Je ne me sens pas touchée par les attaques terroristes…

Ne pas avoir peur des attentats

J’habite en Belgique. Tous les jours, je rejoins la capitale en train. Une fois à la gare de Bruxelles Schuman, je prends le métro pour me rendre au bureau, à quelques centaines de mètres des institutions européennes. À chaque sommet de l’Union Européenne, la station Schuman est fermée. J’emprunte alors celle de Maelbeek, désormais tristement célèbre.

Lorsque fusillades et explosifs ont plongé Paris dans la terreur, je n’ai pas eu envie de pleurer. Bien sûr, j’ai pensé aux victimes, aux rêves brisés, aux blessés, aux vies qui ont basculé, à cette folie… Mais je n’ai pas pleuré, je n’ai pas été choquée, ni scandalisée…

Je suis pourtant loin d’être insensible. Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense aux démunis, aux malades, à ceux qui travaillent dans des conditions inhumaines, aux enfants victimes d’abus, aux centaines de milliers d’animaux froidement tués chaque jour dans les abattoirs, aux personnes qui ont faim, à celles qui ont froid, celles qui souffrent, celles qu’on abandonne, celles qu’on harcèle… Parfois, toute cette souffrance, cette peine, cette cruauté me donne un tel tournis que j’ai envie de vomir.

Pourtant, après le 13 novembre, alors que la terre entière priait pour Paris, je ne me suis pas sentie plus mal que d’habitude. Je n’ai ressenti ni stupéfaction, ni émoi. C’est en voyant la peine, la colère et, enfin, ce gigantesque élan de solidarité envahir mes proches que je me suis sentie mal. Pourquoi ne parvenais-je pas, moi aussi, à participer à ce sentiment d’union ? Pourquoi n’étais-je pas indignée ?

En janvier 2015, déjà, je ne me sentais pas vraiment Charlie… Quelque chose clocherait-il chez moi ? Manquerais-je d’empathie ? Au final, pour arrêter de me torturer l’esprit avec ça, j’en ai conclu que, ne connaissant pas bien Paris, je ne parvenais sans doute pas à m’identifier aux victimes et à leurs proches. J’avais du mal à me projeter à la place des parisiens, voilà tout. Je n’étais donc pas froide et insensible, juste un peu trop égocentrique…

Sauf que nous voilà fin mars 2016, et cette fois, c’est mon quotidien qui est touché. Bruxelles, ma Belle, ville que j’arpente quotidiennement et que j’adore. Cette fois, ils ont attaqué mon métro, mon aéroport. Découvrir ma station de métro sur FoxNews et dans les articles de Mashable, ça me fait quelque chose. C’est… bizarre. Puis la tour Eiffel en noir-jaune-rouge, des drapeaux belges un peu partout. D’un coup, tout le monde sait qu’on existe. Tout le monde nous soutient.

Ne pas avoir peur des attentats

Crédits photo (creative commons) : Domenico

Mais nous soutient pour quoi ? Je suis bien entendu très triste pour les victimes. Mais quand une connaissance française me dit : « Je suis avec toi, je comprends ce que tu ressens, nous aussi on est passés par là. », je me demande : « Passés par quoi ? »

Je n’étais pas dans le métro au moment où ça a sauté, mes proches non plus. Suis-je vraiment insensible ? Quand j’entends : « La vie continue ! », « On ne va pas les laisser gagner, il faut que la vie reprenne ! », je ne parviens pas à me joindre à ce sentiment de communion. Bien sûr que, pour nous qui ne sommes pas directement impliqués, la vie va continuer.

Je ressens également un certain malaise face aux « Tu n’as pas trop peur d’aller travailler si près du quartier européen ? » et « Quoi ? Tu oseras encore prendre le métro ? ». J’avoue que je ne sais pas trop quoi répondre…

Non, je n’ai pas peur. Pas plus que quand je prends la voiture et que j’entrevois toutes les possibilités d’accidents. Pas plus que quand je pense aux installations de gaz vieillottes un peu partout dans la rue, qui peuvent sauter à tout moment.

