujet sensible, comme tabou. Les femmes n’ont pas le droit de se plaindre, les hommes profitent. Bon, heureusement, pas partout! Chez moi, c’est équitable, et même le plus souvent, mon mari qui gère! Mais ce n’est pas compris partout: parfois, je suis vue comme celle qui profite de son mari, et qui se repose tranquillou!
Sarah
20 juin 2016ton article tombe à pic! hier alors que je faisais le ménage et que je voyais mon mari devant l’ordi je me posais justement cette question, est ce que j’en fais plus que lui? difficile d’y répondre en fait (dans mon cas j’entends bien). Certes je suis celle qui fait le ménage, le repassage, la lessive, qui change les draps, qui m’occupe de la paperasse admin, de réserver et préparer les voyages, mais lui il s’occupe de passer la fraise a neige / tondeuse selon la période, de bricoler, de changer les pneus, de vider les poubelles (inclus faire les AR à la décheterrie et de vider les verres). Donc au final je pense qu’on y passe le même nombre d’heures mais ce n’est pas répartie de la même façon, moi c’est un peu tous les jours, lui c’est beaucoup plus un weekend de temps en temps. Mais ce qui m’enerve avant tout c’est quand je télétravail, j’ai l’impression qu’il croit que je ne fais rien de ma journée et que j’ai le temps d’aller faire les courses ou autre chose ! raaa 🙂
Christelle
20 juin 2016Superbement écrit. … Pas encore d’enfants, mais je le garde precieusement sous le coude. Car je sens malheureusement qu’il risque de servir un jour sur certains points. Mon mari est pour le partage des tâches, mais lorsque je l’ai entendu dire l’autre jour qu’il en faisait quasiment autant que moi, j’ai vu rouge. Très rouge. (Surtout depuis que je cherche un emploi) Et il a compris son erreur. Mais je sens qu’une fois que j’aurais retrouvé un travail à l’extérieur, ce texte va servir ! Merci.
Maud
20 juin 2016Je me (nous) retrouve dans ton article.. Certes je travaille moins que lui mais… Et il ne tond pas la pelouse non plus même quand je suis enceinte! Les hommes sont-ils tous (ou presque) pareils? En tout cas cela rassure un peu de voir que c’est pareil ailleurs
Cacy
20 juin 2016Je n’ai pas encore d’enfant mais j’ai la chance d’avoir un copain qui, de lui même, participe aux tâches ménagères de facon équitable. On a chacun les tâches que l’on préfère (ou déteste le moins) et après on se réparti le reste comme cela vient. Selon les moments, il peut m’arriver de tout faire pendant quelques jours car il est fatigué/malade, et je sais qu’il fera de même quand j’en aurais besoin.
Et, ici, en Suède, on a la chance d’avoir des papas qui prennent généralement de longs congés de paternités (souvent entre 6 et 9 mois) ce qui fait qu’ils ne penseraient pas à dire qu’ils n’aiment pas changer les couches ni laisser la mère s’occuper de tout…
Je vais faire lire ce texte à mon chéri, pour qu’il sache qu’il est formidable !
Pauline
20 juin 2016Je suis une chanceuse… Oui, j’en fais sans doute plus que mon mari à la maison parce que c’est moi qui prépare les repas, fais les courses, lance les lessives, m’occupe des enfants seule le soir entre mon retour du travail et son retour à lui et que je lui donne un coup de main le matin avant mon depart… Mais il s’en rend compte et en est reconnaissant. Les tâches ménagères sont plutôt bien réparties: il fait une partie du repassage, passe l’aspirateur régulièrement (et souvent la serpillière) pendant que je m’occupe des sanitaires et la nuit, c’est devenu plus égal aussi dans notre répartition (toujours pas les grasses matinées, par contre!). Ca, c’était avant. Avant de commencer une 3eme grossesse épuisante qui fait que je suis alitée depuis plusieurs semaines et qu’il doit gérer presque tout tout seul. Il se rend compte que tenir la maison est exigeant et que je ne fais pas toujours exprès de l’accueillir dans une maison loin d’être impeccable… Et il est encore plus reconnaissant quand il remarque que, malgré les circonstances, il rentre le soir et son dîner l’attend ou que le salon est en ordre!
Emilie
20 juin 2016Ton article est très bien écrit! J’y pense très souvent en ce moment.
