Tu le sais maintenant, je suis une passionnée de botanique. Au fil de mes balades « travaux pratiques » et de mes cours du soir, j’ai entendu pas mal de recettes à base de telle ou telle espèce de plante sauvage, qui me faisaient baver d’envie.
Pas très rassurée à l’idée de me lancer seule au début, je me suis inscrite à des ateliers de cuisine sauvage pour ainsi découvrir comment m’y prendre. Et une fois les bonnes habitudes prises, ce n’est pas sorcier et très satisfaisant !
Pourquoi consommer des plantes sauvages ?
Nos légumes actuels « descendent » des plantes sauvages. Les maraîchers ont sélectionné, année après année, les variétés les plus rentables (taille importante ou aspect appétissant) avec pour conséquence de réduire drastiquement les bienfaits nutritifs ainsi que la variété de végétaux consommés. Les techniques de culture actuelle (récolte avant maturité, sols plus pauvres, croissance boostée avec des engrais) ont beaucoup diminué les nutriments contenu dans nos fruits. Une pomme actuelle contient 100x moins de vitamine C qu’une pomme de 1950 ! En revanche, les plantes sauvages sont plus concentrées en nutriments utiles. Par exemple, l’ortie est très riche en fer et est ton amie si tu souffres d’anémie…
Autre avantage des plantes sauvages, elles sont gratuites et poussent toutes seules ! Tu peux aller te servir directement dans la nature et avoir des « légumes » sans corvée jardinage, le rêve, non ? Si tu as un jardin, tu peux même récolter quelques graines pour en semer chez toi, afin d’en avoir à ta disposition sur un terrain clean.
Comment les récolter ?
Si tu souhaites te lancer dans la cueillette de plantes sauvages, quelques précautions sont à prendre :
- Ne cueille que ce dont tu es certaine à 100% de reconnaître. En cas de doutes, abstiens-toi.
- Cueille une feuille à la fois. C’est tentant de parfois arracher une grosse poignée d’ail des ours pour aller plus vite, mais un autre végétal toxique se cache peut-être au milieu…
- Ne cueille une plante que si tu en retrouves plusieurs spécimens dans les environs. Si c’est le seul exemplaire à la ronde, laisse-le s’épanouir, tu en trouveras bien plus l’année prochaine.
- Ne cueille pas les plantes dans les endroits pollués (au bord de champs pulvérisés, le long des routes, dans une friche industrielle ou parc fréquenté par des chiens,…).
- Pour les feuilles, choisis les parties les plus jeunes de la plante, les jeunes pousses de couleur plus claire : elles sont moins coriaces que les « vieilles feuilles ».
- Privilégie un sachet en papier ou un petit panier en osier car le sachet en plastique fait transpirer les végétaux et les dégrade vite.
- Utilise un petit couteau pour couper « proprement » la partie dont tu as besoin afin d’éviter d’arracher les racines.
- Pour les laver : étale ta récolte sur une table et laisse la quelques minutes afin de permettre aux insectes de s’échapper. Ensuite, fais les tremper dans de l’eau vinaigrée et lave les bien. Les fleurs ne se lavent pas, car cela les abîme fort, choisis donc des spécimens « propres » lors de ta cueillette.
- Cuisine les tout de suite car elles supportent mal la conservation (congélation, etc…).
- Ne consomme jamais des fleurs achetées chez le fleuriste (pétales de roses par exemple) ou en jardinerie car elles sont traitées.
Je te recommande de participer à une balade accompagnée ou un atelier de cuisine sauvage avant de te lancer toute seule. Cela te permet de voir les végétaux en vrai, et de poser toutes tes questions. Internet regorge également de très bon sites.
Allez, maintenant, c’est parti pour les recettes. Je ne vais pas te décrire en détail une à une chaque espèce utilisée pour ne pas alourdir l’article mais j’ai privilégié les plantes les plus communes. Tu verras que pour les quantités, c’est à l’œil car je suis rarement à la lettre un grimoire. Suis ton instinct… ou Internet 😉
Pesto sans ail
Pour ce classique de la cuisine sauvage, tu peux utiliser soit de l‘ail des ours, soit de l’alliaire. Ces deux plantes printanières ont un bon goût d’ail et s’utilisent crues.
- Mixe une bonne poignée d’ail des ours ou d’alliaire avec des noix de cajou, de l’huile d’olive, un peu de jus de citron, du sel et du poivre.