Le pire, c’est que je ne parviens pas à répondre honnêtement. J’ai l’impression qu’un simple « Non, pas du tout ! » serait pris soit pour un mensonge, soit pour de l’inconscience, les seules réponses possibles étant : « Oui, j’y pense tout le temps… » ou « Un peu, mais il ne faut pas les laisser gagner. ». Alors, je me contente de hausser les épaules et de couper court à la conversation avec un évasif « Non, ça va. ».

Ne te méprends pas : je compatis avec les victimes et leurs proches. Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas écrit. Mais, dans ces moments de communion nationale, je me sens un peu à côté. Et je repense à ceux qui souffrent, qui ont faim, qui se font frapper, violer, harceler…

Et toi ? Comment as-tu réagi ? Tu as aussi eu du mal à prendre part à cette communion et à cet élan de solidarité ? Ou au contraire, tu as ressenti le besoin d’y participer ? Raconte-moi…

Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !

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27 Comments

  • Virginie

    11 avril 2016

    Peut – être est-ce une façon de te protéger ? En refusant simplement de te sentir concernée ?
    En tout cas, je ne vois pas pourquoi tu devrais avoir honte de ne pas partager les sentiments de tout le monde, après tout, dans ce genre de catastrophe, chacun réagit différemment. Nos réactions/peurs/craintes sont aussi le fruit de notre propre histoire.

  • Madame Fleur

    11 avril 2016

    Comme l’écrit Virginie, tu ne dois pas avoir honte de ton ressenti. Je trouve qu’il dénote surtout d’un certain altruisme. J’aimerai vraiment être capable comme toi de penser avant tout aux autres malheurs qui touchent de nombreuses population au quotidien et pas seulement quand cela nous touche de près. J’aimerai vraiment avoir cette force là, je ne me sentirai pas aussi peu en sécurité alors que franchement, je ne risque quand même sans doute moins que quelqu’un qui vit dans n’importe quel autre pays que la France. Cela me fait réfléchir vraiment, et je t’en remercie.

  • Nathalie

    11 avril 2016

    Un peu après les attentats de Paris, j’avais lu l’interview d’un psy qui disait en gros:
    « Chacun fait face aux événements à sa façon. Certains vont reprendre leur vie rapidement, pour d’autres il faudra plus de temps. Aucune de ces réactions n’est la bonne ou la mauvaise, il faut accepter que l’autre ne réagisse pas pareil que soi-même. »

    En très gros, c’était mieux formulé… En tout cas ce qu’il a dit m’a beaucoup parlé.

  • Mme Ebène

    11 avril 2016

    J’ai eu une petite pensée la première fois que j’ai repris le métro après les attentats. J’étais un peu révoltée que quelque chose aussi anodin que prendre le métro puisse couter la vie. Mais sinon je suis d’accord avec toi, il y a des situations plus préoccupante dans le monde. Comme les réfugiés qu’on renvoi en Turquie par exemple. ça m’énerve quand j’entends « la France/Belgique est en guerre ». Je trouve ça insultant pour des personnes qui vivent réellement dans des zones en guerre.
    Quand une collègue m’a dit qu’elle comptait déménager à la campagne parce que « Bruxelles c’est trop dangereux », je lui ai juste fait remarquer que statistiquement ces trajets journaliers étaient 20 fois plus meurtriers.

  • Pitch

    11 avril 2016

    perso je n’ai pas été touché par Charlie Hebdo ni ceux d’avant car je ne m’identifiais pas du tout, et c’était des population ‘visées’. horrible à dire mais je ne me sentais pas concernée. Mais à Paris et à Bruxelles, le pur hasard, ne pas être ua bon endroit au bon moment … après Paris j’ai eu un peu de mal, mais je voyais un psy qui m’a fait prendre du recul en me disant la même chose que ce que tu écris: on peut mourir tous les jours de plein de facons différentes, on le sait mais on n’arrête pas de vivre pour autant car statistiquement c’est rien. Les attentats c’est pareil. et si demain je dois mourir de cette façon, pas de bol pour moi mais c’est la vie… donc autant continuer à en profiter à fond.