J’ai un bébé qui a 8 mois et ça fait un peu plus de 8 mois que je ne travaille plus. Pas facile de trouver du boulot ces temps ci… mon mari pense que s’occuper d’un bébé c’est comme si il n’existait pas en fait. Il ne comprend pas qu’on ne peu pas le laisser seul dans son parc pendant des heures pour faire autre chose…
Et quand il rentre, la question qui me tape sur le système au plus haut point c’est « tu as fait quoi de ta journée? ». Bah rien, je n’ai rien fait. J’ai pas donner à manger à notre fille, je ne l’ai pas habillée, je n’ai joué avec elle… je n’ai pas préparé à manger, pas ranger les jouets, affaires, habits, la maison, la chambre (rayer où pas la mention inutile…), je n’ai pas fait le ménage, passer l’aspi, laver par terre… bref, je n’ai rien fait de ma journée…
Et le fait que lui travaille et pas moi… je l’entends souvent aussi. « Je suis fatigué de ma journée moi… » Par ce que moi non peut être? Ah je suis bête, je peux me reposer quand je veux, je ne travaille pas…
Heureusement, ce n’est pas tous les jours comme ça à la maison, mais effectivement moi aussi je rigole bien quand on me parle d’égalité des tâches à la maison ^^ ».
Camomille
20 juin 2016Ce texte est très bien écrit mais tellement triste aussi. Je n’ai pas l’impression qu’elle y trouve son compte, dans cette vie. Comment peut-elle avoir la force de continuer ? Elle mérite sûrement mieux, au moins de la reconnaissance
Claire
20 juin 2016C’est un très beau texte, très bien écrit.
Il est vrai que même si les hommes en font de plus en plus on est tout de même bien loin de l’équité!
Tamia
20 juin 2016Ce texte est superbement bien écrit, mais il est d’une tristesse ! Cette femme qui ne semble pas très heureuse dans ce fonctionnement…
Laloutre
20 juin 2016Très bel article, très bien écrit! Je ne me reconnais pas dans ces situations, parce que c’est mon chéri qui fait beaucoup plus de tâches ménagères que moi, et sur l’éducation de notre bébé c’est kif kif (quoi que c’est moi qui me préoccupe plus de ses repas quand même; lui se prendrait moins la tête disons). Mais je ne m’estime pas « chanceuse » pour autant; je sais que c’est quelque chose de très important pour moi l’égalité, et donc on a fait en sorte tous les 2 que ça marche.
En lisant certains commentaires c’est ce que je ressens : ça vous pèse, c’est injuste… alors pourquoi l’accepter? certes on ne peut pas transformer radicalement une personne du jour au lendemain, mais si on accepte tout avec fatalisme, ça ne bougera jamais.
Notre temps est aussi précieux que le leur, à nous aussi de savoir nous défendre et nous faire entendre.
Mélimélanie
20 juin 2016D’un côté ton article résonne en moi. et de l’autre je me dis : « mon Dieu qu’est ce que je suis chanceuse ».
Oui : ce qu’il fait est du coup extraordinaire et je dois lui baiser les pieds de faire une répartition 50/50 des tâches avec moi.
Et moi: je suis forcément une feignasse parce que je me repose sur lui… Et que j’ose considérer que c’est normal qu’on se partage les tâches…
Mélimélanie
20 juin 2016En revanche je suis d’accord avec d’autres commentaires. J’ai eu tellement de peine pour toi en lisant…
Le Koala
20 juin 2016Un texte assez fort… Je pense que j’aurais secoué les puces de Monsieur depuis longtemps, surtout parce que je n’aurais pas tenu le coup…
Chez nous les tâches sont assez partagées, aussi bien dans la maison (lui fait le bricolage, l’administratif, la cuisine… moi le rangement, le ménage, le linge), qu’avec les enfants (hors allaitement, ça c’est moi, on a pas trouvé comment partager ;-).
J’ai lu un article qui disait que pour un réel juste partage des tâches, il fallait que chacun ait l »impression d’en faire un peu plus que la moitié, car pour chaque tâche il y a toujours des petits à côtés qu’on ne voit pas tant qu’on ne s’y est pas réellement coltiné… J’ai trouvé ça intéressant 🙂
Madame D
20 juin 2016C’est très beau (et très triste). Samedi encore mon mari me disait que j’avais de la chance qu’il m’aide autant. Je me suis enervé car je ne considère pas ça comme de la chance mais comme de la normalité.
