Aujourd’hui, j’ai décidé de te raconter comment la tendance du manger sain a failli devenir un réel danger pour moi, comment on peut basculer dans l’anorexie mentale insidieusement, en étant persuadée de bien faire…
Septembre 2015
Le grand saut. Après l’obtention de mon bac, je quitte le confort familial et ma petite ville pour poursuivre mes études. J’en suis fière, mon parcours est déjà tout tracé : cette année, je pars loin de ma famille et de mes amis pour me consacrer pleinement, dans mon 9m² au CROUS, à la réussite du concours qui me permettra dans cinq ans de devenir orthophoniste. C’est une évidence.
Je suis ce cliché de la fille timide, un peu renfermée et pas très jolie, qu’on qualifie « d’intello ». Mais ma vie me va plutôt bien : j’ai un petit cercle d’amis que j’apprécie, une famille dont je suis proche, et même un petit ami depuis deux ans.
D’ailleurs, lui et moi, on a pris du poids pendant ces deux ans. Et je m’en fiche, bien que du haut de mon mètre soixante, mes soixante-huit kilos me placent en surpoids. C’est vrai qu’à la maison, on mange quand on veut, il n’y a pas d’heure et les placards sont toujours pleins de bonnes choses. À table, on se sert et se ressert sans restriction. Je mange donc beaucoup, et en plus, je ne fais aucun sport. Je ne suis pas bien dans ma peau, du moins pas à l’aise avec mon corps.
Poids : 68 kilos.
Janvier 2016
Entre septembre et décembre, je bosse dur pour mon concours. Janvier, c’est le mois des nouveaux départs. Une nouvelle année commence. Mon objectif n’a pas changé : je veux être admise dans une école d’orthophonie.
Moi, par contre, je commence à me transformer, à la fois physiquement et moralement. J’ai réussi à m’intégrer dans ma classe, je m’y suis fait des amies, qui logent dans les chambres voisines de la mienne. Trop chouette, on suit les cours ensemble, et on partage en plus nos repas !
C’est l’occasion pour moi de découvrir une autre cuisine. Du coup, mon alimentation devient plus variée. On décide de partager les repas à quatre : on fait nos courses ensemble et on cuisine pour notre petit quatuor. Ainsi, je restreins également les quantités sans avoir la sensation de me priver : je mange comme les autres. On se fait plaisir, mais on reste raisonnables. Et pour preuve, je me suis affinée ! La balance affiche des kilos en moins, et ça se voit physiquement. Je m’épanouis de plus en plus.
Mes résultats sont encourageants, je travaille beaucoup et je stresse, mais je reste optimiste et confiante. En plus, j’ai des copines : moi que l’on jugeait asociale, me voilà devenir aux yeux de ce groupe une fille intelligente et drôle, un peu timide mais plus tant que ça. Je gère bien mon budget, j’ai appris à faire mes courses, mes repas, mes lessives, le ménage… Je me sens bien.
En plus, le mois de janvier, c’est aussi celui de mon anniversaire, et pas n’importe lequel : cette année, je deviens majeure ! Aucun changement réel au final, mais c’est tout un symbole, qui accompagne ma métamorphose. Je me sens devenir une adulte responsable et équilibrée, bien dans sa peau, en phase avec elle-même.
Poids : 58 kilos.
Février 2016
Comme j’ai retrouvé le poids que je jugeais idéal (et inespéré), je fais attention, mais sans me priver : je réduis les quantités, mais ne supprime aucun aliment. Je commence à m’intéresser d’un peu plus près à ce que je mange.
Mais alors que tout semble aller bien pour moi, mon petit ami me quitte. Plutôt qu’une mauvaise nouvelle, c’est une bonne chose qui m’arrive : je sors de l’emprise d’un homme qui présente les caractéristiques d’un pervers narcissique. C’est l’occasion de prolonger l’opportunité des nouveaux départs qu’offrait déjà le mois de janvier. Je suis jeune, j’ai toute la vie devant moi, et elle ne fait que commencer, d’ailleurs.
