Comment choisir une carrière pendant ses études ?

Pour mes chroniques, j’ai décidé d’écrire (pour l’instant) sur un sujet bien précis : la vie professionnelle et les doutes auxquels j’ai été confrontée et que tu peux peut-être rencontrer.

Mais laisse-moi commencer par te parler un peu de mon parcours.

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Plus généraliste tu meurs

J’ai toujours été assez studieuse, j’aimais l’école, à peu près toutes les matières et j’étais du genre à demander des cahiers de vacances à mes parents. Cela m’a plutôt réussi toute une partie de ma scolarité. Grâce à mes facilités, j’ai toujours eu le choix dans le cursus que je voulais suivre.

J’ai fait un bac S parce que c’était un bac prestigieux à l’époque. En terminale, quand la question de la suite de mon cursus s’est posée, je ne savais pas vraiment quoi faire. Mes parents n’ont pas fait leurs en France et ma sœur a fait un IUT, chose qui ne m’attirait pas forcément. Mon seul repère était donc mes amis et mon copain de l’époque. Il voulait faire une prépa scientifique et m’a convaincue de le suivre sur la voie du « prestige ». Bien sûr, je suis consciente de la stupidité de cette notion de prestige, mais à l’époque, on nous rabâchait que faire « médecine » ou  « prépa » étaient les 2 options intéressantes pour les étudiants qui avaient le choix.

Je me suis donc lancée dans une prépa économique (ou HEC) afin d’entrer en école de commerce. C’était une prépa assez généraliste pour que je m’y retrouve et je n’aurais plus vraiment à décider de mon avenir pendant au moins plusieurs années : la voie était tracée.

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Après mes 2 ans de prépa, je suis allée en école de commerce, ou les matières sont très généralistes. Le but étant de sensibiliser les étudiants à un panel de différents métiers et de leur proposer de se spécialiser par la suite.

Durant mes 3 années d’école de commerce, j’ai pris des matières un peu fourre-tout, rien de très spécialisé, pour pouvoir découvrir différents univers, et surtout ne pas avoir à choisir.

Est-ce que tu commences à voir un modèle qui se dessine ? Est-ce que tu penses comprendre comment je fonctionne ?

Si tu as un encore un doute, laisse moi le dissiper : je n’aime pas faire des choix. Mais après cette révélation, je continue mon parcours scolaire et professionnel.

Durant mes études en école de commerce, il y a un seul et unique cours qui est sorti du lot : la gestion de projet. Je sentais que j’étais faite pour ça et que ce serait ce vers quoi je me dirigeais… Mais si l’univers de la gestion de projet t’es familier, tu dois sûrement te dire : « ok, mais ça veut tout et rien dire… car il y a de la gestion de projet dans de nombreux domaines ».

La deuxième chose qui m’a permis d’avancer un peu dans ma réflexion a été ma vie associative. Dès le premier jour de l’école, je savais que je voulais être au bureau des élèves : c’est l’association qui organise des événements à l’école. C’est souvent des soirées, mais c’est aussi un week-end d’intégration et des animations dans l’école toute l’année.

J’ai adoré mes 2 années dans cette association et il faut le dire, j’étais assez douée dans ce que je faisais : planifier, organiser, gérer, manager… je pense que j’arrivais assez bien à le faire.

(C’était la minute boost de confiance en soi. Promis ça s’arrête là.)

Durant mes études, j’ai effectué 3 stages, un peu par hasard. Le premier était dans une agence de publicité et j’ai vraiment aimé ça. C’était de la gestion de projet appliqué à la publicité et j’ai trouvé ça très intéressant. Mon second stage était un échec. Je travaillais dans une agence de photographie en Inde, et j’ai même dû arrêter le stage en plein milieu. A ce moment-là, je savais déjà que je voulais travailler dans l’événementiel, j’avais l’impression que tous mes autres camarades avaient le même souhait. J’ai donc voulu prendre le contre-pied de mon environnement : c’est un métier très demandé, et mal payé. Pourquoi est-ce que je vais faire ça ?

Parenthèse de la Théa adulte qui a du recul :

Cette réflexion peut te paraître stupide, et aujourd’hui, je suis assez d’accord avec toi mais je t’avoue qu’à l’époque, ça me semblait logique de ne pas faire un métier qui me plaisait pour ces raisons tout à fait futiles.

J’ai donc décidé de faire un troisième stage en commercial, pour voir si ça pouvait me plaire. C’était un échec bien sûr et je n’ai pas souhaité continuer dans cette voix.

Nous sommes donc en 2013, j’ai un master 2 en poche, et je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie.