Je t’avoue que je serais incapable de vivre tel que cette femme que tu décris.
Charlene
20 juin 2016Oui exactement !
Je suis triste de voir dans les commentaires » chance » a la place de « normal ». Cette situation est triste parce que ce n’est pas normal de vivre ainsi et non parce que c’est de la malchance.
Le monde ne va pas changer si les femmes emploie ce type de vocabulaire « j’ai de la chance, mon mari cuisine ! » ?????????????
Flora
20 juin 2016+1 ! Je ne supporte pas ce contexte de l’homme qui « aide » la femme…
Article très bien écrit, j’ai mal pour cette femme. j’espère qu’elle trouvera un moyen de faire appliquer le « c’est important de tout partager » à sa situation aussi.
MlleMora
20 juin 2016+1 Pour moi aussi la notion « d’aide » de la femme ça ne me plait pas. On fait chacun notre part pour rendre le quotidien agréable à notre famille.
Pour moi ce n’est pas « la chance » d’être avec un homme qui fait sa part, je considère ça « normal » et ça me fait toujours beaucoup de peine de me rendre compte qu’en fait dans beaucoup de foyers ce n’est pas le cas et que notre situation est « exceptionnelle ».
Bien sûr, il y a des périodes où l’un fait plus que l’autre, mais on trouve toujours un équilibre pour que les deux y trouvent leur compte. Notre temps n’est pas moins précieux que celui des hommes, et en montrant l’exemple à nos enfants, l’égalité à la maison deviendra une réalité pour tous !
Madame Stéph
20 juin 2016Merci pour ton article qui met les pieds dans le plat en début de semaine 🙂
Nous sommes beaucoup dans ton cas. Les commentaires permettent de relativiser car je pensais qu’on était même plus nombreuses que ça.
La question est: pourquoi?
pourquoi est-ce que doucement on en arrive là? pourquoi est-ce qu’on accepte? qu’a t’on à prouver?
Dans ma première vie, j’ai doucement glissé dans ton quotidien: il était normal que je fasse tout: ménage (puisque j’avais des exigences supérieures aux siennes, lui ne trouvait pas que c’était sale, tu comprends?), les repas, les courses, gérer la petite (moi j’aimais bien quant elle pleure, et lui après avoir changé une couche il m’a fièrement dit: je sais le faire maintenant, j’ai plus besoin de lui changer les couches).
Doucement, je me suis retrouvée à faire aussi le peu qui lui incombait: l’extérieur, la tonte de gazon. Puisque ça me faisait plaisir, à moi, tu comprends?
La seule chose qui lui restait dévolue c’est les papiers administratifs. Sauf que souvent il ne gérait pas son stress et piquait une crise parce que ça n’arrivait jamais au bon moment. Il n’a sans doute pas eu le temps de voir la fin du mois arriver pour faire le salaire de la nounou et c’était de ma faute sil devait le faire la veille, à 22h00.
A côté de ça, il avait besoin de profiter de son temps libre à se dépenser: des loisirs solitaires (vélo, courses à pieds), sans se soucier de rien. Ensuite, fatigué, il pouvait à loisir rester devant ses jeux vidéo et ses match de foot.
Les écrans, moi j’ai ça en horreur.
Ce bruit de fond, je trouve ça insupportable.
Et quelle perte de temps.
Mais la liberté commence là ou s’arrête celle des autres. Il avait donc bien le droit de faire ce qui voulait pendant son temps libre. Je sais que tu comprends.
Sauf qu’à un moment, j’ai réagi. J’ai mis du temps à comprendre mais j’ai compris.
Pourquoi je m’aimais si peu pour accepter tout cela. Pourquoi je restais dans ce quotidien qui m’épanouissais si peu. Pourquoi j’acceptais les reproches continuels, qui s’ajoutaient au reste.
Pourquoi j’étais devenue aigrie.
Cela a été le déclencheur: je me suis fixée dans un jeu que cette fois je maîtrisais: je continuais cette vie, en étant pleinement consciente.