Je décide que je veux me sentir jolie. J’ai perdu du poids, c’est l’occasion de m’acheter de nouveaux vêtements, plus féminins. Je change de coupe de cheveux, et décide de commencer à me maquiller. En plus, je suis courtisée par des garçons pour la première fois.
Je relie toutes ces choses au fait que j’ai maigri. Ça me donne confiance en moi, je me sens pousser des ailes ! Je me lance même en envoyant un message à un jeune homme de la cité U, que je ne connais pas et qui ne me connaît pas non plus, moi la fille « coincée » ! Je suis heureuse, une sensation que je n’avais pas ressentie aussi intensément depuis longtemps.
Poids : 56 kilos.
Mars 2016
Le mois de mars marque un tournant dans mon parcours : c’est celui où se déroulent la plupart de mes concours. C’est épuisant. Mais plus ça va, moins je m’y consacre. D’abord, parce que j’ai l’impression d’avoir fait le tour des révisions, mais aussi parce que j’ai un peu perdu de ma hargne et de ma curiosité.
Et puis, j’ai de nouveaux centres d’intérêt. Un nouveau garçon est entré dans ma vie (le fameux jeune homme qui me plaisait et que j’ai osé aborder), et même si je suis une fille sérieuse qui fait passer les études avant tout… je lui fais une petite place dans ma routine.
Et elle a bien changé, cette routine ! Désormais, je DOIS manger sainement, j’y veille. Je mets un point d’honneur à cuisiner. Je bouge davantage, en veillant à sortir tous les jours, marcher un maximum et m’aérer. Et puis, au fur et à mesure, de nouvelles notions entrent dans ma vie : calories, index glycémique, glucides, lipides, matières grasses, protéines font partie de mon quotidien. J’essaie de manger un maximum de légumes, tous préparés naturellement : crus, ou juste cuits à l’eau.
J’ai moins faim, d’ailleurs. Et tant mieux, car je me suis fixé un nouvel objectif : perdre du poids et me muscler ! Je démarre des programmes trouvés sur Internet. Musculation, cardio, repas équilibrés et sains. Je m’inspire de n’importe qui et de n’importe quoi.
Poids : 54 kilos.
Avril 2016
Je ne me suis pas fixé d’objectif précis pour ma perte de poids. En plus, dans ma chambre d’étudiante, je n’ai pas de balance : difficile de suivre l’évolution.
Mais j’essaye de tout contrôler un maximum. Il faut le moins de calories possible, ainsi que peu de matières grasses et de glucides. Adieu le pain, les pâtes, le beurre, le chocolat, les gâteaux, l’huile, le sucre, les yaourts, le fromage, le lait, le jus de fruits, les céréales… Je m’autorise encore le boulgour, le riz et les lentilles en plus des légumes et des fruits à volonté. Je mets aussi un point d’honneur à faire tous mes trajets à pied. J’essaie de trouver des raisons de sortir marcher tous les jours, et de me déplacer à un rythme soutenu.
De toute façon, mes études m’intéressent de moins en moins. La plupart des écrits sont passés. J’obtiens trois résultats positifs qui m’emmènent donc vers les oraux, mais la flamme qui m’animait a disparu. Et si finalement, je m’étais engagée sur la mauvaise voie ?
Je commence à déprimer. Je pleure presque tous les jours, appelant ma mère en larmes. Je m’ennuie terriblement. Ma vie ne me convient plus, je veux du changement.
Poids : 50 kilos.
Mai 2016
Nouveau tournant. Quitte à changer, je me lance dans un grand projet qui me tient à cœur et rencontre un médecin pour me faire opérer d’une malformation qui me complexe depuis toujours et a gâché une grande partie de ma vie. Mes parents font un prêt pour me payer cette opération, tout s’enchaîne très vite et me voilà enfin avec un corps qui me convient.
Enfin, un corps qui me convient… Si je peux perdre encore du poids, je ne dis pas non ! Je prends un kilo à la clinique, et c’est un drame pour moi. Chaque fois que je mange un peu trop, je culpabilise et me mets dans tous mes états, compensant alors par une pratique intense de sport. Heureusement, je craque peu. Mais j’aurais bien envie, parfois.