  • AurelE

    11 avril 2016

    Je te rejoins complètement !! Sauf que je vais être un peu plus trash que toi moi je m’en fou complètement !

    J’ai passé le 3/4 de ma vie a Paris et pourtant ni Charlie ni le 13 novembre m’ont touchés. Et j’avoue que pour la Belgique c’est pareil.
    LA seule chose que ca change dans mon quotidien c’est qu’on en profite pour faire passer des trucs en douce pour lesquels je suis contre au niveau politique, sinon ca m’empêche pas d’aller au boulot, en vacances, boire un verre…

    • Gwen

      11 avril 2016

      Serions-nous habitués aux attentats pour être aussi insensible? c’est la question que je me pose quand je vois ce genre de commentaire. Je respecte car chacun réagit comme il veut, mais ça me choque beaucoup.. Il y a des familles endeuillées, qui pleurent mari/parents/enfants à cause de déglingués et tu dis « t’en foutre complètement », je ne te souhaite pas de vivre pareil traumatisme et d’avoir quelqu’un en face de toi qui te dises une chose pareil. Personnellement je suis quelqu’un de très empathique du coup ça me fais un choc de lire ça. De plus, même si ça ne nous empéche pas de vivre, c’est inquiètant pour le monde que nous laissons à nos enfants..

      • Virginie

        11 avril 2016

        +1 Gwen, je trouvais justement l’article très bien écrit, c’est plutôt sur le ton « cela me laisse indifférente ». Là, annoncer « je m’en fous », ça calme un peu. Un ami à nous était au Stade de France, sa femme a accouché deux jours après tellement elle a flippé, il me semble un peu insultant de laisser ce genre de commentaire.

        • Camille

          11 avril 2016

          Je pense qu’AureIE a juste exprimé de façon un peu maladroite que dans le flot d’informations quotidien, celles-ci ne l’avaient pas touchée plus que les autres. Je ne crois pas qu’elle ait voulu nier le drame qu’ont subi les victimes et leurs proches… Ce n’est pas ce que je lis, en tout cas.

  • Madame Vélo

    11 avril 2016

    Je te comprends totalement. Même si j’étais ahurie devant les infos au moments des différents attentats (surtout ceux du 13 novembre), je n’ai pas eu de moment de panique, pas de pleurs, pas de terreur. J’ai trouvé ça beau, cette marche mondiale à Paris après les attentas de Charlie Hebdo, mais franchement je me suis sentie mal vis à vis de tous ces gens dans le monde qui meurent de guerre sur leur territoire, qui meurent de faim, de corruption, de mafia, d’autres injustices, et dont on ne parle jamais, et personne ne va marcher pour eux. Le terrorisme c’est triste, injuste, horrible, abusé, inutile, et ça nous touche parce qu’en occident on se croit immortel, mais tous ceux qui meurent d’un accident de voiture, d’une piqure d’abeille ou de faim, personne ne pense à leurs familles qui souffrent tout autant.

  • Yaelle

    11 avril 2016

    J’avais été choquée par le 13 novembre… là absolument rien… la différence? j’ai suivis toute la soirée du 13 sur bfm… En Belgique, rien, pas allumé la télé, même pas essayé de cherché a savoir ce qui c’etait passé…
    Je crois que tout simplement cela ne sert a rien, des attentats il y en a toujours eu et il y en aura toujours et absorber la moindre information n’y changera rien , ca ne m’empechera pas de me faire tuer , ca ne protégera pas mes proches… et on le constate cela ne fais pas bouger les choses… Cela n’apporte que du stress supplémentaire, de la confusion…