Il disait que je restais avec lui pour son argent? Pardon? pourquoi l’ai-je laissé dire cela, alors que j’avais un niveau d’études comparable, et que je gagnais autant? que donc toutes les factures étaient divisées en 2. Enfin, les indispensables…les autres c’était pour moi.
Donc, au bout d’un an, la claque qu’il a prit d’un coup, il l’a pas vu venir…disons qu’il ne m’avait pas entendue avant 🙂 🙂 :cette fois ma décision était prise: je disais stop à tout, je ne le supportais plus. J’ai fait les démarches pour racheter la maison. Et j’ai demandé la garde de notre fille de 2 ans. Il a mis 8 mois pour quitter la maison. C’était l’horreur.
Sauf qu’au bout de 6 mois, j’ai rencontré quelqu’un d’autre! ça c’était impensable, car personne n’aurait pu me supporter, tu comprends?
C’était il y a 7 ans. J’avais rencontré l’homme de ma vie! celui dont je rêvais, sans croire que c’était possible.
Depuis, je connais le Bonheur, le vrai. Celui auquel je ne croyais pas. J’ai réalisé que l’Homme qui t’accompagne au quotidien, ben ça change juste ta vie! Une personne gaie, altruiste, ouverte, qui cherche des solutions plutot que de créer des problèmes. Il a prit ma fille, et l’aime et s’en occupe comme la sienne.
Elle aussi y a gagné à tous points de vue, tu m’étonnes!! Notre vie est faite de joie, de rires, de paroles douces et bienveillantes, et d’amis partout. Juste l’inverse de ce que j’ai connu.
Je suis une autre femme. J’ai une autre vie. J’ai le temps de faire plein de choses, nous avons construit une maison magnifique. C’est fou en fait, tout ce que tu peux faire, quand on est 2 à faire les petites choses du quotidien. On ne s’épuise plus.
Et on est pas trop à être à 2 à le gèrer, lui. Car j’ai réalisé qu’il a toutes les composantes du pervers manipulateur.
Tu sais quoi? c’était donc il y a 7 ans. Depuis, il est toujours seul, enfin avec sa télé et son vélo. Et ma petite va avoir une petite soeur, dans quelques semaines. J’ai 40 ans.
ça valait le coup finalement, de perdre 10 ans. Sinon je ne l’aurais pas rencontré lui. Et j’aurais peut être pas apprécié autant mon bonheur.
Je ne sais pas ou tu en es dans ta prise de conscience, et tu parviendras peut être à trouver une autre issue.
Dans tous les cas, je te souhaite beaucoup de Bonheur. Parce que tu le mérites.
Charlene
20 juin 2016Bravo pour ce courageux parcours et félicitation pour cette prochaine naissance !!!
Mzlle Ponygraphe
20 juin 2016MERCI !!! Il faudra que je fasse lire ton article à mon chéri, qui dernièrement a dit que « niveau tâches, on en fait quasiment autant l’un que l’autre » et a failli se prendre ma main dans la tronche (non je vous rassure, je suis gentille :p ). Sous prétexte que je suis en recherche d’emploi, j’ai le temps de tout faire… Alors oui, si je n’ai pas fait une machine de linge ou la vaisselle, il s’en fiche et ne me fera aucune remarque (encore heureux ^^). Mais si je ne suis pas derrière lui, à lui demander de faire ça ou ça, il aura très légèrement tendance à oublier et à ne s’en souvenir que lorsque je le ferai ou quand la semaine aura reprit…
Donc en cumulant le ménage, la vaisselle (qu’il oublie très régulièrement de faire, je me retrouve avec une tonne de vaisselle qui envahie l’évier), les machines de linge, les courses, les papiers importants à remplir/poster, la préparation des vacances + ma recherche d’emploi, j’étouffe un peu. Et lui quand il faut faire 4 trous dans un mur pour poser une tringle à rideaux, il met 2 mois (non non, je n’exagère pas du tout, c’est la vérité !). Je sens que pour monter mon armoire (une énorme, que je ne peux pas faire toute seule), ça fait encore prendre 30 ans… M’enfin, je ne désespère pas, il finira bien par mettre davantage la main à la patte 🙂
Weena
20 juin 2016hum … comme je me reconnaît dans cette description, même si ici c’est plutôt l’ordinateur que le sport et qu’il y a quand même quelques tâches qui lui sont exclusivement dévolues (il a voulu un jardin, il fait le gros de l’entretien).