Ma mère, avec laquelle je vis, ne parvient pas à comprendre cette fixation et ces privations. Mais je me sens enfin bien dans ma peau et heureuse, pourquoi ne m’encourage-t-elle pas dans ce sens ? Les relations deviennent tendues alors que je retourne vivre chez elle, n’ayant plus de raisons de rester à la cité U si je ne poursuis plus d’études.
Et tant mieux : je déprimais dans ce petit espace, et puis mes super copines ont fini par me décevoir, en racontant à notre professeur que je ne mangeais plus et me faisais vomir (ce qui était faux). Forcément, la prof a appelé ma mère pour lui répéter, ce qui n’arrange rien à la situation.
Poids : 48 kilos.
Juin 2016
Pas plus de 1200 kcal. Seulement des légumes, cuits à l’eau ou crus, et des portions servies dans des assiettes à dessert. De temps en temps, des fruits, mais il faut faire attention au sucre. Quatre litres d’eau par jour. Une heure trente de stepper minimum, parfois quatre heures à la suite. Des journées qui commencent à 6h30 et se terminent à 2h du matin, pendant lesquelles je me dépense un maximum.
Le dialogue avec ma mère est rompu, il ne se compose que de disputes. Elle me parle d’anorexie, je lui réponds qu’elle n’y comprend rien. C’est vrai, elle mange si mal. Alors je prends mes repas seule, dans ma chambre, en veillant à ce qu’ils durent au moins trente minutes. Mais manger, en mâchant consciencieusement, me prend plus d’une heure. Le matin, mon petit-déjeuner se compose de jus de citron. Le midi, des légumes. Le soir, une tasse de soupe à la petite cuillère, toujours en veillant à ne pas la remplir.
Quand il m’arrive de craquer pour l’un des petits gâteaux qui remplissent toujours le placard, j’intensifie le sport. J’ai également acheté des laxatifs. Pour me faire vomir, j’ai essayé de boire de l’eau chaude salée, mais rien à faire : je n’y arrive pas.
Poids : 45 kilos.
Juillet 2016
Pour me faire un peu d’argent et fuir le quotidien difficile avec ma mère, je cherche un job d’été. Je commence à travailler à McDo, mais je ne suis pas assez efficace, et tout se passe très mal. À bout psychologiquement, je démissionne. C’est un échec pour moi.
Je me sens seule, grosse, sale, nulle. Plus ça va, et plus je suis isolée : le contact avec ma famille est quasi coupé, je croise ma mère en coup de vent, mais c’est seulement pour entendre que je la rends malheureuse et que je suis anorexique. Mes frères et sœurs ne me parlent plus. Je garde plus ou moins contact avec mon père.
Je mange de moins en moins, mais j’ai de plus en plus faim, et de plus en plus d’envies de nourriture. Je craque assez fréquemment. Et puis, avec le temps, les choses ne font que se dégrader : je perds toujours plus de poids, mais jamais assez pour moi. Je deviens accro à cette aiguille sur la balance qui descend : chaque gramme en moins est une victoire, je ne suis jamais assez maigre.
Mais un jour de juillet, j’ai une grosse crise de boulimie. Car c’est maintenant de la boulimie : j’arpente toutes les boulangeries de la ville, et je passe l’après-midi à manger. À m’en rendre malade. Presque en rampant, je me rends chez mon médecin.
Il me pèse, me fait la morale et me donne un nouveau régime à suivre. Il me prescrit aussi un traitement, un antidépresseur. Je tombe de haut. Selon le médecin, à 18 ans, je ferais donc une dépression ? Comment ai-je pu en arriver là, moi qui avais enfin réussi à atteindre un état de plénitude, à être heureuse ?
Je passe l’une des pires nuits de ma vie, à pleurer et me tordre de douleur. Je n’ai qu’une envie : disparaître. Mon estime de moi est au plus bas. Ma seule raison de tenir, c’est mon petit ami. Entre-temps, c’est devenu sérieux entre nous. Mais il aimerait qu’on ne voie plus mes côtes. Il aimerait que je prenne du poids. Pour ma santé. Il n’y a que lui qui arrive à peu près à me raisonner.