  • Miss Chat

    11 avril 2016

    Les attaques à Charlie Hebdo m’ont surprise et étonnée mais pas choquée, probablement parce que je ne m’identifie pas du tout à un groupe de caricaturistes français dont je ne connaissais même pas l’existence. C’était une attaque ciblée, spécifique, qui pour moi ne concernaient pas la majorité des gens.
    Par contre, autant de morts à Paris le 13 novembre, une ville que j’ai visitée plusieurs fois et que j’apprécie, où j’ai des amis et même de la famille… Puis à Bruxelles, ma ville d’adoption, la ville où je vis et travaille, où j’ai passé les meilleurs épisodes de ma vie… Là, c’est un peu plus dur parce que ce sont des gens exactement comme toi et moi qui sont visés. Ca me rend triste pour les familles, pour les proches qui restent, même si je ne les connais pas.
    Je ne suis pas dans la psychose non plus, je continuerai tout exactement comme avant car pour moi, il n’y a pas de « la vie doit continuer » qui tienne, tout simplement parce que ces attentats ne m’ont pas atteinte directement. Ceux qui peuvent dire « la vie doit continuer » sont ceux qui ont subi ces attaques. Pas celui qui calé dans son fauteuil à 100 km des événements n’a vécu cela ni de près ni de loin.
    D’abord ton témoignage m’a un peu choquée mais je crois qu’au fond, je peux le comprendre. Quand on n’est pas réellement touché de près (comprendre : quand on ne connaît pas une victime directe), ce n’est pas si étonnant que cela. De toute façon, si c’est ce que tu ressens, tu es aussi en droit de l’exprimer 🙂
    Cela dit, je me refuse à faire cette comparaison « il y a pire ailleurs » que tu fais, que je trouve particulièrement dégradante. Il y aura toujours pire ailleurs, ce n’est pas pour autant qu’il faut diminuer les conséquences humaines de ces attentats.

    • Virginie

      11 avril 2016

      +1 Miss Chat, comparé le malheur des uns avec celui des autres me semble complètement… décalé ? ou hors sujet ? je ne sais pas très bien le définir mais c’est comme dire « moi il m’est arrivé ça, c’est pire qu’à toi à qui il est arrivé ça ». Non, c’est dur pour tous ceux qui le vivent.

      • Mme Ebène

        11 avril 2016

        Il ne s’agit pas de diminuer l’importance ni de comparer la douleur des gens. Mais plutôt de discuter de l’importance que nous décidons de donner aux incidents. Pourquoi 30 morts à Bruxelles c’est plus grave que 1000 à Bagdad? Pourquoi le monde a besoin d’un bébé mort sur la plage pour s’émouvoir alors qu’on parle de centaines de noyades depuis des mois sans réaction? Et aussi il y a en France 32 décès/jour dans les accidents domestiques, revoit-on pour autant son mode de vie?

        • Miss Chat

          12 avril 2016

          Je suis d’accord que ces réactions « à géométrie variable » sont injustes objectivement mais elles sont humaines. Un des premiers instincts de l’homme est de s’identifier à un groupe qui a priori lui ressemblera : c’est normal de ne pas se sentir concerné de la même manière par le décès de son voisin ou d’un homme en Iran avec qui tu ne partages que très peu de points communs. C’est tout à ton honneur si tu as beaucoup d’empathie pour tous les morts et les blessés de la Terre mais ça ne sera pas le cas de la grande majorité, tout simplement parce que l’homme ne fonctionne pas comme ça.
          Par ailleurs, ce qui est inhabituel (130 morts à Paris dans une attaque terroriste, vous ne pouvez quand même pas nier que c’est inhabituel) est évidemment plus choquant que ce qui est récurrent (des attaques terroristes à Bagdad ou en Syrie, pour ne citer que celles-là).
          En plus, les médias n’aident pas, en se focalisant par exemple sur la photo de ce petit garçon mort sur la plage grecque… On le sait pourtant que tous les jours, il y a un petit garçon comme lui qui décède en mer. Mais on ne le voit pas à la télé et dans les journaux. Loin des yeux, loin du coeur.
          Moi j’ai surtout l’impression que, sous prétexte que ça se passe chez nous, petits occidentaux bien à l’aise dans leurs pays développés, c’est forcément « moins grave » que ce qui se passe ailleurs. Ce n’est pas moins grave mais c’est naturellement plus frappant.