Bon, pour l’instant, je suis au chômage donc j’ai aussi tendance à penser que notre répartition des tâches est surtout relatif au temps/personnes.
Mais j’avoue, le deuxième arrive bientôt et je me demande comment je (on?) va faire, d’autant si j’ai la chance (?) de trouver du travail …
Enajunko
20 juin 2016C’est le moment où je suis heureuse de notre choix de ne pas faire d’enfant 🙂
Chez nous, tout est presque à égalité, il en fait quand même plus que moi…
Flora
20 juin 2016Non seulement je trouve la situation très injuste pour elle mais maintenant je me demande l’impact que cette situation doit avoir sur leurs enfants. Est ce que ce petit garçon ne va pas grandir en pensant que son temps est plus précieux que celui de sa partenaire ?
En ce moment je me demande dans quel mesure on élève pas nos garçons à devenir ces mêmes hommes dont on se plaint si souvent… Perso j’ai peur d’avoir un garçon rien que parce qu’il me semble difficile de lui apprendre l’égalité dans un monde qui crie le contraire.
Die Franzoesin
20 juin 2016Je ne sais pas trop quoi penser de cet article… D’un coté il décrit qqchose de vrai et me fait reflechir. Et d’un autre je ne le trouve pas révolutionnaire. Ou plutot je me demande comment on peut accepter ca à ce point. Parce que meme moi qui ne me trouve pas trop « féministe » j’en fais moins ! Et il n’évoque pas un problème qui à mon avis est central (meme si je sais que tout le monde ne partage pas mon avis ) : l’argent.
Charlene
20 juin 2016Moi je me disais que ça ne parlais pas de la santé mentale de cette femme.
Dans mon premier commentaire, je parlais de roman policier…c’est parce que j’espère qu’elle mijote sa revanche…
Laetitia
20 juin 2016« je me demande comment on peut accepter ça à ce point » : c’est le même problème que pour toutes les relations où règnent les abus psychologiques. Les abus sont souvent plus visibles de l’extérieur que de l’intérieur, par la personne qui les subit. Et tant qu’on n’a pas été sous l’emprise d’une personne manipulatrice, impossible de savoir vraiment ce que cela fait que d’être mené par le bout du nez.
Cette chronique ressemble à une prise de conscience, avec j’espère les mesures qui s’imposent par la suite.
Helene
20 juin 2016Cet article m’a fait beaucoup de peine, j’ai éprouvé beaucoup de tristesse pour cette femme. Je n’aime pas les injustices et je trouve cette situation particulièrement dure. Et en même temps, je suis bien consciente que c’est le quotidien de beaucoup. C’est comme si les hommes avaient besoin de plus de repos, de plus de moments pour eux et qu’il était normal pour une femme de se dévouer pour sa famille. C’est vrai que la femme a tendance à porter beaucoup de choses sur ses épaules et jongler entre différents rôles mais cela me parait indispensable pour son équilibre qu’elle se sente soutenue et épaulée. Ici, je ne saurais dire qui en fait le plus, je dirais que c’est assez équitable et qu’on a pas forcément une tâche attribuée on alterne en fonction de nos besoins et emplois du temps. Mon mari travaille à la maison et il garde le petit le mercredi, il sait donc et comprend bien ce que cela représente de s’occuper d’un enfant et de gérer la maison en même temps. Je pense qu’on est beaucoup influencé par le modèle dans lequel on a grandit. Par exemple, je culpabilise très souvent, j’ai l’impression de ne pas en faire assez et de ne pas être à la hauteur, que je devrais être capable de tout gérer toute seule. Et en même temps, je vois bien que le soir, c’est le marathon et que je suis bien ravie d’avoir un peu d’aide. Et pour mon mari, c’est quelque chose de complètement normal de participer dans la gestion du quotidien. D’ailleurs, pendant ma grossesse, je n’avais le droit de toucher à rien.