À bout, je me rends aux urgences, et je demande à m’entretenir avec un interne, juste pour vider mon sac. Mais tout de suite, tu t’en doutes, mon état interpelle. Ce jour-là, j’ai failli ne pas sortir de l’hôpital, mais y rester pour être internée en psychiatrie. Batterie d’examens, rencontre avec deux professionnels, nouveau traitement et un bilan qui se résume à deux mots : anorexie mentale.
Poids : 40 kilos.
Août 2016
Mon copain s’est arrangé pour que je vienne passer du temps dans sa maison de vacances. Le bord de mer, loin de tout et de tout le monde, m’a fait un bien fou. J’ai plus ou moins repris une alimentation normale, mais j’ai toujours des crises de boulimie. Je n’en suis pas fière, mais je sais que c’est une maladie, que ce n’est pas moi, et que je vais guérir.
J’ai fait le choix de ne suivre aucun des traitements prévus, et de ne pas me présenter aux rendez-vous médicaux, ainsi que de ne pas être hospitalisée. Ma recette ne se composera de rien d’autre que d’amour, de calme, de distance et de temps. Il en faudra à ma famille et à moi pour se pardonner du mal que l’on s’est fait mutuellement.
Je repars à la fin du mois dans la même ville que l’année précédente pour mes études de droit, dans un appartement que je partagerai avec mon petit copain. L’éloignement avec ma famille aidera à guérir ces blessures : on ne peut peut-être plus vivre sous le même toit, car nous avons pris des chemins différents et j’ai fait des choix qu’ils ne comprennent pas. Mais la vie est trop courte pour ne pas aller au-delà des erreurs que nous avons faites. C’est un obstacle que nous allons surmonter, je le sais.
Poids : 42 kilos.
Si j’écris ce billet, c’est dans un premier temps pour moi. Écrire, c’est se libérer, extérioriser les sentiments les plus douloureux. C’est aussi une façon de faire le point.
Mais j’écris également pour toi, lectrice. La tendance aujourd’hui, c’est manger sain. Le bio, le sans gluten, le zéro sucre ajouté, le zéro calorie, zéro matière grasse. Tout ça, c’est bien joli. Je ne critique rien, et je trouve même la plupart des initiatives intéressantes.
Mais sois attentive : on peut vite s’y perdre. Et quand on entre dans cette spirale, on ne s’en rend pas compte, et surtout, on croit bien faire. Se priver n’est jamais bon. J’ai eu la chance d’être entourée des bonnes personnes pour ne pas sombrer dans une situation grave, mais ça peut mener très loin. Et on ne fait pas souffrir que soi, mais également tous ses proches. J’espère que ce message passera.
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Toi aussi, tu veux témoigner ? C’est par ici !
Ars Maëlle
30 septembre 2016Merci pour ton témoignage,. Je suis loin d’être allée aussi loin (!), mais j’ai senti la tentation deux fois dans ma vie.
Après une fin d’année harassante dans mes études, j’étais passée à un IMC inférieur à 20. Rien de grave médicalement, mais tout le monde me trouvait trop maigre, j’avais les joues creuses et on voyait déjà bien mes côtes. Vacances en famille, mon grand père nous mijote de la bonne nourriture et veille à ce que je mange… et moi, j’ai envie de pleurer. J’ai pris goût à cette légère sensation de faim permanente, mon estomac est plus petit. Je pense que si j’avais été seule à ce moment, ça aurait pu déraper, à cause de cet étrange plaisir de ne pas manger.
Deux ans plus tard, je me suis lancée dans un régime à index glycémique bas très strict, dans ma tête pour résorber la graisse intraviscérale qui me donne du ventre (en fait, je suis intolérante au lactose et ce sont des ballonnements). Orthorexie, c’est le mot pour décrire ce contrôle permanent, et apparemment le chemin que tu as pris qui t’a guidé vers l’anorexie. Là encore, j’ai senti la proximité du basculement, mais j’ai eu la chance d’être cernée par l’amour et le désir de mon copain pour mon corps réel, pas un idéal plus maigre.
