On continue avec une nouvelle sélection ?! (Tu peux retrouver les premières ici et là)
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Mille Femmes Blanches – Jim Fergus
États-Unis d’Amérique, 1875. May est une jeune femme issue d’une famille aisée qui a eu la bêtise de tomber amoureuse d’un jeune homme sans moyens. Pire ! Elle s’est installée en ménage avec lui et a eu deux enfants. Pour la punir, sa famille l’a fait interner. A défaut d’être folle, l’asile la rend folle. Aussi, lorsqu’elle entrevoit une porte de sortie, elle s’y précipite. Même si c’est pour aller vivre chez les sauvages. En effet le Président Grant a conclu un accord avec Little Wolf, chef des Cheyennes : troquer 1000 femmes blanches contre 1000 chevaux. May fait partie du premier (et unique) contingent de femmes envoyées chez les Indiens. Elles sont une quarantaine en tout et viennent principalement d’asile et pénitencier.
Pourquoi j’ai aimé : A partir d’un fait historique, Jim Fergus construit une formidable fiction. On suit May et ses compagnes, on assiste à leur métamorphose de femmes civilisées en squaws. On assiste également au déclin des Indiens en général et des Cheyennes en particulier. Aux ravages que la civilisation leur a causés. Et, tout au long du livre, une question demeure : qui sont réellement les sauvages, eux qui voulaient continuer leur vie nomade ou les Blancs qui voulaient leurs terres ?
Un extrait : « Seigneur Dieu, nous les avons vu aujourd’hui ! Notre peuple adoptif. Une escouade est venue nous examiner comme on le ferait d’un lot de marchandises… ce que, de fait, nous sommes précisément. Ils m’ont littéralement coupé le souffle. J’ai réussi à distinguer cinquante-trois individus – car autant essayer de compter les grains d’une poignée de sable jetée au vent – tous des hommes, chevauchant des montures dont ils semblaient le prolongement naturel. Ils ont fait irruption comme les membres d’un seul corps, un diable de poussière galopant et tourbillonnant. »
Mansfield Park – Jane Austen
Tante Norris, femme avare et grincheuse, se propose de soulager sa pauvre sœur madame Price de son aînée et de la confier à son autre sœur, Lady Bertram, qui a eu la chance de faire un riche mariage. Un acte de charité dit-elle. La chose est conclu et la petite Fanny Price, neuf ans, se retrouve catapultée dans un monde qu’elle ne comprend pas et qui ne la comprend pas : Mansfield Park. On est en Angleterre, au début du XIXème siècle. Toujours reléguée au second plan, elle assiste impuissante au rapprochement de ses cousins avec le frère et la sœur Crawford qu’elle n’apprécie guère.
Pourquoi j’ai aimé : il se dégage de ce roman une atmosphère de Downtown Abbey (pardon pour l’anachronisme, je sais qu’il y a un siècle d’écart). La qualité d’écriture est incomparable aux livres contemporains. J’ai eu quelques difficultés pour commencer ce livre, mais une fois que j’étais dedans, impossible de m’arrêter ! Un superbe roman d’apprentissage, genre que j’aime beaucoup.
Un extrait : « Dès le premier instant les jeunes gens se trouvèrent fort satisfaits l’un de l’autre. Il y avait de part et d’autre beaucoup d’attraits, et leurs relations promirent bientôt de devenir aussi étroites que le permettaient les convenances. La beauté de mademoiselle Crawford ne la desservit pas auprès des demoiselles Bertram. Elles étaient trop belles elles-mêmes pour haïr une femme pour sa beauté, et elles tombèrent, presque comme leur frère, sous le charme de son œil noir et vif, de son teint clair de brune, et de la joliesse de toute sa personne. Eût-elle été grande, blonde et majestueuse, cela aurait peut-être été une épreuve pour elles ; mais les choses étant ainsi, nulle comparaison n’était possible, et si elle était sans conteste fort jolie et fort gracieuse, elles étaient, elles, les plus belles jeunes femmes des alentours. »
Les Cavaliers – Joseph Kessel
L’Angleterre du XIXème siècle t’émeut peu ? Viens, je t’emmène en Afghanistan à la rencontre d’Ouroz, Jéhol et Mokkhi. Tout commence lorsque le roi organise un bouzkachi, une course afghane où des cavaliers doivent s’emparer de la carcasse d’un mouton. Toursène, homme dur et orgueilleux, envoie son fils Ouroz et son meilleur cheval, Jéhol. Pour les servir, Mokkhi les accompagne. Évidemment, rien ne se passe comme prévu : Ouroz se casse la jambe et perd le bouzkachi. Honteux, il s’enfuit de l’hôpital, casse son plâtre ce « petit cercueil » qui emprisonne sa jambe. Le trio se retrouve en cavale, la blessure ne guérit pas.
Pourquoi j’ai aimé : ce livre fait partie de mon top 5 sans une hésitation. C’est une fresque magnifique de ce qu’était l’Afghanistan il n’y a pas si longtemps. Joseph Kessel y a séjourné et son récit très réaliste nous transporte. On ne peut s’empêcher de maudire Ouroz, de compatir avec Jéhol, de prévenir Mokkhi… La plume est superbe, les paysages décrits époustouflants. Quel dommage que cet Afghanistan ait disparu.
Un extrait : « « Ô vous qui m’entourez, dit lentement Toursène, et qui répandrez mes paroles, je vous prends à témoin. Si à Kaboul, la capitale, mon Jehol gagne le bouzkachi du Roi, il appartiendra, dès cet instant, à Ouroz, mon fils, et à lui seul. » Ayant dit, Toursène se rassit, le torse droit, sur ses genoux croisés. Il n’avait pas achevé ce mouvement que déjà éclataient cris et commentaires. Le vrai, le faux, l’imaginaire s’y trouvaient mélangés. Tous étaient émus par la magnificence du cadeau. (…) Et Toursène, avec étonnement, pensa : « Serait-il vrai ? Si j’ai fait cela, c’est sans doute que je l’aime. » »
Mademoiselle Bulle
26 janvier 2018J’adore Jane Austen 🙂 Mansfield Park n’est pas mon préféré, je suis davantage fan d’Orgueil et Préjugés, et d’Emma.
Et je crois bien avoir lu les Cavaliers, j’avais bien aimé ! J’ai souvenir d’un livre assez dur, où l’immersion est totale.
Camomille
27 janvier 2018Oui, les cavaliers est en effet un roman dur
Charlene
26 janvier 2018tu donnes envie de tous les lire, comme à chaque fois 😉
Camomille
27 janvier 2018Merci !
Cricri2j
27 janvier 2018Merci je vais tenter de trouver le 1er!
Camomille
27 janvier 2018J’espère qu’il te plaira !!
Mme Espoir
30 janvier 2018J’en ai lu 2 sur 3. j’avais beaucoup aimé le roman de Jim Fergus même si je lui trouve des faiblesses.
Pour ce qui est de Jane Austen, je suis une très très grande fan. Mansfield Park n’est pas mon préféré, loin de là. Comme toi je trouve qu’il est très difficile d’y rentrer et il est moins dynamique que d’autres, ce qui peu rebuter. Quant au 3ème, ayant eu une expérience scolaire très malheureuse avec Kessel, je doute de le lire un jour !
Camomille
30 janvier 2018Oh non, quel dommage quand l’école nous dégoûte d’un écrivain ! Il faut que tu essayes, vraiment, c’est un livre merveilleux 😉