Sophia
20 juin 2016Hum … sujet très compliqué je trouve, parce que le comportement de chacun (homme ou femme), dépend tellement de la façon dont on a vécu avec nos parents ! Chez moi, j’avais l’habitude que ma mère fasse tout : cuisine, rangement, ménage, lessive, je n’ai jamais rien fait, ou presque rien. Mon mari lui, a été élevé avec un partage complet des tâches, les enfants garçons ou filles, devaient faire autant que les parents et ce dès le plus jeune âge. Et du coup, nos comportements respectifs s’en ressentent énormément aujourd’hui. J’ai l’habitude de souvent traînasser sur le canapé à attendre que les tâches se fassent, et lui prend souvent l’initiative de la préparation du repas ou autre. On en a beaucoup parlé, en analysant d’où venaient nos comportements. ça nous a beaucoup aidé à comprendre notre fonctionnement de couple, et à faire des efforts. Maintenant, je crois qu’on a un fonctionnement très équitable qui nous convient.
Par ailleurs, on s’est aperçus qu’on appliquait sans le vouloir beaucoup de « schémas » du style : l’homme doit s’occuper des fuites d’eau, des réparations diverses, des travaux … et la femme est plutôt orientée petits travaux, ourlets et compagnie.
Or, lui m’a dit un jour qu’il en avait marre de s’occuper des trous dans les murs pour poser les rideaux, et moi, je lui ai dit que j’en avais marre de faire tous les ourlets ! Donc, j’ai appris à me servir de la perceuse, et lui de la machine à coudre, et ça a rééquilibré beaucoup de choses.
Dans certains commentaires ou certaines décrivent une répartition des tâches équitables, on lit quand même que l’homme fait souvent plutôt le jardinage et le bricolage. Or, les hommes en ont peut être aussi marre de devoir être toujours là où il faut « être fort », transpirer et se salir les mains non ?
Je suis parfois ahurie par certaines copines qui pestent parce que les étagères ne sont toujours pas posées ! Mais l’égalité ça passe aussi par l’autonomie de chacun ! Et quand il y a des choses que je ne peux pas faire seule parce que pas assez de force, je n’attends pas de lui qu’il le fasse seul non plus, on se prévoit un créneau à 2 pour le faire …
Bref, je crois qu’il n’y a pas de fonctionnement parfait à appliquer dans un couple, qu’il faut composer avec les histoires personnelles et les envies de chacun pour trouver un rythme qui convienne aux 2 personnes !
Mais bon, ça, ça impose déjà que les deux personnes veuillent bien reconnaître ce que fait l’autre et c’est déjà pas si simple …
Aline
20 juin 2016La seule question que je me pose est : Mais pourquoi accepte t-elle ça ? …
A un moment il faut savoir dire stop, non ..?
Madame Zou
21 juin 2016Article très bien écrit mais qui m’a fait mal au coeur et qui m’a fait pensé des questions ? On en parlait justement avec mon mari récemment : chacun a l’impression d’en « faire beaucoup » surtout avec un petit. Par conséquent, c’est parfois difficile de parler d’une parfaite égalité. J’ai énormément de chance dans le sens où quand mon mari sent que je suis épuisée, il prend parfois totalement le relais pour me laisser quelques heures de repos, et surtout je voyage souvent : il doit tout gérer les soirs pendant plusieurs parfois ! Je lui en suis très reconnaissante et il s’en sort super bien. Par contre, je compense à ma manière en le laissant aller à des festivals ou autre. Bref, pas facile comme sujet et tellement différent d’un couple à un autre. C’est un fin équilibre à mettre en place.
Miss Chat
21 juin 2016C’est dure comme description… Je sais que ça existe et ça rend la situation d’autant plus interpellante.
Mais je me demande également comment on peut supporter tout ça, surtout que cette femme a l’air consciente de l’injustice de sa situation… J’espère que dans un tel cas de figure et avec cette prise de conscience, on essaye de faire changer les choses.
On dit souvent que les femmes ont de la chance si leur mari participe mais c’est faux : elles n’ont pas de la « chance », elles sont juste dans une situation normale.
Lorette Antzenberger
21 juin 2016Très dur article, j’en ai pleuré, c’est d’une tristesse :/
Flo
22 juin 2016Cet article m’a beaucoup touchée. Je l’ai trouvé très triste, d’autant plus que je pense que ce schéma est très (trop) répandu. Je pensais avoir un couple équilibré et je me suis rendue compte que garder cet équilibre me demandait de plus en plus d’effort. Mon mari m’a d’ailleurs reproché de « compter les points » évidement si cela lui a déplu c’est que ce n’était pas en sa faveur. Je n’ai pas spécialement envie d’enfant mais cela est peut être en partie dû au fait que je pense que cela créerait en déséquilibre encore plus prononcer… Mon couple aujourd’hui est sur sa fin et je pense que c’est en (grande) partie à cause de mon besoin d’égalité non entendu.