Ma soeur n’a pas eu cette chance, elle a été boulimique pendant des années suite à une rupture. Je pense que l’histoire familiale façonne beaucoup notre rapport à la nourriture, et donne parfois un terrain propice aux troubles alimentaires.
Je suis contente que tu aies pris conscience de ton mal, et choisi le chemin de la guérison. Prends bien soin de toi, accueille l’amour qu’on te donne pour ce que tu es au delà de la balance. J’espère que ton orientation te plaira et que cette année te permettra de te (re)construire heureuse et bien dans un corps sain. Courage et bonne chance
Madame Fleur
30 septembre 2016Ton témoignage est vraiment poignat. J’espère que tu récupérera vite la santé. Bon courage à toi.
Lumi
30 septembre 2016Je reconnais dans ton témoignage beaucoup de ce que j’ai vécu de l’autre côté de la barrière, puisque c’est ma mère qui a sombré dans l’anorexie il y a quelques années.
D’aussi loin que je m’en souvienne, elle a toujours essayé de faire attention à son poids en suivant tel ou tel régime, jusqu’à une période un peu charnière pour elle (comme toi finalement) où elle a basculé dans la maladie…
Et comme ton récit le prouve, c’est le genre de maladie qui ne fait pas seulement du mal à la personne mais aussi aux liens qu’elle a avec son entourage, parce que ses proches ne savent bien souvent ni comment réagir, ni comment lui venir en aide, lui ouvrir les yeux. Nous aussi nous nous sommes fait beaucoup de mal, mais heureusement elle a fini par s’en sortir (même s’il reste, je pense, une fragilité dans son image de soi) et nos relations se sont peu à peu apaisées.
Je te souhaite la même chose. Bon courage pour la suite, et merci pour ce témoignage toujours nécessaire.
Charlotte
30 septembre 2016Merci pour ce témoignage, bouleversant mais éclairant sur la vitesse à laquelle les choses peuvent se dégrader. Un an seulement a suffi pour que tu perdes pieds… Je te souhaite de te retrouver en toute détente et en toute sérénité. Prend soin de toi
Cacy
30 septembre 2016Merci pour ton témoignage. C’est assez effrayant de voir à quel point cela va vite pour tomber dans les troubles alimentaires.
Tu écris : « Il en faudra à ma famille et à moi pour se pardonner du mal que l’on s’est fait mutuellement. » Quel mal t’a fait ta famille ? Tu n’en parles pas vraiment dans l’article. Ou plutôt qu’auraient-ils pu faire pour toi ?
Si on est confronté à cette situation, comment aider un ami ou un membre de sa famille ?
Karine
30 septembre 2016Merci pour ton témoignage! C’est courageux de ta part de parler de manière aussi détaillé de cet épisode et c’est vraiment très intéressant.
Très intéressant de voir comment on peut glisser très rapidement du « je mange correctement sans me prendre le chou et je perds le poids en trop » (janvier 2016) à « je dois bien manger, et donc pas ça, pas ça, pas ça, pas ça et compenser si je déroge » (mars 2016).
Et on voit ressortir aussi dans ton témoignage les pressions actuelles sur l’alimentation : manger « sain », sans gras, sans sucre, sans gluten, sans lactose, sans ça, sans ceci,… bref que du sans. Et surtout sans plaisir et avec beaucoup de souffrance (pour toi qui t’enferme dans des contraintes et tombe dans la maladie et pour les proches qui ne comprennent pas et ont l’impression de ne rien pouvoir faire).
Merci donc les magazines féminins qui nous ressortent tous les régimes débiles et les nouvelles modes chaque mois, les réseaux sociaux qui font l’apologie de nanas « parfaites » qui mangent 2 bouts de salade (bios s’il vous plait)…
Merci encore pour ton témoignage.