          • Mme Ebène

            12 avril 2016

            Bien sûr que je suis d’accord avec toi. L’insécurité à Bruxelles me concerne plus que l’insécurité à Bagdad. Pour moi l’importance de mettre les choses en perspective est de pouvoir réaliser que ce n’est pas si grave. Et de pouvoir s’affranchir de la perversion des medias et des exploitations politique. Par exemple c’est bon de se rappeler que les premières victimes de l’état islamique et autres groupes terroristes sont des musulmans, ça aide à ne pas faire d’amalgames. Et puis les morts injustes il y en a tous les jours même chez nous, et le terrorisme est loin d’être une grande cause de mortalité dans nos pays. Ce n’est pas moins grave que si ça se passait ailleurs, ce n’est juste pas aussi grave que ce qu’on nous sert dans les médias.

          • Miss Chat

            12 avril 2016

            Ok alors on est d’accord, en effet 😉 Mais là le débat devient un peu différent (de l’influence des médias sur l’opinion publique, aouch il y en a des choses à dire)

  • Banane

    11 avril 2016

    J’avais déjà exprimé un sentiment un peu similaire après le 13/11 : je respecte l’émotion des gens, cependant j’avais du mal à saisir l’ampleur de la réaction populaire, je n’avais pas souvenir que mes parents (plus « contemporains » des attentats des années 90) m’aient renvoyé un tel sentiment à l’époque.
    Je pense très souvent à cet ancien collègue qui est décédé au Bataclan, à sa famille, etc… Mais tout ça n’a pas rendu ma perception de la vie plus noire qu’elle ne l’était, en gros. Ca me paraît assez naïf d’avoir oublié qu’un seul paumé peut tuer des dizaines de gens et que rien ne peut l’en empêcher, ce n’est pas tellement nouveau finalement.
    Mais bon, chacun a son propre ressenti, je respecte l’émotion de ma collègue qui pleure pendant la minute de silence, etc…

  • Emma_chan

    11 avril 2016

    Que tu ne te sentes pas concernée et que tu n es pas peur je dirai tant mieux pour toi. Certes même en habitant paris ou bruxelle on risque toujours plus sa vie dans sa voiture que dans son métro. Mais par contre je ne suis pas d’accord avec les commentaires en mode  » des attentats y en a toujours eu y en aura toujours ». En France dans le contexte actuel chaque attentat c est une montée du FN du plus, en europe c est du soutien aux migrants en moins,au moyen orient c est une guerre concrète en syrie, avec des grandes puissances (russie etc) qui se font la guerre par camps interposés et un choix douteux terroriste vs dictateur. Enfin concrètement ramener les attentats a paris bruxelle c est un poil réducteur comme le montre cet article du nouvel obs, qui n est pas spécialement connu pour surfer gratuitement sur la peur des gens : (http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160121.OBS3133/infographie-le-nombre-d-attentats-flambe-t-il-dans-le-monde-depuis-2015.html) . Bref ne pas avoir peur c est bien. Le voir comme un non événement politique c’est au mieux naïf.

  • Raphaelle

    11 avril 2016

    Le jour des attentats, j’étais à 2 minutes de prendre le métro en question. Parfois c’est dur de se réaliser que ça s’est passé en « vrai ».. tout va tellement vite, ça parait surréel.. Le soir des attentats j’ai dormi comme un bébé. Le lendemain nuit blanche (pas vraiment en train de ressasser ou d’avoir peur, juste le cœur qui bas très fort). Maintenant parfois j’oublierais presque que ça s’est passé. Mais chaque fois que je passe devant la station j’ai les larmes qui coulent toutes seules, spontanément. Je ne dirais pas que j’ai peur au quotidien mais j’ai plus facilement des « micro-crises de panique » (par exemple à un moment quelqu’un avait oublié un sac dans un cinéma, bref…) Tout ça parait comme un cauchemar, dur à croire que c’était vrai.

