Été 2015 – Bruxelles
Dans le train qui me mène au bureau, je soupire. Je sature de la capitale, de ces navettes incessantes et du boulot administratif lobotomisant dans lequel mes études m’ont enfermé. Études choisies par défaut puisqu’à 17ans, mon avenir me semblait brumeux, et étudier l’économie et la gestion me semblait être une voie rassurante.
Sauf que quatre ans plus tard, cette sécurité ne me convient plus et j’aspire à un retour à la nature. J’ai grandi à la campagne, j’avais un carré de terre à moi dans le potager familial et lisais énormément de livres sur la faune et la flore lorsque j’étais enfant. Je connaissais par cœur les noms de tas de plantes et animaux. Mais les études scientifiques m’effrayaient, et j’ai choisi la facilité comme expliqué plus haut. Après mes études, je me suis retrouvée dans un bureau gris à Bruxelles et la transition a été violente, moi qui n’avais jamais pris le métro de ma vie.
Sauter le pas
Ce qui nous amène donc à cet après-midi maussade au bureau, où je décide par curiosité d’ouvrir un onglet de mon navigateur web et y chercher « formation nature Belgique ». Je tombe sur le site de Natagora (si tu es belge, tu connais surement – c’est une association de préservation de la faune et flore sauvage) qui démarre une formation en botanique près de mon domicile un soir par semaine. Je n’hésite pas longtemps avant de m’y inscrire. J’ai de la chance, la rentrée est proche.
Crédit photo : Photo personnelle.
Le soir de la rentrée, je suis nerveuse toute la journée. Comme pour une vraie rentrée ! Est-ce que ça va me plaire ? Vais-je avoir le niveau ? Mes doutes sont balayés rapidement : le formateur se veut rassurant pour les débutants (« les clettes », comme il nous appelle) et le programme me parle, même si je réalise que les autres élèves sont beaucoup plus âgés que moi et n’en sont pas à leur première formation.
Les premiers cours concernent le vocabulaire botanique. Je souris intérieurement à chaque évocation de termes que j’ai appris étant enfant : pétiole, pistil, étamine,…
Dans le train pour le boulot, je feuillette des dictionnaires botaniques pour me familiariser avec les notions. Et je revis : j’ai enfin mon petit projet en dehors du boulot, une passion, c’est assez incroyable pour moi, la nana qui n’avait aucun hobby.
Un pas après l’autre
Un dimanche d’octobre a lieu mon premier TP sur le terrain : une balade de six heures pour apprendre à identifier les gymnospermes (ou en français courant : les résineux). Je fais presque 2h de route, arrive dans une réserve qui ne se visite qu’avec un guide. Sur base de clés de détermination, nous nous posons une série de questions pour déterminer les espèces de conifères qui nous entourent. Je me sens revivre, le temps et la nature sont magnifiques et et ai soif d’en savoir plus. Le lendemain, je me répète les noms appris : Abies, Larix, Pinus, Cedrus,…
Les cours théoriques s’enchaînent, les familles botaniques sont abordées, les balades « pratiques » se multiplient. Dans le froid, sous la pluie, pas question d’annuler. Je m’équipe au fur et à mesure : des bouquins, des chaussures de randonnées (j’ai fait ma première balade en bottes en caoutchouc – novice que j’étais). Je fais de belles découvertes, comme une orchidée derrière une gare ou en centre-ville. Je retiens des anecdotes liées à certaines espèces, apprend à reconnaître les plantes qui croisent ma route.
Crédit photo : Photo personnelle.
Malheureusement, j’ai du abandonner peu de temps avant la fin de la première année pour des raisons de santé (que j’évoquerai peut-être un jour). Mais cela reste une belle aventure, car j’ai osé.
C’était il y a 2 ans, mais j’ai continué à participer à des balades botaniques (ou naturalistes en général), de plus en plus orientées vers l’usage des plantes. J’ai participé à des ateliers de cuisine de plantes sauvages, à des visites de jardins des simples, à des cours sur les plantes médicinales, à un MOOC d’initiation pour me rafraîchir la mémoire (TelaBotanica, qui a déjà été évoquée ici).
J’ai également commencé à introduire des espèces sauvages indigènes utiles dans mon jardin : consoude (top pour les beignets et activer le compost), bourrache (au subtil goût d’huîtres), capucine, sédum,… J’ai servi de guide à des amis citadins qui voulaient en savoir plus. Un jour, nous sommes allés au bois avec nos paniers et avons récolté de quoi nous faire un bon pesto, une soupe et une quiche. Et ça m’a rendue fière de pouvoir utiliser ce qui nous entoure, d’identifier, de partager mon petit savoir.
La botanique est un domaine très complexe et il faut des années d’études intensives (et sorties sur le terrain !) pour maitriser le sujet, mais cette passion m’a permis d’ouvrir les yeux sur des petits détails du quotidien : avez-vous déjà remarqué la beauté d’une fleur de marronnier ? Goûté une feuille de capucine ? Je ne perçois plus les « mauvaises herbes » comme étant à éliminer, elles ont une raison d’être là (excepté pour les invasives mais c’est une autre histoire), pour nous mais également pour les insectes/oiseaux.