Virginie
30 septembre 2016Merci pour ce témoignage… carrément flippant. La vitesse à laquelle tu sombres fait vraiment réfléchir. Penses-tu vraiment que ce soit uniquement dû aux régimes sains que tout le monde vante à tout bout de champs ? Que nous conseillerais-tu pour aider un proche qui vit cette maladie ?
J’espère de tout cœur que tu sortiras par le haut de cette maladie, peut-être plus forte qui sait ?
Madame Vélo
30 septembre 2016Sacré récit, sacré parcours ! C’est fou comme ça peut aller vite ! J’espère que tu vas te plaire dans ta nouvelle voie et que tu arriveras à trouver un bel équilibre cette année.
Miss Chat
30 septembre 2016Ton histoire m’a vraiment interpellée… Le début de ton récit est très positif, on se sent contente (limite fière !) de voir que tu réussis à remettre ton bien-être au centre de tes préoccupations. Puis très rapidement, on voit que ça se délite. Ce qui m’interpelle, c’est, comme Karine, cette rapidité et cette facilité avec laquelle on peut tomber dans cette maladie. Il suffit d’un rien, au fond…
Je crois que tu résumes bien ma pensée en matière de poids et d’alimentation : se priver peut avoir des effets redoutables. Le soutien de l’entourage est crucial et tu as de la chance que ton copain ait pu devenir un véritable support et un encouragement inconditionnel 🙂
Je fais la même taille que toi et 40-45 kilos, ça a été mon poids jusqu’à l’âge de 20 ans. Je n’ai jamais été anorexique mais j’ai un petit appétit et un métabolisme très efficace, c’est tout. Pourtant, même de mon propre père, j’ai toujours entendu des remarques désagréables « oh ne mange pas ça sinon tu vas grossir hahaha » ou « ça ne sert à rien de s’affamer, tu sais »… Je pense qu’il ne faut pas grand-chose pour provoquer une véritable maladie à force d’entendre ça.
A 20 ans, j’ai pris plus de poids (je pense que c’est juste le développement physique de l’adulte qui a joué) et j’ai enfin atteint un IMC de corpulence normale, tout juste. Je ne dirais pas non à quelques kilos de plus mais mon corps a l’air d’être à son poids idéal (tant pis, tant mieux).
Je te souhaite en tout cas beaucoup de courage pour la suite et j’espère que tu pourras de nouveau atteindre un état plus heureux 🙂 Reviens nous raconter dans quelques mois comment ça se passe !
Fleur-Joséphine
30 septembre 2016Bravo pour ton témoignage et tous mes voeux pour que tu retrouves la paix avec toi-même. Bravo aussi à ton copain qui t’a soutenue et aidée!! J’espère que tout cela sera bientôt du passé pour toi.
Banane
30 septembre 2016Ah, j’ai fait ça aussi. A peu près au même âge d’ailleurs.
Ce qui m’en a sortie c’est de devoir faire un régime sans gluten pour raison médicale. L’orthorexie fait donc officiellement et légitimement partie de ma vie, et ça m’a permis de relâcher la pression sur d’autres aspects.
Bon, enceinte je deviens folle avec la nourriture, mais en temps normal ça se gère.
Bon courage pour la suite, c’est un long chemin.
Tamia
30 septembre 2016Ton témoignage est très touchant ! L’anorexie est une maladie insidieuse, elle va très vite… En plus, au départ, les gens font des compliments sur la perte de poids, donc tu ne te poses pas plus de questions que ça, tu te dis que oui, faire du sport de manière très intensive, que surveiller ta nourriture est normal pour réguler ton poids… Jusqu’au jour où tu tombes d’épuisement, parce que ton corps n’a pas les ressources nécessaires pour assumer la randonnée entamée…
Moi aussi, c’est mon copain qui m’a sauvée ! Je te souhaite bon courage pour la suite. Le chemin est long, mais il vaut vraiment le coup !
Claire
30 septembre 2016Merci pour ton témoignage, j’espère que tu vas vite remonter la pente. Bon courage à toi.