  • Tefyline

    11 avril 2016

    Fallait oser aussi dire cela, bravo !
    Ton article me rassure.
    Moi aussi, loin d’être insensible au quotidien, je n’ai pas beaucoup été affectée lors des 2 événements.
    En fait c’est toute cette surexposition (net ou télé) qui me dérange. Les gens au quotidien ne s’inquiètent pas de la souffrance des autres, ni de leurs voisins ni autre part sur la planète; mais tout à coup ça devient une épidémie où on doit absolument montrer que l’on est triste. Alors qu’une semaine plus tard presque tout est oublié.
    J’ai dû mal avec ça. Mais j’ai tjs eu du mal avec le fait que les média ou la société décident quel événement doit être le plus tragique au détriment d’autres tout aussi horribles mais peu être pas estimé assez intéressant à exploiter …
    Bref tu n’es pas seule ^^ et merci pour ton article 🙂

  • Littlefrog

    11 avril 2016

    Je te rejoins sur ton point de vue, que la différence que le 13 novembre je le passais avec des amis qui ont des idées politiques assez radicales, différentes des miennes étiez j’ai donc passé la soirée devant les infos qui passaient en boucle avec les commentaires assez durs de ces »amis »… CeCe soir la, angoisse, Pessimisme sur l’avenir… Le lendemain ce sentiment c’est atténué et après plus rien… Comme tu le dis, tout peut arriver tout le temps, partout…

  • Megami

    11 avril 2016

    Salut !
    Je me retrouve totalement dans ce que tu dis !
    Les attentats sont horribles pour les victimes et leurs familles, mais comme c’est le quotidien de milliers d’êtres humains sur notre planète, je me demande en quoi ces morts-ci, « chez nous », sont pires (ou plus importants) que ceux de là bas.
    Si ça peut secouer les puces à la population et lancer des mouvements pour la paix, alors je trouve ça bien (svp, ne prenez pas mal cette phrase, elle est juste malhabile, mais l’idée est là, quoi).
    Mais les gens se mettent à avoir plus peur de prendre le métro que de prendre leur voiture alors qu’il y a tant d’accidents mortels par ce biais. (et quand je vois comment les conducteurs se comportent par chez moi, j’ai plus peur d’eux que des terroristes xD)
    Bref, tout ça pour te remercier de ton témoignage, ça n’a pas dû être évident de laisser courir sa plume sur ce sujet.
    Et tu n’es pas seule à penser pareil !

  • Mademoiselle Black

    11 avril 2016

    En lisant ton article, j’ai envie de réécrire ton titre en « je ne me sens pas plus touchée par les attaques terroristes près de chez moi que par toutes les autres horreurs qui arrivent sur notre planète » (certes, un peu long pour un titre 😉 ). Tu as l’air d’être quelqu’un de très concernée par les autres malgré tout!

    Chez moi non plus, les attaques n’ont pas provoqué de « prise de conscience » particulière, parce que j’ai l’impression que j’avais déjà conscience de la situation avant les attentats. Je n’ai pas été surprise.

    Et c’est peut-être dû à mon travail, mais des gens qui meurent « injustement », qui « n’ont rien demandé », j’en vois tous les jours, je soutiens leurs proches tous les jours. Donc oui, je compatis à la douleur des familles des victimes, mais j’oserais dire qu’ils ne sont pas les seuls.

    Bon je ne sais pas si je me suis bien exprimée, mais en fait – comme toi si j’ai bien compris – je ne place pas ces violences « au-dessus » du reste, comme le font les medias, mais au même rang que bien d’autres choses que j’aimerais voir disparaître de notre quotidien.

    Et bravo pour avoir osé écrire cet article!

  • Mademoiselle Pinpon

    11 avril 2016

    Avant d’exprimer mon propos, je me présente comme quelqu’un d’effondrée par ces attentats. Pourtant, je n’ai perdu personne de proche, mais je flippe suffisamment de me dire qu’à une semaine près, j’étais dans la rame du Thalys, ou mon mari aux terrasses du 11ème, que j’ai eu le GIGN durant une nuit dans mon bâtiment au moment de la prise d’otage des frères Kouachi… Juste passée à côté, rien de touché. Bref, j’ai un avis très tranché sur la question, mais la charte des commentaires dit que j’ai le droit de ne pas être d’accord. 😉

    Je voudrais juste nuancer quelques propos qui, selon moi, sont souvent mal utilisés ou interprétés.