Forcément, avec ça, c’est compliqué de trouver un . J’ai envoyé des candidatures à de nombreuses entreprises et au bout de 6 mois de chômage, une ancienne de mon école m’a dit qu’elle quittait son métier de chef de projet digital et que ça pourrait me plaire.

J’envoie mon CV, je passe un entretien, le courant passe bien et bingo, je suis embauchée.

Donc je te résume la situation : j’ai fait un Bac S car c’était prestigieux, j’ai fait prépa car mon copain me disait que c’était bien, j’ai pris mon premier job parce que je n’avais rien d’autre et que ça me semblait pas trop mal.

Si je te raconte tout ça aujourd’hui, c’est que clairement, tout n’a pas été rose depuis.

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Choisir une carrière à 18 ans ?

Avant de continuer, j’aimerais te parler de ce que j’en pense, à une échelle un peu plus large que ma propre personne.

Je ne sais pas si c’est ma génération (la fameuse génération Y), si c’est l’accès à plus d’informations ou si ce fait a toujours existé mais une chose est sûre : je vois de plus en plus de personnes de mon âge (autour de la trentaine) qui changent radicalement de vie.

Ils se sont engagés dans une voie qui ne leur correspond pas, probablement pour les mêmes raisons que moi, et aujourd’hui, après 2, 3, 10 ans de vie professionnelle, ils réalisent que ce qu’ils font ne les accomplissent pas.

Honnêtement, je ne sais pas quelle est la solution et je pense que beaucoup avant moi ont réfléchi à un moyen d’aider les « jeunes » à trouver leur voie plus tôt.

Je vais te faire part de mon avis, qui n’est absolument pas documenté, et clairement subjectif. D’ailleurs, si tu souhaites échanger avec moi sur le sujet, n’hésite pas à le faire en commentaire.

Ici il y a plusieurs points bloquants :

  • Le fait de devoir choisir de ce qu’on va faire toute sa vie si tôt (entre 15 et 20 ans)
  • Le fait de ne pas avoir toutes les clés en main pour faire ce choix, bien qu’il y ait des très bons conseillers d’orientation
  • Le fait qu’aujourd’hui, il soit si difficile de switcher et d’avoir plusieurs carrières dans une seule vie.

Personnellement, j’y ai pas mal réfléchi et je pense que le cursus scolaire n’est plus complètement adapté à la société d’aujourd’hui. On apprend beaucoup de choses théoriques, qui sont absolument nécessaires, mais avec l’évolution de la société et le fait que, soyons honnête, à l’âge adulte, toute question est répondue instantanément par notre Google, je pense que ce n’est plus indispensable.

Aujourd’hui, notre apprentissage est basé sur le savoir, alors qu’il devrait aussi y avoir du savoir-faire et du savoir-être.

Par exemple, il y a certaines choses que j’aurais aimé avoir apprises à l’école :

  • Comment négocier ?
  • Comment développer la confiance en soi ?
  • Comment identifier les valeurs qui comptent pour nous ?
  • En quoi suis-je doué ? (Et je ne parle pas de note)

Encore une fois, si tu n’es pas d’accord ou si tu as un parcours bien éloigné du mien, je t’invite à en parler avec moi, promis je ne mords pas.

Je reviens vite pour te parler de mon parcours professionnel et du moment où j’ai décidé de me reconvertir.

Et toi, es-tu satisfait/e de ton métier ? As-tu eu les mêmes réflexions que moi ? Que penses-tu de l’éducation que l’on reçoit ?

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18 Comments

  • AG

    2 septembre 2019

    Comme ça me parle ! Bac S également, école d’ingé ensuite parce que c’était assez généraliste et que j’avais l’impression que c’est ce qu’on attendait de moi, choix de la filière sur classement ensuite. Voilà 8 ans que je suis diplômée, j’ai entamé un bilan de compétences (après 5 ans de questionnements sur mon métier et deux dépressions (liées à ça ou pas ?)) et envisage de me reconvertir. Mais pour l’instant, bizarrement, j’ai du mal à passer le cap. Ma routine est trop confortable…
    C’est tellement difficile de choisir au lycée ce qu’on va faire. Même maintenant à 30 ans j’ai du mal ! J’aimerais qu’on puisse changer complètement de carrière plus facilement si cela nous chante !

    • Thea

      17 septembre 2019

      AG, on a vraiment le même parcours… il m’a fallu du temps pour passer le pas aussi et j’ai décidé de me sortir toute seule de ma zone de confort pour ne plus avoir le choix.
      Quelle est la direction que tu souhaiterais prendre ?