- Tu peux t’en faire un bocal, à consommer dans la semaine.
Je le trouve encore meilleur le lendemain !
Crédit photo : Photo personnelle (ici, pesto d’alliaire).
Soupe sauvage
Pour cette soupe verte, tu utiliser plusieurs végétaux, comme l’ortie (dont le coté urticant disparaît à la cuisson), l’égopode/podagraire, le lamier blanc, jaune ou pourpre ou encore le plantain (léger goût de champignon).
- Une fois que tu as bien lavé les végétaux, fais revenir un oignon (ou deux) dans un peu d’huile, ajoute les végétaux et laisse cuire quelques minutes.
- Ajoute de l’eau, un peu de bouillon de légume et du sel.
- Laisse mijoter le tout une demi-heure et passe au mixer.
Ici, j’ai décoré mon bol avec de l’alliaire, de l’achillée mille-feuille ciselée et des graines de sésame.
Crédit photo : photo personnelle
Tempura de consoude
Grâce à son goût légèrement iodé, la consoude est parfois appelée « sole végétale » (oui oui, tu lis bien, comme le poisson). Ces tempuras ultra simples à préparer sont sans doute ma recette préférée de la sélection (parce que vive le gras !).
Pour faire cette recette, tu as besoin de « jeunes » feuilles de consoude lavées. Elles sont un peu « poilues » mais pas de panique.
- Superpose deux feuilles de même grandeur l’une sur l’autre, elles vont rester collées grâce à leurs « poils », comme un velcro.
- Ensuite, trempe-les dans un mélange composé de moitié eau-moitié farine de riz.
- Tu n’as plus qu’à les plonger quelques instants dans de l’huile végétale bouillante (poêle ou friteuse).
- Quand elles sont bien dorées, tu les enlèves et les éponge un peu avec un papier absorbant.
Je les grignote comme ça avec les doigts, mais tu peux aussi les servir en plat principal, avec une sauce fraîche aux fines herbes (sauvages ?).
Astuce en plus : Des feuilles de consoude hachées permettent de donner un bon coup de boost à un compost ou à une plantation de tomates.
Crédit photo : photo personnelle
Crédit photo : photo personnelle
Tartinade à l’achillée millefeuille
Je ne sais pas si tu as remarqué mais les recettes que je t’ai proposé jusqu’ici sont vegan-friendly. Pour cette dernière recette, des produits animaux sont utilisés car je l’ai appris ainsi mais il y a surement moyen d’adapter avec un substitut (n’hésite pas à proposer tes idées en commentaire !).
Attention, ça va aller vite :
- Mélange des feuilles d‘achillée millefeuille ciselées à du fromage frais. Assaisonne selon ton goût avec sel, poivre, échalote, etc…
- Tu peux utiliser cette tartinade sur des toasts, que tu décores avec des fleurs de bourrache, de pensée ou de capucine.
L’achillée millefeuille est insipide mais a des propriétés intéressantes et ajoute une touche de couleur à un fromage blanc.
Tu peux aussi remplacer l’achillée millefeuille par des feuilles de capucine finement ciselées, dont le goût piquant rappelle celui du radis !
Si tu souhaites l’une ou l’autre précision sur une plante ou une recette, n’hésite pas à me le demander par commentaire !
Alors, tentée ? As-tu déjà goûté à la cuisine sauvage ? As-tu une recette que tu souhaites partager avec nous ?
Cricri2j
6 février 2019Hyper interessant ton billet! Je ne connaissais pas du tout.
Hormis la cueillette on peut en acheter directement? Magasin bio?
Pippa
7 février 2019Merci !
En magasin bio, tu peux retrouver certaines plantes sauvages mais sous forme séchée (ortie pour faire des infusions par exemple) ou déjà cuisiné (tofu à l’ail des ours par exemple). J’ai un jour acheté de l’ail des ours séché mais il n’avait aucun goût… je ne te conseille donc pas du tout si tu en croises en rayon… désolée, il va falloir partir à la cueillette 😉
Melinda
6 février 2019Tes deux dernières chroniques m’ouvrent des horizons complètement inconnus ! J’ai découvert l’ail des ours l’an dernier via la Ruche qui dit oui. Bon, la cueillette, c’est pas (encore) pour moi. Si jamais j’ai l’occasion d’acheter d’autres plantes citées dans ton article, j’essaierai tes recettes.