Madame Bisounours
30 septembre 2016Ca doit demander un sacré courage de poser des mots sur tes maux ! Bravo de l’avoir fait ! Bravo aussi d’avoir une telle maturité à ton âge ( hou la la, ça fait vieille conne de dire ça)
En revanche, je te conseillerai de consulter une spécialiste ( ou un spécialiste, tu fais comme tu veux). En effet, je ressens dans ton récit un vrai problème d’estime de toi. il faut que tu reprennes confiance en toi pour aller mieux.
En tout cas, coeur et amour sur toi. Je te souhaite le meilleur pour la suite
Emilie
1 octobre 2016C’est fou la quantité de parents, familles, professionnels qui ne comprennent rien aux troubles alimentaires, ça me met en colère une telle ignorance.
Je trouve injuste d’évoquer le mal fait à la famille, alors que c’est généralement la famille qui fait du mal dans ce genre de situation, par leurs jugements et leur esprit borné. Et s’ils arrivent à faire croire qu’ils sont les malheureux de l’histoire, il y a peut-être lieu de se demander alors ce qui a déclenché la maladie ? Peut-être il est temps de penser à toi et à ce qui te fait du bien ?
Je ne suis pas convaincue que la tentation de « manger sain » soit bien la cause de l’anorexie. Quelqu’un qui va bien dans sa vie avant les TCA n’a pas besoin de s’accrocher à ce point au bien-être que peut procurer l’amaigrissement, jusqu’à un point maladif je veux dire, jusqu’au point de se détruire.
Donc il me semble injuste d’accuser la promotion de la nourriture saine. (Et par là je la distingue de la nourriture dite « allégée » en ceci ou cela, où généralement les industriels s’arrangent pour remplacer le sucre et le gras par des ingrédients encore plus toxiques). Que les industriels nous empoisonnent, c’est bien une réalité malheureusement, alors après tout est question de quantité aussi mais c’est parfaitement légitime et sain de vouloir manger sainement et de prendre soin de soi.
Une question d’ailleurs, si ton envie de prendre soin de toi était réelle, et si on te disait par exemple que manger de façon si restrictive et faire autant de sport était mauvais pour ta santé (je suppose que tu as dû l’entendre), alors logiquement tu aurais dû rétablir cet équilibre ? Sinon je doute de l’authenticité de cette volonté de prendre soin de soi. :/ C’est qu’il y a autre chose.
Je ne voudrais pas qu’on croie que c’est si facile de tomber dans ces maladies, et je ne considère pas qu’un climat familial malsain se résume à « il suffit d’un rien ». Bien au contraire, c’est un poids quotidien, insidieux, sans doute à peine palpable car on baigne dedans en permanence, mais parfois le mal est bel est bien là.
Autre indice pour moi, ce n’est pas n’importe quelles personnes qui se mettent en couple avec un pervers narcissique. Donc à mon avis, il y a à creuser de ce côté-là.
Je compatis à ta situation et j’espère que tu vas trouver les appuis nécessaires pour t’en sortir, mais je voulais aussi rétablir certains points, pour la santé et le bien-être d’autres malades de TCA.
Je te souhaite le meilleur.
Alison
3 octobre 2016Tout à fait d’accord avec toi Emilie. Pour avoir aussi vécu cette maladie, sans être allée aussi loin (IMC à 16 et des brouettes, c’était pas top…), il faut attaquer les choses et les raisons qui nous ont poussé dans cette spirale. C’est douloureux mais nécessaire et salvateur. Un pédo-psy m’a dit récemment que c’était une maladie dont on ne sort jamais vraiment et qui est celle des enfants maltraités. C’est abrupt à entendre mais il faut se poser la question. Se priver de suivi c’est un peu une fuite en avant, et surtout, en s’appuyant sur son conjoint, on ne doit pas vraiment sa guérison à soi. Hors il faut le faire pour soi, se servir de ce tremplin pour assainir définitivement les choses (et ce que je ne souhaite absolument pas, mais qu’arriverait il si les aléas font que cette personne quitte un jour notre vie ?).