Je suis heureuse de pouvoir reconnaitre la plupart des plantes qui croisent ma route (parfois grâce à l’aide de la géniale appli « Pl@ntnet » que je te recommande d’installer : tu prends un végétal en photo et l’appli te propose des suggestions, souvent pertinentes) et ne compte pas m’arrêter là avec les formations nature car je viens de m’inscrire à une formation d’éthologie (je te laisse interroger ton moteur de recherche si tu te demandes ce que ça peut être, hihi). J’aimerai un jour devenir guide-nature mais le chemin est long et j’ai encore beaucoup à apprendre, mais ça aussi, c’est une autre histoire…
Et toi ? Tu reprends des cours du soir cette année ? As-tu déjà suivi une formation pour « combler un manque » au niveau professionnel ? Les herbes sauvages que tu croises te sont-elles familières ou bien complètement inconnues ? Dis-moi tout en commentaire. 😉
Nathalie
1 octobre 2018Ça me dirait bien de prendre des cours d’un-truc-plus-passionnant-que-mon-boulot !
Tu nous raconteras l’éthologie ? Avec des chevaux ou toutes espèces ?
Pippa
1 octobre 2018Je t’encourage vivement à le faire, c’est très agréable d’avoir un « petit quelque chose à coté » et de continuer à apprendre. 🙂
Je reviendrai bien sûr raconter mon expérience avec l’éthologie, en fin de parcours. Ce n’est pas uniquement axé « chevaux » (il n’y a qu’une séance théorique et un TP sur cette espèce) mais le programme se compose de cours théoriques généraux comme l’hibernation, la territorialité, les parades amoureuses, etc + des TP d’observation en nature (affût nocturne, etc). Je commence la semaine prochaine, j’ai hâte !
Nathalie
1 octobre 2018Avec mon emploi du temps en ce moment c’est un peu compliqué (célibataire avec 1 enfant en bas âge) mais je prends des cours de piano 1 fois par semaine !
Par contre j’ai soif d’apprendre donc il y a plein de choses que j’aimerais faire/voir/apprendre/découvrir !
L’éthologie c’est typiquement une discipline qui m’attire beaucoup. J’en avais fait dans le cadre éthologie équine lors d’un stage et l’approche m’avait beaucoup plu. Du coup j’ai hâte que tu nous racontes !
Pippa
1 octobre 2018C’est déjà super si tu fais du piano 1x/semaine. Les cours de bota dont je parle dans cet article étaient hebdomadaires mais j’avoue que c’était beaucoup trop rapproché pour moi (pas le temps de relire entre 2 cours). Etho, c’est tout les 15 jours, ce rythme va déjà mieux me convenir.
Nathalie
2 octobre 2018Oui, caser le cours ce n’est pas trop compliqué mais les exercices quotidiens un peu plus. Heureusement, ma fille commence à être plus autonome et jouer seule !
Madame Colombe
1 octobre 2018Merci pour cet article très intéressant. Cela me parle car en fin de semaine, je vais assister à mon premier cours d’anthropologie. C’est une université populaire qui propose ces cours. J’ai hâte de commencer. Le rythme sera plus espacé que pour vous, car c’est une fois par mois.
C’est très bien d’apprendre en dehors du travail et de » retourner à l’école » pour ainsi dire. J’ai hâte de lire le récit de votre formation en éthologie.
Pippa
2 octobre 2018Comme tu le dit, c’est vraiment excitant de « retourner à l’école », et comme c’est pour le plaisir, je ne me mets pas la pression.
Bon amusement avec les cours d’anthropo, c’est un beau sujet d’études également 🙂
Cricri2j
1 octobre 2018Très intéressant ton article! J espère que tu viendras nous raconter la suite de tes pérégrinations.
Pippa
2 octobre 2018Avec plaisir 🙂
Madame Ophrys
2 octobre 2018Je comprends maintenant ton attrait pour mes chroniques « Devenir paysans », ça te parle pas mal en fait ^^.
Les cours dont tu parles me sont familiers (étant biologiste, je les ai eu dans mon cursus de base) et je les ai adorés.
Avoir « des yeux de biologiste / guide nature », c’est s’émerveiller de la nature qui nous entoure, et je comprends bien la sensation que cela procure.
Je te souhaite de continuer à approfondir ces notions afin de t’émerveiller encore plus, et pouvoir transmettre un peu de ton savoir à ceux qui le désirent 😉
Pippa
2 octobre 2018J’aurai adoré comme toi suivre une formation scientifique mais comme je le dit dans l’article, j’avais peur des débouchés… On se rattrape comme on peut 😉
Merci en tout cas.
Pimprenelle
8 octobre 2018J’ai fait des études de biologie, mais trouver du boulot en recherche fondamentale en Belgique, c’est dur en ce moment (surtout que je me suis spécialisée en suivant ma passion). Du coup je me retrouve « coincée » dans un travail de bureau, ce qui me déprime.
Mais ma curiosité et ma soif d’apprendre sont toujours bien là ! Je suis de temps à autre des cours en ligne, et je pense aussi à suivre des formations guide nature. J’espère décrocher un job qui serait plus dans mes cordes, et en attendant je crois que ça me remontera le moral.