Pippa
7 février 2019Je suis contente que mes chroniques t’ai intéressé 🙂
Le tout est de se lancer avec un guide (ou un proche qui s’y connait) et en deux heures de promenade, tu peux déjà mémoriser 4 ou 5 espèces !
L’ail des ours devient un business, hihi. Dans certaines régions en Belgique, il me semble que la cueillette est réglementée car trop de monde en deterrait pour repiquer dans son jardin…ce qui n’est pas toujours un succès car c’est une plante de sous-bois.
Colombine
7 février 2019Que ça donne envie tout ça !! Je suis très curieuse de l’ail des ours. Tu mixes uniquement les feuilles ou avec la fleur ? C’est une très jolie plante ! Le tempura de consoude me parle bien aussi.
En tout cas merci pour cet article ! Je vais regarder par chez moi s’il y a des ateliers de ce type !
Pippa
7 février 2019Pour l’ail des ours, tu peux consommer les feuilles et les fleurs…mais je trouve dommage de mixer les fleurs, que tu peux utiliser pour décorer ton plat 😉
L’ail des ours se cueille en mars/avril, pile le temps pour toi de trouver un atelier 😉 (si tu es belge ou habite le Nord, je te conseille l’Asbl Defi Nature qui fait des atelier près de Charleroi).
Bon amusement !
Madame Ophrys
7 février 2019Bonjour Pippa !
Merci pour cet article sur la cuisine sauvage, que je pratique très occasionnellement, mais j’ai de bonnes relations qui sont expertes en ce domaine.
Merci de nous faire partager tes recettes et de nous inciter à nous y mettre, mais je me permettrai tout de même une remarque :
Tu dis que » Une pomme actuelle contient 100x moins de vitamine C qu’une pomme de 1950 ! », or l’article que tu cites est faux.
Ce n’est pas le seul d’ailleurs, beaucoup d’articles de presse ont relayé l’information sans prendre le temps de creuser un peu les données.
Je t’invites à lire ceci :
https://journalmetro.com/opinions/inspecteur-viral/709814/non-les-pommes-daujourdhui-ne-sont-pas-100-fois-moins-nutritives-quautrefois/?fbclid=IwAR19klr4kV_C4P8-E2pSaHyBO1XGv5igue3WCdljVnfQ0P0Sn_EgT5RACSE
et https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/10/12/qualite-nutritive-des-aliments-des-inquietudes-et-des-exagerations_5012617_4355770.html?fbclid=IwAR0ZpLRmxko3rnrnQljL0zPzBOANqqQVdrOmhGkoF-3ysATCcPCjpcSKfe4
L’AFP a supprimé l’article de base, sur lequel se sont appuyées de nombreuses autres presses, mais il reste tout de même quelques démentis.
Encore une fois je ne te jette pas la pierre, l’erreur vient de la presse elle-même, et il est très difficile de revenir sur une erreur par la suite.
Pippa
7 février 2019Merci pour le debunkage, Mme Ophrys, un info correcte est importante !
Dans tout les cas, vive les plantes sauvages (et les amis qui partagent leur savoir, hihi) !
Lili
7 février 2019Merci pour les recettes! on avait essayé des « nems de consoude » , riz de sushi entourés de feuilles de consoude! cela n’avait pas été très concluant, d’autant plus qu’on avait pris qques grosses feuilles et donc râpeuses lol j’essaierai du coup ta recette de tempura! quant à l’ail des ours, soit on le mange en pesto (miaaaam), soit dans des sandwichs quand on est en balade avec du bon pain frais, du jambon et beurre (le meilleur est souvent le plus simple^^)! Je te conseille aussi le lierre terrestre, délicieux avec du fromage de chèvre frais 🙂
Pippa
8 février 2019Oh des nems de consoude, tu es une aventurière ! C’est vrai que cru, ça doit un peu picoter…
Nos pensées se rejoignent car la soupe en photo de cet article contenait aussi du lierre terrestre mais je n’en ai pas parlé dans l’article pour ne pas décourager les lectrices en présentant trop de plantes et aussi pour éviter les confusions avec Hedera helix. ^^
Comme tu le dis si bien, le plus simple est souvent le meilleur. Pour ma part, j’adore croquer les fleurs de pensées sauvages. 😉