  • Madame Parenthèses

    2 septembre 2019

    Je me suis aussi beaucoup laissée porter par les événements en terme d’orientation ! Bac ES, parce que ça me permettait de sortir enfin la physique de ma vie (sans regrets !), fac en filière sur dossier pour suivre les conseils de mes parents (et parce que les matières m’intéressaient, quand même !)…
    Et à la fin de ma 3e année de fac, je suis allée voir un institut privé de conseillers en orientation, qui m’a recommandé la bibliothéconomie, après plusieurs tests et entretiens avec eux. Ils ne se sont pas trompés ! ^^ Et aujourd’hui, j’évolue en fonction des opportunités qui se présentent à moi, et je trouve ça chouette !

    Je suis assez d’accord avec ton analyse, il y aurait probablement pas mal de choses à revoir dans notre façon de former les enfants et adolescents… L’ampleur de la tâche donne le tournis ! ^^

    • Thea

      17 septembre 2019

      Quelle chance Madame Parenthèses ! Tu as été bien conseillée au bon moment, ce qui est finalement ce qu’on demande à des conseillers d’orientation, mais c’est vrai que tous les échos que j’en ai eu sont assez négatifs en général, en tout cas dans le public.
      C’est top en tout cas d’être bien dans son travail

  • Madame Fleur

    2 septembre 2019

    Je partage totalement ton avis, je trouve qu’il est très difficile de choisir une voie à 16 ou 18 ans.
    Pour ma part, c’était les métiers que je voulais faire et mes capacités dans certains domaines qui ont guidé mes choix. Pour autant, je me rends compte qu’il y a des métiers dont j’ignorais l’existence qui m’auraient sans doute beaucoup plu.
    Je n’exclus donc pas quand mes enfants seront plus autonomes de reprendre des études (en fait j’adore apprendre, c’est comme cela que je vois mon évolution).

    • Thea

      17 septembre 2019

      C’est en effet difficile de se projeter quand on a 16 ou 18 ans. Madame Fleur, je te souhaite de re-trouver ta voie à travers les études quand tes enfants seront plus grands

  • Virg

    2 septembre 2019

    Un peu pareil mais, au lieu de rester généraliste pour ne pas choisir, j’ai suivi mes penchants littéraires jusqu’à trouver une filière pro dont le métier me correspondait totalement. Aujourd’hui, j’approche de la quarantaine et je m’ennuie un peu. Je me laisse 2 ans pour décider soit développer une autre partie de mon métier que je n’ai pas encore abordée soit compléter avec un Master pour avoir une autre activité. Ma chance étant que je suis indépendante, je peux donc à loisirs décider de donner 2 activités à ma société; donc exercer 2 métiers sans problème, le tout étant qu’ils soient compatibles en termes de planning.

    Avant, nos parents entraient dans une entreprise et y exerçaient toute leur carrière. Maintenant; on s’écoute davantage. Je pense que c’est le fruit des crises économiques successives. Il ne faut pas oublier que certaines boîtent ont licencié des familles entières (on faisait rentrer les enfants dans l’entreprise ou on rencontrait son conjoint parmi les collègues).

    • Thea

      17 septembre 2019

      En effet Virg, tu as la chance d’être freelance et de pouvoir combiner les deux. Mais ce qui compte est surtout de réaliser que tu t’ennuies et surtout faire quelque chose quand c’est le cas. Nous (car il m’a fallu 5 ans) sommes tellement à avoir peur de sortir de notre zone de confort.
      Je te félicite

  • Cricri2j

    2 septembre 2019

    Je me suis un peu laissée porter comme toi.
    Il doit y avoir de bons conseillers d orientation mais personnellement je n en ai jamais vu un seul. Ça devrait faire parti du cursus scolaire avec plusieurs entretiens.
    J ai même songé un temps à me reconvertir pour exercer ce métier et aider des jeunes (mais il faut un diplôme de psychologue).
    Hâte de connaître la suite de ton parcours

    • Thea

      17 septembre 2019

      Merci Cricri2j ! La suite arrive très vite.

  • Maye

    3 septembre 2019

    Je ne suis pas certaine que ce soir l’âge qui gêne quand a la décision de l’orientation… On le reculerai que ça ne changerait pas grand chose aha. Le nombre d’étudiants toujours aussi paumés a la fac !
    Je pense que c’est plutôt du a un manque total de connaissances des options. Qui peut dire quel travail ou filière il veut faire alors qu’on l’a jamais fait ! Par contre je suis d’accord qu’il faudrait complétement changer le système scolaire. Proposer des tonnes d’expériences pro dans plein de domaines différents me paraît indispensable.