En tout cas le meilleur sur le chemin de la guérison, le plus gros est fait : avoir interrompu la course après l’aiguille de la balance. La vie est trop courte pour se faire du mal…
Madame Pinpon
6 octobre 2016Merci pour ton témoignage, dans lequel je me retrouve… Et qui me fait ouvrir les yeux d’ailleurs.
J’ai perdu 10 kilos à mes 18 ans, pour peser 47 kilos et un IMC à 17. A l’époque, je regardais toutes les étiquettes, faisais du sport à outrance et pressait tous mes aliments avec ma fourchette avec mon assiette bancale pour faire sortir le gras des aliments. Pas d’alcool, de fromage, beaucoup de fruits…
J’avais aussi essayé de me faire vomir sans succès.
Aujourd’hui, 10 ans après je fais 11 kilos de plus, depuis que je suis avec mon mari le régime alimentaire est plus normal (pas forcément équilibré non plus) + la pilule. Et j’avoue qu’il m’arrive d’avoir envie de replonger, de recommencer à complexer sur mon ventre moins plat, mes bras moins fins, et de regarder les photos de l’époque en me disant que non, j’étais pas si maigre que ça (alors que si, en vrai je sais que je l’étais…) et je fais des régimes petits pots pour bébés… Avant de me raisonner, ou d’avoir vraiment trop faim. Et je suis contente quand il m’arrive de faire des indigestions au point d’en vomir pour me dire que ça sera toujours ces calories qui n’auront pas été absorbées…
Tout ça pour dire qu’il faut faire attention, on n’en sort jamais totalement… Il faut se surveiller et se raisonner pour ne pas être tentée de recommencer. Je sais que c’est pas bien mes petites « crises », la prise de conscience est déjà un très grand pas, mais il y a des pensées qu’on ne contrôle pas malgré tout le bon sens… De même quand je lis ton post, je suis choquée de voir cette descente… mais on se dit toujours que pour soi, « c’est pas pareil »…
Je te souhaite de t’en sortir très rapidement et d’être entourée pour que les gens veillent au grain pour ta santé, et que tu retrouves sérénité et confiance en toi 🙂
Marjolie
9 octobre 2016Je te félicite pour ta prise de conscience et pour le chemin que tu as commencé pour t’en sortir.
Bien que tout ceci soit très personnel, je me permets une petite mise en garde qui va un peu dans le sens d’autres commentaires: tu es toi-même consciente que l’anorexie et la boulimie sont une maladie. Puis tu dis que tu vas les soigner « avec de l’amour ». Quand on a une carie, on va chez le dentiste, on ne se dit pas qu’on va la soigner avec de l’amour… Même tout l’amour du monde risque de ne pas être suffisant pour régler les choses à long terme et en profondeur, une maladie nécessite une approche médicale et/ou paramédicale… Par ailleurs, penser résoudre ce type de problème grâce au soutien de son entourage, c’est aussi lui faire porter un poids très lourd…
Bon courage pour la suite, je te souhaite de trouver rapidement l’aide dont tu as besoin!
Floralice
9 mai 2018Bravo pour ton post. On dit souvent que prendre conscience de la maladie c’est déjà faire un pas vers la guérison…Je suis comme toi. Je me pourris la vie avec mon poids. Comme si avoir des kilos en moins allait me conduire vers le bonheur ultime. Au fond de moi je sais que c’est faux mais il est rare que j’écoute la voix qui me tire vers le haut. Celle qui sait que tout cela est inutile. Au contraire, celle qui me dit que je suis moche, nulle, grosse est prioritaire. Je me suis vachement éloignée d’une amie négative qui me tirait vers le bas. J’essaye de m’entourer de gens positifs. Si tu cherches du soutien, saches que je sais ce que tu vis et que je serais ravie de dialoguer avec toi.
Kerri
15 octobre 2020Félicitations pour cette épreuve de retour à la vie. Et merci de ce post, je pense que beaucoup se reconnaitront dans ton parcours. Ton témoignage est très impressionnant. J’adore ton style d’écriture. À tu penser à écrire un livre?