    « Je suis Charlie », cela ne veut absolument pas dire qu’on est d’accord avec les caricatures ou qu’on est des lecteurs assidus du journal.
    « Je suis Charlie », cela veut dire « je suis une victime de ces attentats à la liberté d’expression ». Car oui, ce n’était pas des personnes qui étaient visées, mais le droit de s’exprimer de la façon que l’on souhaite. Soit pas juste un journal, mais un droit fondamental français dont on peut tous jouir aujourd’hui.

    Donc ça m’embête vraiment beaucoup de lire qu’on ne se sent pas Charlie, car c’est que l’on n’a pas compris que le message du « Je suis Charlie », c’était « Je suis quelqu’un de libre, par ces attentats je suis également attaquée dans mon droit de m’exprimer mais je souhaite conserver ce droit ». Et ne pas être Charlie, c’est s’asseoir sur des droits pour lesquels des personnes se battent dans le monde entier, justement « là où c’est pire ».

    Sinon, je suis assez d’accord avec l’avis de Emma Chan, ces attentats ne se limitent pas aux explosions, tout un contexte géopolitique est derrière. Comme si la montée du nazisme aurait laissé de marbre à l’époque s’il s’était limité à quelques boutiques juives brûlées par ci ou par là. Malheureux pour ceux à qui ça arrive… Mais pire que ça en réalité.

    Et je crois, en tout cas c’est mon cas, que les personnes touchées par les attentats ne sont pas de gentils bisounours qui se réveillent et ne voient pas au delà des frontières. Je suis pompier volontaire, je bosse dans l’environnement, végétarienne, me bats tous les jours dans mes petits combats qui ne sont pourtant pas alimentés par les médias, qui veut se renseigner peut le faire (encore un droit acquis en France). Ces attentats sont juste un abattement supplémentaire et oui, ça me donne envie d’en pleurer, oui j’ai eu besoin d’aller place de la République quelques temps après pour avoir du soutien, alors que je n’avais pas de deuil à faire.

    Beaucoup de personnes sont dégoûtées de ce qui se passe dans le monde, tellement qu’elles se sentent impuissantes et finalement ne font rien. Mais il n’y a pas de petits gestes, en tout cas, fermer les yeux, c’est le pire qui soit.

  • Die Franzoesin

    11 avril 2016

    Lorsque j’ai lu cet article ce matin je l’ai trouvé intéressant. Je ne m’y suis pas reconnue : j’ai été touchée par ces attentats, mais j’ai sincèrement apprécié que tu oses porter un discours différent, et que tu nous l’expliques, dans le respect de tous cependant. Je dois même dire que je me suis reconnue dans un passage : lorsque je réfléchis deux minutes, je me dis que rationnellement, prendre l’avion est toujours moins dangereux que partir en vacances en voiture. En revanche, ce soir, je lis les commentaires, et certains me semblent trop radicaux voire même insupportables. Je ne comprends par exemple pas cet argument : « c’est dégoûtant de pleurer davantage des morts européens que des morts à l’autre bout du monde ». Oui… et Non. Lorsque mon grand-père est mort j’ai pleuré. Mais je ne pleure pas à chaque fois qu’un vieil homme de 90 ans décède, c’est comme ça (et heureusement). Est-ce que j’en ai particulièrement honte ? Non plus. Il me semble normal et naturel d’être davantage touché par ce qui nous est proche, familier, connu. Ça ne veut pas dire que les autres papys méritent plus de mourir ni que leur mort vaut moins que celle de mon grand-père…

  • Sooshi

    12 avril 2016

    Enfin quelqu’un qui met les mots sur ce que je ressens, bon dieu… Je viens de Lille mais j’habite à Bruxelles, je vais souvent à Paris voir des amies, on pourrait considérer que j’ai été doublement touchée mais je ne suis pas plus affectée que par les autres mauvaises nouvelles de ce monde…

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