Louna
22 juin 2016Que c’est dur ! Je rejoins les autres commentatrices et m’interroge aussi : « Pourquoi cette femme accepte-t-elle une telle situation ? », mais aussi « Comment a-t-elle pu se retrouver coincée dans cette vie, n’a-t-elle rien vu venir ? Est-ce que la relation avec son compagnon a changé brutalement avec l’arrivée des enfants, ou est-ce que cette situation était sous-jacente dès le début et que la situation actuelle n’est que la suite de cet accord tacite déséquilibré à la base ? ».
Bref, ça me paraît fou de vivre en acceptant une situation pareille…. Et quand je lis les commentaires, je réalise que ce n’est malheureusement pas si rare que ça !
Mais comme d’autres l’ont dit avant moi, ce n’est pas une fatalité ! Il ne faut pas se laisser faire : il faut en parler, s’affirmer, râler jusqu’à ce que les choses changent.
Non, un mari n’aide pas sa femme à la maison : chacun fait une part des tâches inhérentes au bon fonctionnement quotidien. Non, un père n’est pas un parent seulement en pointillés dans la semaine, et pas le week-end parce qu’il faut qu’il décompresse de sa semaine de boulot : on est deux pour faire des bébés, et deux pour les élever.
Allez, courage : je suis sûre que cet article t’a aidée à mettre des mots sur cette situation. Peut-être est-ce une bonne base pour en discuter directement avec ton mari ? Qu’il comprenne combien cette situation te pèse, et combien l’accumulation est devenue invivable au fil du temps ? Je suis sûre que s’il prend conscience de ce que tu vis, vous pourrez trouver des solutions, des compromis pour être (à nouveau) tous les deux épanouis dans votre vie.
Nana
22 juin 2016je n’ai pas lu les commentaires mais je n’aime pas vraiment cet article, il me parait pleins de ressentiments, j’ai juste envie de dire » mais ce n’est pas a nous qu’il faut dire tout ça! »
« Son temps à lui est précieux. Le sien à elle ne vaut rien. » comment peut on en arriver a penser cela de l’homme que l’on aime? j’espère que l’article t’as aider a ouvrir les yeux sur le vrai problème … les hommes ne sont ni macho ni feignant mais ils ont parfois du mal a s’imposer surtout surtout surtout si la tâche n’est pas agréable ( comme n’importe qui en fait ) Aller courage il a des solutions! pas forcément facile mais il faut faire des choix pas toujours facile pour etre heureux 😉
Littlefrog
25 juin 2016Et bien moi je ne m’y reconnais pas… D’un côté je dis que c’est une chance (car il a sa part de responsabilité, dans une société qui ne prône pas ces valeurs ) et d’un autre côté je dirais que c’est quotidien que j’y travaille. Il est issu d’une famille plutôt macho, qui ne fait que des tâches d’homme, mais des le début j’ai mis mon hola: je ne suis pas une boniche, il faut le respect. Après j’y ai rajouté un peu de psychologie : valoriser même quand c’est mal fait de façon à ne pas « casser » la bonne volonté tout en permettant d’évoluer doucement. Et bcp de dialogue et de « comparaison « (tu es content quand je fais ça pour toi alors que tu te sens comme cela, et bien moi c’est la même chose )…conclusion : il participe aux tâches quotidiennes… Et essaie de me soulager quand je suis pas en forme. Et j’avoue qu’il y a certaines tâches qui sont appréciables de « séparer « : j’aime quelque fois faire ‘la p’tite femme d’interieur’ et qu’il fasse des travaux, jardinage et quelques tâches « d’hommes » 😉 .et selon moi j’ai de la chance avec cet homme mais nous un travaillons tous deux à ce que l’harmonie se fasse.. Quand il a une dure journée ou une période compliquée c’est aussi à moi de le soutenir, d’éviter les reproches et de faire un peu +! (attention je ne juge pas ceux qui ne vivent pas la même chose que moi. Je connais d’ailleurs des hommes qui subissent des femmes incapables de ne faire autre chose que de se faire belles.. Pas même de s’occuper de leurs enfants !)