    • Thea

      17 septembre 2019

      Tu as raison Maye. J’associe ça à l’âge parce que c’est le seul modèle que je connais mais en réalité c’est le manque de connaissances sur les options disponibles…

  • Sarah

    3 septembre 2019

    Je suis de la même génération que toi et pourtant tout l’inverse 🙂 J’ai su assez tôt, en seconde, le domaine dans lequel je voulais travailler et puis j’ai affiné mes choix années après années pour faire un métier dans lequel je m’épanouis totalement et au sein de lequel j’ai pu évoluer depuis 10 ans. Par contre, je sais aussi depuis longtemps que je ne ferai pas ce métier toute ma vie. D’ici 5-10 ans je prévois de me reconvertir totalement dans autre chose pour découvrir un autre métier. Mon problème c’est que j’aimerais tester plein de métier, tellement il y en a qui me plaisent, mais pas assez d’une vie pour ça 😀

    • Thea

      17 septembre 2019

      Déjà chapeau Sarah d’avoir trouvé ta voie, en tout cas ton premier métier. C’est pas donné à tout le monde et je pense qu’on devrait tous pouvoir s’épanouir professionnellement.
      Est-ce que tu as quelques pistes pour ton prochain métier, en tout cas, une branche un peu définie ?

  • Elodie

    5 septembre 2019

    Je suis également de la même génération mais a l’inverse de toi jai si très tôt ce que je voulais faire (le stage de 3ème ayant confirmé mon souhait). Je me suis battue pour faire S (moi qui suis plutôt littéraire…) et la PCEM1 et jai enfoncé toutes les portes qui se dressaient devant moi pour réaliser mon rêve. Ca fait 8 ans que je suis sage-femme et je ne regrettera rien chaque jour je vais bosser avec le sourire

    • Thea

      17 septembre 2019

      Elodie, je pense que je ne suis pas la première à le dire mais c’est vrai que certains métiers comme sage-femme, infirmier, professeur… doivent être des métiers passion. Et c’est chouette que tu aies pu l’identifier si vite !

  • Odice

    9 septembre 2019

    Bonjour!
    Même génération et même constat (douloureux !) pour moi et autour de moi! En ce qui me concerne, mon parcours a été similaire (mais dans un domaine un chouilla différent) et toujours cette fuite (surtout ne pas faire de choix, surtout ne pas se spécialiser pour pouvoir plus facilement revenir en arrière?) Mais ca ne marche pas 🙂
    Nous ne connaissons pas du tout, à 18 ans ou 20 ans / 23 ans toutes les possibilités qui existent (et je me reconnais tellement dans « il faut choisir quelque chose avec des débouchés, même si ce n’est pas transcendant! »)
    Il ne faut cependant pas être trop dur avec nous mêmes, nous sommes pour la plupart arrivés sur le marché du travail en pleine crise, donc c’était un peu sauve qui peut, prend le premier job et on verra après….
    Dernier point, clairement oui oui et re oui! le système actuel n’est pas du tout en adéquation avec le monde du travail (que ce soit en entreprise, associatif..). J’aurais adoré apprendre à développer ma créativité plutôt que de connaitre par cœur le mécanisme de la photosynthèse 😉 (je fais des raccourcis mais l’idée est là ;)). Comme j’aurais aimé connaitre quelques outils d’organisation, de management plutôt que d’apprendre sur le tas (et dans la douleur!).
    Les étudiants assistent à des cours qui un an plus tard sont complètement dépassés! Se connaitre soi- même, ces valeurs, son mode de fonctionnement, développer son esprit critique, connaitre ses moteurs, c’est tellement plus important!

    Ce qui n’aide pas, c’est d’avoir, par exemple, un conjoint passionné par son métier et qui n’envisage pas de faire autre chose. Qu’est ce que j’aimerais avoir une telle envie et passion!

    Bref ce qui est sûr c’est que jamais je ne dirai à mes enfants une phrase du style « fais plutôt autre chose, parce que ca, ce n’est pas un métier ! »
    Chaque jour un nouveau métier s’invente!

    • Thea

      17 septembre 2019

      Merci Odice pour ce témoignage. C’est rassurant de voir que je ne suis pas seule avec mes questionnements et que quelle que soit la filière, nous sommes beaucoup à être paumés.
      Je ne pense pas qu’on puisse changer le système d’éducation si facilement, mais c’est vrai qu’il est resté à l’identique depuis trop longtemps alors que la société a bien changé !

      En tout cas, je nous souhaite de trouver notre voie et le métier dans lequel nous nous épanouirons.

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